★ Qu’est-ce vraiment que le communisme libertaire ou l’anarchisme communiste ?

Publié le par Socialisme libertaire

Communisme libertaire

 

La brèche communiste libertaire.  

L’anarchie ?  
« le plus haut degré de l’ordre ».  
Le communisme ?  
« la sauvegarde de l’individu ».  
L’étude patiente des courants politiques et philosophiques permet souvent d’éviter les poncifs, faisant de la première un pendant du chaos et du second un synonyme d’embrigadement. La tradition communiste libertaire — ou anarcho-communiste — peine parfois à se faire entendre ou contrarie les uns et les autres, trop attachés qu’ils sont à leurs icônes et lignes droites. Quels sont ses sources et ses desseins ? Comment peut-elle nourrir la grande lutte d’aujourd’hui et de demain contre les fortunés et les donneurs d’ordre ?
Cet article-fresque tâche d’apporter quelques réponses au curieux.


Le siècle passé se plut à bousiller bien des mots. Siècle de la bombe à fission, des tortures dans les commissariats, des poètes déportés pour un vers et des invasions main sur le cœur. Aucun terme n’en sortit indemne : le « communisme » ? purges au petit matin et viols dans le camp de Tuol Sleng ; l’« anarchisme » ? braquages à main armée et saccage des bâtiments publics ; le « réformisme » ? Union sacrée et guerre d’Algérie. L’affaire n’est pas finie : le présent pouvoir assume de recourir à l’état d’urgence afin de mettre au pas les écologistes, chante son « amour (1) » au gouvernement colonial israélien et passe ses lois en force, à l’abri d’un Parlement qui représente tout à l’exception du peuple. Oui, nos mots sont mal en point. « Démocratie » a triste mine sur la langue de Trump et « République » donne des envies de monarchie sur celle de Valls. « Socialisme » fait songer à François Hollande, c’est dire s’il évoque le contraire de ce qu’il fut. Quant à « gauche », il n’enflamme guère plus que les irréductibles partisans de ses « primaires »… Nos mots gisent ou gigotent, par-devers nous, attendant la résolution des débats qui les entourent : faut-il les réanimer, lavés et remis sur pieds, ou en trouver de nouveaux afin d’éviter toute confusion ? Débattons. D’hypothèse à revisiter en fabrique de grammaires et signifiants inédits.

Mais débattons le sang froid : les mots ne sont propres que dans les dictionnaires qui les balisent — il est fort à parier que nul d’entre eux ne saura être celui qui mettra fin à l’Histoire. Le communisme libertaire est une tradition méconnue du grand public : nombreux sont ceux qui, du reste, y voient pure et simple contradiction dans les termes. Une tradition plutôt difficile à cerner en ce qu’elle emprunte à deux lignées philosophiques et politiques héritières du socialisme (2), le communisme et l’anarchisme, dans des proportions que nul ne saurait vraiment définir. Le communisme libertaire navigue entre deux eaux, doute parfois de ses frontières, s’étend et se rétracte pour filer entre les doigts, par trop épais, qui comptent lui nier ses nuances et sa pluralité. Son mystère ne lui procure qu’un privilège : froisser les uns et les autres. Les communistes lui reprochent ses influences dévoyées et les anarchistes le soupçonnent de s’égarer en de douteux rivages. Tendons le fil qui les traverse en leur milieu puisque ces deux courants ont certainement produit ce qu’il y eut de plus fécond dans l’histoire de l’émancipation.

Notre époque n’est toutefois plus aux mots-fétiches. Nous sommes les premiers à penser que drapeaux noirs et rouges, fussent-ils brassés et brodés ensemble, peinent à répondre aux espoirs comme aux attentes du grand nombre, celui qui préfère, la journée finissant, parler aux siens plus que de Marx et de Proudhon. Le communisme libertaire — ou anarchisme communiste, ou anarcho-communisme (3) — n’a pas valeur, ici, de remède ni d’ultime dénouement ; il ne prétend pas à plus qu’il ne peut, et cela devrait déjà suffire : ravitailler le grand chantier populaire de la lutte contre les opulents, celui dont le nom et la forme n’attendent que d’être un jour trouvés… jusqu’au prochain jour.

Génie du communisme
Jésus aurait mis plus d’ardeur à ne pas monter sur la croix s’il avait su que l’on brûlerait un jour des hérétiques cathares en sa mémoire. Pas plus que l’on ne saurait le tenir responsable des miliciens étripant l’Espagne républicaine au nom du « Christ-Roi », on ne peut, sans ciller ni s’étouffer, lier d’un trait de plume les pères du communisme aux cellules ensanglantées de la Tchéka ou aux brochures saluant « la Grandeur du respecté général Kim Jong-un ». Laissons cela aux courtes vues, pour qui la paresse tient lieu de pensée ou de presse.

L’avocat Étienne Cabet fut l’un des premiers à expliquer les visées du communisme — la France s’empara du mot en 1840, dans le sens qu’on lui connaît (son étymologie latine renvoie au commun, à l’universel), année de l’ouvrage dudit Cabet : Comment je suis communiste. L’auteur mettait déjà en garde son lecteur : qu’il ne s’effrayât pas d’un tel titre, qu’il acceptât de l’entendre avant de le condamner ! Et, déjà, s’empressait de trier les « vrais » et les « faux » communistes… Les siens se reconnaissaient par leur « plus admirable dévouement pour la cause de l’Humanité » et déployaient une philosophie — la « plus douce » et la « plus pure » qui soit — visant au « bonheur des hommes ». Comment ? Par la fraternité, l’éducation, l’intelligence, la dignité et la raison. Cabet, député, fondateur du journal Le Populaire et exilé en Angleterre, estimait que l’inégalité était la cause de tous les maux qui frappaient le corps social : « Plus de pauvres, ni de riches, ni de domestiques ; plus d’exploiteurs ni d’exploités », tel s’avançait son programme, par ailleurs généreux en propositions plus concrètes : représentation du peuple souverain, élections renouvelables, révocabilité des fonctionnaires, concentration de l’industrie, droit au divorce, etc. Cela pour le bien du peuple et de ce qu’il nommait « la masse du Juste-milieu qui désire sincèrement le bien général », celle qui, bien avant les détails de quelque agencement philosophique et politique, s’interroge sur le pain à acheter et le loyer à honorer. Cabet récusait la violence et promouvait l’instauration d’un régime communiste « par la puissance de l’Opinion publique » : si un parti minoritaire se targue de l’imposer aux masses, cela ne pourra, poursuivait-il, que conduire à la dictature et la folie. Il faut dès lors persuader et ne pas redouter le temps nécessaire — inutile de la presser, une femme ne saura jamais donner la vie avant neuf mois, écrivit-il… Il en appela à un « régime transitoire et préparatoire » — phase que Marx et Engels penseront, par après et plus âprement, sous l’énoncé « dictature du prolétariat » — et se déclara, tout à la prudente modestie qu’il faisait sienne, plus « réformiste » que « révolutionnaire ». « Beaucoup de communistes pensent comme moi », lança-t-il : dans huit ans paraîtra Le Manifeste du parti communiste, texte qui fera le tour de la planète et s’imposera, nul ne l’ignore, comme le cadre théorique et pratique légitime du communisme. Quitte à faire litière de sa diversité.

Une année plus tard sortit le journal L’Humanitaireorgane de la science sociale, bien résolu à « expose[r] clairement et nettement l’organisation communiste » tant, estimait le premier numéro, cela faisait défaut au jeune mouvement. Le libraire lyonnais Gabriel Charavay en était le directeur (4) — il sera par la suite incarcéré puis déporté en Algérie. Comment définissait-il le communisme ? Comme le système où « toute domination de l’homme sur l’homme serait entièrement abolie (5) ». En 1845, le périodique La Fraternitéorgane des intérêts du Peuple entendit à son tour faire connaître la nature de l’entreprise communiste. Celle-ci, en plus d’être — lyrisme oblige — « l’affirmation la plus vraie de l’avenir », est l’espoir politique de « tout ce qui travaille et souffre », l’horizon des manœuvriers, des terrassiers, des agriculteurs, des couturières et des petits commerçants qui peinent tandis que les banquiers et les agioteurs réalisent « des gains énormes », tandis que les dames du monde affichent impunément leurs parures. Le communisme, poursuivait l’un des numéros, est « la voix du peuple revendiquant pour tous des droits et des devoirs égaux », la négation d’un « ordre social mauvais (6) » : sans exclusivisme, il entend embrasser de concert la liberté, l’égalité et la fraternité.

Deux ans après la parution du journal de Charavay, la Ligue des communistes chargea Karl Marx et Friedrich Engels — les deux Allemands n’avaient pas trente ans — de rédiger un programme communiste : ainsi naquit le fameux Manifeste, paru à Paris l’année suivante, en 1848. La première phrase fera la joie des récitants du globe : « Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme. » L’incipit ne tressaute pas : coup net. Haut-clergé, politiciens et forces de l’ordre, notaient-ils, s’échinaient à traquer ce nouveau mouvement politique contestataire. « Il est grand temps que les communistes exposent à la face du monde entier leurs conceptions, leurs buts et leurs tendances » : et le texte de s’y atteler… Rappelons l’affaire à très larges traits : l’histoire des sociétés est celle de la lutte des classes ; la bourgeoisie a créé les prolétaires, ces ouvriers modernes ; elle a ainsi façonné l’arme qui la détruira un jour de manière « inévitable » ; les ouvriers les plus résolus doivent se constituer en parti et renverser la bourgeoise afin de conquérir le pouvoir politique et d’instaurer, à terme, la société sans classes. Le binôme allemand contracta sa pensée en une sentence effilée : « Les communistes peuvent résumer leur théorie dans cette formule unique : abolition de la propriété privée. » Que le lecteur se rassure : il s’agit là de la propriété bourgeoise, fruit de l’exploitation des travailleurs pour le bien du capital. La propriété du petit paysan ? « Nous n’avons que faire de l’abolir », répondaient-ils à leurs critiques. Leur communisme entendait en finir avec « l’exploitation de l’homme par l’homme » et se fendit d’un décalogue programmatique — de l’expropriation de la propriété foncière à l’abolition du droit d’héritage, en passant par la centralisation du crédit dans les mains de l’État à l’abolition du travail des enfants. Cette société future permettra ainsi « le développement de chacun », condition « du libre développement de tous ».

Le réformisme non-violent de Cabet laissa donc, en moins de dix ans, place au révolutionnarisme cuirassé de Marx et d’Engels : seule une révolution — « l’acte par lequel une fraction de la population impose sa volonté à l’autre au moyen de fusils, de baïonnettes et de canons (7) », précisera Engels deux décennies plus tard — sera en mesure de renverser la bourgeoisie et de libérer le peuple de ses chaînes de toujours. Auguste Blanqui connut Cabet et, s’il ne parlait pas de Marx, ce dernier affirma que Blanqui fut l’homme qu’il manqua, tout embastillé qu’il était, à la Commune afin qu’elle pût l’emporter sur la République versaillaise : adepte du renversement du pouvoir central par un petit groupe armé, Blanqui, d’abord partisan d’une « Anarchie régulière », promut le communisme en tant qu’il rimait avec « sauvegarde de l’individu », le vrai, celui que l’on respecte dans sa dignité d’être égal et libre. « S’agit-il d’imposer le communisme a priori ? demanda ce fervent athée dans l’un de ses articles. Nullement. On se borne à prédire qu’il sera le résultat infaillible de l’instruction universalisée (8). » Un communisme de « la pleine et libre volonté ». Mais le communisme ne tenait pas à ses yeux de la chimère, plans sur la comète et projets fous sur coins de table ; à l’instar de Marx, Blanqui rejeta les modalités « utopiques » de certaines franges du socialisme.

La suite est mieux connue : la répression de la Commune sabrera le mouvement ouvrier ; la Première Guerre mondiale mettra à sac le rêve internationaliste en un claquement de doigts et verra la CGT appuyer l’Union sacrée ; Lénine s’emparera du marxisme puis du pouvoir en Russie, à la tête des bolcheviks ; Rosa Luxemburg payera de sa vie l’échec de l’insurrection conseilliste-communiste (9) à laquelle elle œuvrera en Allemagne ; l’URSS fera, à la mort de Lénine, du « marxisme-léninisme » sa doctrine officielle et le stalinisme s’en ira traquer le trotskysme sous tous les méridiens, comme il traquera le moindre de ses opposants à l’intérieur de ses frontières nationales, réhabilitées et louées, du reste, quand il sera question d’affronter l’Allemagne nazie ; le poète Antonin Artaud, exclu du mouvement surréaliste, reprochera au marxisme sa soumission à la modernité machiniste et au progressisme scientiste européen, chers aux communistes ; Maurice Thorez, laudateur stalinien et secrétaire général d’un PCF porteur d’une authentique et chaleureuse contre-société culturelle populaire (10), tendra une main bienveillante aux catholiques et réconciliera drapeau rouge et blason républicain ; la guerre civile espagnole fera couler le sang entre communistes orthodoxes, libertaires et trotskystes ; la guerre de libération vietnamienne contre l’impérialisme hexagonal, portée par Hô Chi Minh, affichera haut le drapeau rouge après avoir pris soin d’écraser le mouvement trotskyste local ; Fidel Castro et Che Guevara transformeront la défaite du despote cubain en victoire du communisme mondial, avec l’appui logistique d’une Union soviétique en pleine guerre froide, et enverront leurs troupes — civiles ou militaires — aux quatre coins du « monde socialiste » ; Mai 1968 opposera l’appareil du PCF aux « gauchistes » trotskystes, anarchistes et maoïstes, jurant quant à eux du caractère désormais « réactionnaire » du « parti des 75 000 fusillés » ; la chute du mur de Berlin précédera l’effondrement de l’URSS, bientôt soumise à l’économie de marché et à la « thérapie de choc » libérale appliquée, avec force brutalité, sur les ruines du régime — baisse de l’espérance de vie et du PIB, hausse de la pauvreté et du chômage ; le PCF, fort de 21 % aux présidentielles de 1969, n’atteindra pas les 2 % en 2007 — il demeurera, en dépit d’un parti attelé électoralement au PS, un « peuple communiste » (et sa sympathique Fête de l’Humanité) pour qui le mot charrie quelque histoire glorieuse : la Résistance, la Sécurité sociale et la fraternité des peuples ; François Hollande comparera la leader du Front national au « Parti communiste des années 1970 » et Barack Obama se fendra d’une « tournée historique » à Cuba. Et le philosophe Alain Badiou d’appeler, en 2016, à « garder ouvert (11) » l’horizon communiste, à condition de le purger de ses démons partidaires et étatistes.

Génie de l’anarchisme

L’ouvrier, philosophe et économiste Pierre-Joseph Proudhon fut le premier penseur à louer l’anarchisme. À lui donner — en 1840, l’année où Cabet se déclara communiste — une portée politique et philosophique étayée : non point le chaos, comme le croit le sens commun, mais « le plus haut degré de liberté et d’ordre auquel l’humanité puisse parvenir (12) ». Le Russe Bakounine reprit le flambeau et fut, avec son « compatriote » Kropotkine et la communarde déportée Louise Michel, l’une des figures tutélaires de l’anarchisme. Ne nous attardons pas sur un conflit amplement commenté : Marx contre Proudhon, puis Marx contre Bakounine. Ces deux duels, politiques et personnels, symboles aux sommets de groupements ordinaires et anonymes, enfantèrent un conflit séculaire entre communistes et anarchistes — la rixe, ici et là, perdure. Disons-le en une phrase : Marx raillait les propensions « petites-bourgeoises » et réformistes de Proudhon, sa méconnaissance d’Hegel et de la dialectique, ses contradictions et sa vanité ; Proudhon abhorrait le communisme (qu’il comparait au nihilisme, à la nuit et au silence), ne suivait pas Marx dans ses velléités insurrectionnelles et l’accusait de calomnies comme de plagiats ; Marx taxait les idées libertaires de « rêveries d’idéologues », blâmait les « docteurs en science sociale (13) » anarchistes et qualifiait Bakounine de « Mahomet sans Coran (14) » et les propositions de son Alliance (15) de « bavardages vides de sens » ; Bakounine vouait le communisme aux gémonies (trop étatiste, centralisateur, attentatoire aux libertés), n’entendait pas un seul instant se plier à l’idée d’une phase transitoire ou d’une quelconque « dictature du prolétariat » et, bien que saluant l’extrême intelligence de Marx — dont il admit un jour être le disciple —, ne supportait pas son tempérament « vaniteux et ambitieux, querelleur, intolérant et absolu comme Jéhovah, le Dieu de ses ancêtres [sic], et comme lui vindicatif jusqu’à la démence (16) ».

Parler d’anarchisme égare plus certainement que cela n’éclaire, au regard de sa nature des plus composites : l’anarcho-syndicalisme ne mange pas à la table de l’individualisme libertaire ; les anarchistes illégalistes armés daubent les anarchistes non-violents ou chrétiens ; le post-anarchisme (17) fausse compagnie à l’anarchisme historique, tout fripé qu’il serait ; l’anarchisme de droite toise de loin celui de gauche, si tant est qu’il faille classer l’anarchisme à gauche — ce que certains libertaires contestent, rejet des géographies parlementaires oblige ; les apôtres de Max Stirner (héraut de l’Unique) ou de Nietzsche (adulateur du surhumain), embrigadés à leur corps défendant, se méfient bien volontiers des anarcho-communistes, accusés de brider l’intégrité de l’individu et les puissances qu’il recèle. Système politique voire programmatique pour les uns, état d’âme ou « projet éthique (18) » pour les autres, l’anarchisme — isme du reste démenti par quelques-uns, lui préférant la seule anarchie — est à ce point hétérogène que le recours à l’étymologie demeure sans doute la seule issue si l’on tient à quelque encadrement conceptuel : anarkhia, absence de pouvoir, de commandement, d’autorité.

Le communisme naît donc du commun, s’affirmant positivement par le collectif ; l’anarchisme, construit sur un préfixe privatif grec, naît d’un geste de retrait, d’un pas de côté. Geste déterminant, par-delà les traditions et les courants contradictoires que nous venons d’évoquer : l’anarchisme se pense et s’avance d’abord contre ou en face de — Léo Ferré, chantre populaire de sa frange individualiste, estimait ainsi, dans l’un de ses articles, qu’une « morale de l’anarchie ne peut se concevoir que dans le refus (19) ». Contre, avant tout, la spatialisation graduée de l’ordre, c’est-à-dire de la domination, en ce qu’il suppose ou proclame la hiérarchie, l’assignation, l’inégalité des places, des statuts et des traitements. Le génome anarchiste induit un rapport spécifique au politique comme à l’existence, le plus souvent étroitement liés : la défiance à l’endroit de toute subordination (politique, économique, sociale, culturelle, familiale ou amoureuse), le souci aiguisé de la liberté, l’exigence quotidienne d’un individu émancipé. Exigence qui, sauf à suivre les rares espaces les plus égotistes ou pessimistes (songeons à Anselme Bellegarrigue, né en 1813, qui n’eut visiblement rien de mieux à écrire qu’un Manifeste de l’anarchie faisant l’éloge du « JOUIR ! » : « Je me renferme dans le cercle de mon existence, et le seul problème que j’aie à résoudre, c’est celui de mon bien-être (20). »), s’articule sans contredit au collectif — il n’est pas de société affranchie sans êtres qui le soient, et réciproquement.

Les ouvrages existent en nombre pour éclairer et conter l’histoire de l’anarchisme (ou du libertarisme — à ne pas confondre, surtout, avec le libertarianisme, doctrine philosophique et économique capitaliste : rappelons d’ailleurs que le terme « libertaire » fut créé en 1857, par l’ouvrier-poète anarchiste Joseph Déjacque, en opposition au terme « libéral » (21) : contentons-nous ici d’esquisser quelques repères, bien sûr lacunaires. Proudhon, donc. La scission au sein de l’Association internationale des travailleurs, marquée par l’éviction de Bakounine — sur mandat de Marx. La forte présence de libertaires au sein de la Commune de Paris : son laminage et le constat de l’échec d’une révolution de masse poussera notamment, une décennie plus tard, une partie du mouvement anarchiste vers « l’action directe » et la « propagande par le fait » — attentats, braquages, exécutions ciblées de membres de l’oligarchie. La Première Guerre mondiale verra certains anarchistes tourner le dos au mouvement pacifique mondial porté par leurs organisations, organes et porte-voix, en appuyant, à l’instar de Kropotkine ou de Jean Grave, les forces alliées contre la puissance allemande. La révolution bolchevik sera l’objet de heurts, parfois sanglants, entre libertaires et communistes : les premiers taxant les seconds d’autoritarisme, voire de despotisme (on se souvient du tonitruant « Lénine est mort, vive la liberté ! » lancé par l’Italien Malatesta) ; les seconds accusant les premiers de moralisme, de purisme inconséquent ou de gauchisme (on se souvient de Trotsky appelant à abattre l’écrivain-militant ukrainien Voline). L’Espagne, terre historique du syndicalisme ouvrier libertaire, lancera une révolution anarchiste — dont Durruti, du haut de sa colonne militarisée, demeure la figure la plus illustre : la rupture sera définitivement consommée entre rouges et noirs lorsque Moscou donnera l’ordre d’éradiquer les expériences autogestionnaires et accusera, à tort, les libertaires et les trotskystes de pactiser avec le fascisme franquiste.

La Fédération anarchiste est actuellement le collectif français le plus visible : une centaine de groupes de liaison, un organe (Le Monde libertaire), une structure éditoriale et une radio. Elle revendique quatre refus principiels (l’État, le capitalisme — logique du profit, salariat et monnaie —, la religion et — conjointement — le sexisme, le racisme, l’antisémitisme et l’essentialisme) et aspire à « réaliser une révolution radicale et globale ». Quelques figures contemporaines sont connues et lues à échelle internationale : le linguiste Noam Chomsky, l’anthropologue David Graeber ou feu l’écologiste Murray Bookchin (l’un des inspirateurs théoriques du socialisme démocratique kurde au Rojava). Au Canada, citons les essayistes et professeurs Normand Baillargeon (22) et Francis Dupui-Déri ; aux États-Unis, le poète mystique Hakim Bey — père des Zones d’autonomie temporaires — et l’anthropologue James C. Scott (23) ; en France, l’essayiste décroissant Renaud Garcia (24), le sociologue Philippe Corcuff (25) ou le philosophe Daniel Colson. À rebours de cette visibilité nominative, les Black Bloc sont en grande partie composés d’activistes se réclamant de l’anarchisme.

De par son caractère éclaté et diffus, du fait de sa réticence aux appareils partidaires comme aux programmes électoraux, en raison de l’attention singulière qu’il porte aux atteintes comme aux aliénations qui touchent les individualités, l’anarchisme s’avère souvent bien plus réceptif à la prise en compte des oppressions jugées « périphériques » par le centre du socialisme/communisme ainsi qu’à l’articulation des luttes : les courants anarcha-féministes, éco-anarchistes, anarchistes post-coloniaux, anarcho-queer et véganarchistes en attestent explicitement. Jeannette Vermeersch, conjointe du porte-parole du Parti communiste français, demandait ainsi, en mai 1956, à propos du contrôle des naissances et de la contraception : « Depuis quand les femmes travailleuses réclameraient le droit d’accéder aux vices de la bourgeoisie ? Jamais (26). » Quatre décennies plus tôt, la militante libertaire Emma Goldman était inculpée aux États-Unis pour sa défense du droit à l’avortement. Marx et Engels moquaient, dans les pages du Manifeste, les partisans de la cause animale (en ce qu’ils consolideraient, tout « réformateurs en chambre » qu’ils seraient, la « société bourgeoise ») ; le libertaire Élisée Reclus louait le végétarisme en 1901, au nom même de la morale socialiste, celle qui oblige à penser la libération de l’humain parallèlement à celle des animaux exploités par ledit humain — « Si nous devions réaliser le bonheur de tous ceux qui portent figure humaine et destiner à la mort tous nos semblables qui portent museau et ne diffèrent de nous que par un angle facial moins ouvert, nous n’aurions certainement pas réalisé notre idéal (27). »

Une richesse conceptuelle et pratique aussi rare qu’évidente — qui se double et se paie toutefois d’un déficit de lisibilité : il arrive que le quidam peine à accéder aux volontés libertaires du fait de la densité plus ou moins disséminée du corpus anarchiste, qui « autorise tout le monde à parler en son nom (28) ».

Du communisme libertaire

Le terme apparaît en 1876, sous la plume de la Fédération italienne de l’Association internationale des travailleurs. Soit cinq ans après la Commune, dix-neuf après l’invention du terme « libertaire », trente-six après la mise en circulation de « communisme ». Errico Malatesta et Carlo Cafiero en furent les instigateurs les plus connus : le premier, nous l’avons vu, s’opposera au léninisme et fera entendre que le communisme libertaire n’est pas un « système infaillible (29) » ; le second rompit avec Marx et Engels pour rallier Bakounine (tout en assurant la promotion pédagogique du Capital) après avoir tenté de soulever l’Italie par les armes — il consentit, sa brève vie finissant, au recours aux urnes (30). « On ne peut pas, pensait-il, être anarchiste sans être communiste. […] L’anarchie et le communisme sont les deux termes nécessaires de la révolution. » Et de préciser : « Nous voulons la liberté, c’est-à-dire l’anarchie, et l’égalité, c’est-à-dire le communisme (31). » Pierre Kropotkine assura, douze ans plus tard, que « l’anarchie mène au communisme, et le communisme à l’anarchie (32) », et expliqua à la veille de la Première Guerre mondiale, dans La Science moderne et l’Anarchie, que le communisme disposait en lui de deux voies : l’oppression et la liberté, l’autoritarisme et l’anarchisme. À condition d’opter pour la seconde, le communisme — libertaire — constituait la forme de gouvernement social « qui garantit le plus de liberté à l’individu ».

Alexander Berkman publia en 1929 What Is Communist Anarchism ? Celui-ci est « fondé sur le principe de la non-agression et de la non-contrainte (33) » : il milite pour l’abolition du gouvernement et s’oppose au monopole de la terre comme à la propriété privée des moyens de production. L’anarchie ne pourra s’épanouir qu’en zone communiste, avançait-il. « Le communisme libertaire, c’est une société qui se fonde sur la vie libre de tout homme (34) », lança trois ans plus tard le fondateur de l’Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne, Nestor Makhno, qui, durant la guerre civile russe qui succéda à la révolution, affronta simultanément les hommes de main du tsarisme et l’Armée rouge. Vaincu, exilé à Paris, hanté par la « dictature bolchevique-communiste (35) », il cosigna en 192636 un texte clé de l’histoire du communisme libertaire : une « plate-forme organisationnelle » qui donna corps au courant plateformiste.

Les années 1950 virent la création de la Fédération communiste libertaire (pour partie matrice de l’organisation Alternative libertaire) et l’on doit à Georges Fontenis et Daniel Guérin d’avoir, en France, porté et vivifié cette tradition. Le premier — parfois surnommé par ses opposants libertaires le « Lénine du mouvement anarchiste »  — publia en 1953 son Manifeste du communisme libertaire. On y apprend qu’il convient de mettre en quarantaine le courant « existentiel » de l’anarchisme — le fameux Lifestyle Activism — en ce qu’il s’écarte des racines sociales et ouvrières : « Ôter à l’anarchisme son caractère de classe serait le condamner à l’informe, le condamner à se vider de son contenu, à devenir un passe-temps philosophique inconsistant, une curiosité pour bourgeoises intelligentes, un objet de sympathie pour gens de cœur en mal d’idéaux, un sujet de discussion académique. » Le communisme libertaire qu’il appelait de ses vœux rejette la morale bourgeoise autant que le cynisme immoraliste, évince « l’humanisme de pacotille » et renvoie dos à dos la « vieille conception romantique de l’insurrection » et la vision gradualiste [réformisme qui préconise des changements politiques ou sociaux graduels] des réformistes — pour qui l’humanité avancera pas à pas, sans à-coups ni sursauts, au gré des amendements et des progrès que l’Histoire sème. « Le communisme anarchiste ou communisme libertaire, en réalisant la société du plein épanouissement de l’être humain, de la personne humaine, de l’humain total si l’on peut dire, ouvre une ère de progression permanente, de transformation graduelle, de transition. » Il défend ainsi « l’auto-administration, l’auto-gouvernement, la véritable démocratie, la liberté dans l’égalité économique, la suppression des privilèges et des minorités dirigeantes et exploiteuses » et, en se revendiquant pleinement de l’héritage socialiste, trace sa route entre les impasses libérales et marxistes-léninistes.

Le second offrit en 1984, avec À la recherche d’un communisme libertaire, un recueil riche de quinze années de réflexion (que l’historien Michel Ragon qualifia d’« idée pernicieuse », dans son Dictionnaire de l’Anarchie). Guérin fut sympathisant trotskyste, anarchiste puis communiste libertaire — son ouvrage s’avance dès lors comme « synthèse, voire dépassement, de l’anarchisme et du meilleur de la pensée de Marx ». Que reprochait-il au drapeau noir ? Ses infantilismes, son penchant à l’utopie, son romantisme, sa désuétude. Que reprochait-il au drapeau rouge ? Sa propension à la dictature, sa passion étatiste, son goût pour les minorités professionnelles, sa croyance élitiste en une science du devenir historique, son autoritarisme léniniste, son jacobinisme centralisateur. Daniel Guérin — parlant de « frères jumeaux, frères ennemis » — estimait que « les libertaires sur l’essentiel avaient raison contre les autoritaires », saluait « la prescience de Bakounine » (qui, d’une certaine façon, prophétisa la férocité soviétique) et définissait l’anarchisme comme « la recherche de la véritable organisation, de la véritable unité, de l’ordre véritable ». Quels étaient à ses yeux les fruits libertaires encore féconds ? L’autogestion, le rejet de la bureaucratie, le fédéralisme (principalement proudhonien), le syndicalisme et la valorisation de l’individu. Le communisme libertaire, concluait-il, déteste autant « l’impuissante pagaille de l’inorganisation » que « le boulet bureaucratique de la sur-organisation ». Il se méfie pareillement du Parti et de la foire politicienne électoraliste ; il est internationaliste sans jamais, au nom de quelque universalisme hors-sol et orgueilleux, nier les spécificités propres à chaque pays — il dénonce, en un mot, le fraternalisme naguère pointé par Césaire ; il fait sienne l’aspiration fédéraliste et ne récuse pas la planification — démocratique ; il arrache les médias de masse des mains des oligarques et décentralise ; il se préoccupe de l’environnement et n’écarte pas, par principe, l’idée de transitions nécessaires ; il ne se pense pas comme groupusculaire et — énoncé dans la langue de l’époque — coïncide avec « les instincts de classe de la classe ouvrière ». Il s’avoue tension intrinsèque, « éthique de funambule (37) » et ligne de crête. « L’anarchisme est inséparable du marxisme. Les opposer, c’est poser un faux problème. Leur querelle est une querelle de famille. » Et Guérin de préférer parler de « marxisme libertaire » ou de « communisme libertaire » tant le mot socialisme — régulièrement accolé à « libertaire », depuis Bakounine — lui semblait trop galvaudé du fait des réformistes et des sociaux-démocrates (Engels refusait déjà ce terme, selon lui miscible dans la bourgeoisie). Débat sans fin…

En 2014, Olivier Besancenot, porte-parole du NPA, et le philosophe Michael Löwy publièrent Affinités révolutionnaires — nos étoiles rouges et noires. Le tandem appela à une solidarité effective entre marxistes et libertaires en se plaçant sous le signe de la Première Internationale — lorsque Marx et Bakounine cohabitaient encore ensemble… Le XXIe siècle de l’émancipation, écrivirent-ils, aura à puiser dans ces deux traditions. « Plutôt que de comptabiliser les erreurs et les fautes des uns et des autres — les kyrielles d’accusations réciproques ne manquent pas —, nous voudrions plutôt mettre en avant l’aspect positif de cette expérience » du voisinage marxiste et anarchiste. Si les auteurs proviennent intimement du noyau dur communiste, ils n’en déclarent pas moins : « Reconnaissons-le : à l’échelle de l’Histoire, le mouvement anarchiste porte le drapeau de l’émancipation individuelle bien plus haut que la famille marxiste. » Et exhortent, partant, à chercher un point d’équilibre, atteignable en individualisant le communisme et en collectivisant l’anarchisme. Accepter le pouvoir à condition de le contrôler démocratiquement et par la base, instaurer le fédéralisme des entités autogérées, ne pas débouter par principe les élections, placer l’écologie politique au cœur : autant de pistes ébauchées « pour bâtir une société désaliénée, égalitaire » et « jeter des ponts » à même de construire la convergence idéologique et pratique des prochaines batailles. Et Besancenot de confier à Ballast en 2016, à propos des critiques reçues de part et d’autre : « Il y a un instinct de propriété sur l’héritage politique assez fort chez les rouges autant que chez les noirs. »

Envoi

À raison, les anarchistes se considèrent comme les perdants magnifiques des deux siècles derniers ; à raison, les communistes se voient comme les seuls à avoir su mobiliser de larges couches de la population afin d’organiser une vaste rupture politique. À raison, les anarchistes revendiquent fièrement, riches de leur refus de parvenir, de n’avoir jamais été tyrans ou bureaucrates, membres d’une police politique ou apparatchiks piquetés de galons ; à raison, les communistes s’enorgueillissent d’avoir fait trembler l’ordre capitaliste international et d’être parvenus, de l’Asie aux Caraïbes, à hisser — ne serait-ce que symboliquement — la voix de ceux que le temps avait rendu aphones.

Chaque camp peut à loisir égrainer griefs et condamnations. Chaque camp peut dresser des bûchers et ouvrir des procédures. Trier, classer, excommunier, distribuer bons et mauvais points. Les anarchistes ne pardonneront jamais aux communistes de les avoir pourchassés en Espagne et en Russie ; les communistes n’oublieront pas qu’ils furent traités de « fascistes rouges » et jetés, pêle-mêle, avec le bain totalitaire… Assez. Nous sommes usés de ces castagnes et empoignades, noms d’oiseaux et crises de nerfs. Usés de lire, encore, le communiste Alain Badiou qualifier l’anarchisme de « vaine critique (38 )» et le libertaire Michel Onfray houspiller « les communistes » tant « leur rôle contre-révolutionnaire est avéré (39) » au XXe siècle — qui, en dépit de farouches contestations « internes », fait profession, au regard de son positionnement médiatique, d’ambassadeur « libertaire ». Ôtons une nouvelle fois nos gros sabots : le camp de Siblag n’épuise pas le communisme, pas plus que l’anarchisme n’est réductible aux bombes d’Auguste Vaillant. Les staliniens se comptent désormais sur les doigts d’une main qu’il est élémentaire de balayer d’un seul revers ; la bande à Bonnot et Ravachol n’entendent pas reprendre du service et plus d’un trotskyste admet désormais que le carnage russe de Kronstadt fut — a minima — une erreur.

Plaidons plutôt pour un communisme libertaire et un anarchisme communiste du XXIe siècle — moins soucieux d’étiquettes et de pureté, moins figés sur leurs symboles et leurs noms propres, moins engourdis par leur vocable militant et leur mélancolie folklorique. Un communisme libertaire enrichi du bilan du siècle dernier et audible du nôtre, à l’écoute des dynamiques militantes contemporaines (de plus en plus étrangères aux référents traditionnels et étroitement « prolétariens ») comme aux amples aspirations populaires qui, comme de juste, se moquent bien des chicaneries théoriques et historiques. Un communisme libertaire bigarré, polytonal, sans hautes instances ni licences, plus désireux de contribuer au mouvement général que d’exclure du haut de son savoir ou de sa pratique groupusculaire ; un communisme libertaire capable d’intégrer enfin tout ce que le Sud global, les mémoires de l’immigration et les luttes décoloniales ont à offrir.

Redisons-le : notre communisme libertaire n’a pas la prétention du point final. Croisons les forces, compensons manquements et lacunes, carences et angles morts, laissons place aux zones de frottements et de tensions à même d’infirmer les oppositions fatiguées : liberté ou égalité, individu ou collectif, local ou international, réforme ou révolution, etc. La pensée-action communiste libertaire n’a probablement pas réponse à tout — mais elle pose nombre de questions que les partageux de tout poil, qu’ils soient écologistes ou antiracistes, révolutionnaires ou électeurs critiques, antispécistes [Le spécisme est une discrimination basée sur l’espèce : elle fait de celle-ci un critère justifiant la violation des droits fondamentaux des animaux non-humains -exploitation, oppression, meurtre-. Le spécisme est à l’espèce ce que le racisme est à la race et le sexisme au sexe.ou zadistes, féministes ou autonomistes, sans nom tant l’injustice suffit à les mouvoir, ne sauraient ignorer.

Publié le 19 novembre 2016 par Émile Carme

1.        Le 17 novembre 2013, durant un dîner officiel à Jérusalem, François Hollande a évoqué le « chant d’amour pour Israël et pour ses dirigeants » qu’il eût aimé chanter.
2.        Bien qu’il soit possible, à la marge, de trouver des libertaires pour réfuter — par individualisme — ce lignage.
3.        Pourquoi, dès lors, choisir l’un plutôt que l’autre ? Choix difficile, nous l’avouons. Par commodité d’usage, surtout : le communisme libertaire s’avance plus nettement dans l’histoire des idées. Nous n’ignorons bien sûr pas que nom commun et épithète n’ont pas valeur égale en matière de réception — le second ayant coutume de colorer, d’agrémenter, de contrebalancer le premier : entendons, sous notre plume, la mise à niveau et l’arasement des deux termes. Imaginons un prénom composé : Jean-Pierre est autant l’un que l’autre, en plus d’être surtout les deux.
4.        Voir, sur la génération des communistes babouvistes des années 1840, l’article « La génération communiste de 1840 et la mémoire de Gracchus Babeuf », Alain Maillard, L’Homme et la société, volume 1, 1994, pp. 89-100.
5.        N° 1, juillet 1841.
6.        N° 9, septembre 1845.
7.        « Le parti de classe — Questions d’organisation — Luttes de tendances et dissolution de l’Internationale », 1873.
8.        Voir A. Blanqui, Maintenant, il faut des armes, La fabrique, 2007.
9.        Le conseillisme, ou communisme des Conseils, s’oppose au centralisme léniniste et se construit sur la démocratie directe telle que les Conseils ouvriers la pratiquent, par la base.
10.        Alain Gresh : « Ce n’était pas un parti révolutionnaire, au sens bolchevik du terme : il reflétait la classe ouvrière française, avec ses limites. Mais les ouvriers pouvaient au moins se reconnaître dans une force globalement progressiste et antiraciste. Il leur donnait cette image, et c’était important. » Ballast, novembre 2016.
11.        Entretien pour Grèce Hebdo, mai 2016.
12.        Dans l’article « Polémique contre Louis Blanc et Pierre Leroux », novembre 1849-janvier 1850.
13.        « De l’indifférentisme en matière politique, L’Almanaco Republicano per l’anno 1874, janvier 1873.
14.        Cité par Mathieu Léonard dans L’Émancipation des travailleurs, La Fabrique, 2011, p. 128.
15.        Internationale de la démocratie socialiste.
16.        M. Bakounine, Étatisme et anarchie, Éditions Tops/H. Trinquier, 2009, p. 316.
17.        Pour en savoir plus, lire par exemple L’Anarchisme aujourd’hui de Vivien Garcia, L’Harmattan, 2007.
18.        Nous empruntons cette formule à Daniel Colson, qui déboulonne d’une même phrase le « scientisme naïf et cynique du marxisme » ; voir son Petit lexique philosophique de l’anarchisme, Biblio essais, 2001.
19.        « L’anarchie », Le Monde libertaire, 1968.
20.        A. Bellegarrigue, Manifeste de l’anarchie, LUX, 2010, p. 29.
21.        « De l’être-humain mâle et femelle. Lettre à P.J. Proudhon », La Nouvelle-Orléans, 1857. On pourra également lire son ouvrage À bas les chefs !
22.        On pourra lire L’Ordre moins le pouvoir — Histoire & actualité de l’anarchisme, Agone, 2001.
23.        On pourra se reporter à son Petit éloge de l’anarchisme, LUX, 2013.
24.        Son essai Le Désert de la critique, paru en 2015 aux éditions L’Échappée, s’attaque, d’un point de vue libertaire, à la « déconstruction » chère à la post-modernité.
25.        Son ouvrage Enjeux libertaires pour le XXIe siècle, paru en 2015, invite la pensée-action libertaire à s’arracher du « confort identitaire » et plaide pour un « devenir polyglotte ».
26.        L’Humanité, 2 mai 1956.
27.        Lettre à Richard Heath, 1884.
28.        D. Colson, Petit lexique philosophique de l’anarchisme, op. cit., p. 13.
29.        E. Malatesta, Écrits choisis, volume 1, Fédération anarchiste, 1978, p. 41.
30.        Voir notre portrait « Carlo Cafiero : Tous pour chacun, chacun pour tous », paru dans le numéro 3 de la revue Ballast, en 2015.
31.        C. Cafiero, « Anarchie et communisme », Le Révolté, 1880.
32.        La Conquête du pain, éditions du Sextant, 2006.
33.        Voir Qu’est-ce que l’anarchisme ?, L’Échappée, 2010.
34.        Probouzdénié, n° 18, janvier 1932, pp. 57-63, et n° 19-20, février-mars 1932, pp. 16-20
35.        Voir la biographie Nestor Makhno, le cosaque libertaire, Alexandre Skirda, Les éditions de Paris, 1999.
36.        Dans le journal Dielo Trouda.
37.        Nous empruntons cette expression à Adeline Baldacchino, « Poésie, anarchie et désir », Ballast, décembre 2014.
38.        A. Badiou, L’Hypothèse communiste, Lignes, 2009, p. 126.
39.        Article « Coco, boulot, dodo », paru en 2007.
 

★ Qu’est-ce vraiment que le communisme libertaire ou l’anarchisme communiste ?
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