★ Qu’est-ce que le « contrôle ouvrier » ? Notes sur l’autogestion
★ Qu’est-ce que le « contrôle ouvrier » ?
Notes sur l’autogestion – contre-définition individualiste
« Dans mon travail portant sur la question de la planification économique et de l’anarchisme, j’ai pu lire l’article bien connu de Maurice Brinton sur les « bolsheviks et le contrôle ouvrier, 1917-1921 » (paru dans Autogestion et Socialisme, cahiers n° 24-25, Septembre-Décembre 1973), dans lequel il avance les deux définitions existantes de la notion de « contrôle ouvrier ». Il y compare la définition léniniste et celle anarchiste ; cette dernière, bien que d’une grande clarté et concision, pêche en de nombreux points. Elle est également très représentative d’une certaine dérive de la pensée anarchiste, et tout particulièrement collectiviste, qui va poser des principes en contradiction avec les valeurs anarchistes.
L’objectif de cet article est d’analyser la définition faite par Maurice Brinton et de montrer en quels points elle pose problème. Il sera ensuite nécessaire, une fois ce travail critique fait, de proposer une nouvelle définition de l’autogestion et de « l’organisation anarchiste ».
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En cherchant à expliquer ce qui différencie les définitions anarchiste et léniniste du « contrôle ouvrier », Maurice Brinton offre un résumé concis des deux interprétations. Voilà ce qu’il dit au sujet de la vision anarchiste de la question :
« La classe ouvrière (l’ensemble des producteurs) prend toutes les décisions fondamentales. Elle le fait directement, à travers des organismes de son choix avec lesquels elle s’identifie directement, et qu’elle sait pouvoir dominer totalement (comités d’usines, conseils d’ouvriers…). Ces organes, composés de délégués élus et révocables, se fédèrent probablement sur une base régionale ou nationale. Ils décident (accordant le maximum d’autonomie possible aux collectivités locales) ce qu’il faut produire, comment, à quels frais, et aux frais de qui. »
On ne peut pas rejeter le fait que cette définition soit défendue par un très grand nombre d’anarchistes et d’organisations, mais il est nécessaire aussi de souligner qu’il existe une certaine inconsistance entre cette vision et les principes philosophiques épousés par l’anarchisme, qui sont le rejet de la hiérarchie, du principe d’autorité, de la domination qui est la systématisation de ce principe. Plus encore, l’anarchisme affirme ; affirme l’autonomie individuelle, la libre association, l’autodéfense, le libre engagement conscient de l’individu dans les accords de son choix, l’impossibilité de le forcer à prendre part à des activités auxquelles il ne consent pas ni de s’associer à des personnes avec lesquelles il ne veut pas faire affaire.
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Il est nécessaire d’analyser cette définition de façon linéaire, pour montrer ses inconsistances.
« La classe ouvrière (l’ensemble des producteurs) prend toutes les décisions fondamentales »
Cette phrase peut-être divisée en deux parties : « La classe ouvrière ( l’ensemble des producteurs ) » et « prend toutes les décisions fondamentales ».
La première partie déjà nous mène déjà à nous poser une question : si l’anarchisme est, comme les courants les plus sociaux de l’anarchisme tendent à en faire la définition, l’émancipation de la classe prolétaire et la suppression des classes exploitantes, pourquoi réserverait-on à la classe ouvrière la liberté de prendre ces décisions, sachant qu’une société post-capitaliste serait post-classes ? En outre, si l’idée que seuls les producteurs s’expriment sur l’organisation de leur lieu de production est recevable, il est nécessaire de noter que les activités économiques intègrent également des populations « non-productives » : il existe nécessairement des individus ne pouvant pas travailler. On peut critiquer alors une formulation qui exclue des processus décisionnels les non-ouvriers ou du moins les non-producteurs – or, le prolétariat est plus étendu que cela.
L’idée qui s’ensuit, celle de « prendre toutes les décisions fondamentales » semble rappeler une forme de démocratisme unitaire ; ces décisions fondamentales sont-elles prises par la classe ouvrière en son ensemble ? La démocratie, même « directe », est contraire aux principes anarchistes du fait de son unitarisme, du fait qu’elle réside en l’application du point de vue d’une majorité sur une minorité. L’unitarisme – dont les expressions les plus directes sont par exemple le référendum, où toute une population va voter sur une question touchant l’ensemble ou une partie de cette même population – a toujours été dénoncé par l’anarchisme, est c’est pourquoi l’anarchisme y oppose généralement le fédéralisme.
En outre, qu’est ce qui définit une « question fondamentale » – et si seule la classe ouvrière s’exprime sur les décisions fondamentales, cela impliquerait-il que des « questions secondaires » pourraient voir la participation d’autres classes que la « classe ouvrière » ?
« Elle le fait directement, à travers des organismes de son choix avec lesquels elle s’identifie directement. »
Si la première partie de cette phrase peut faire craindre un principe de représentation, la seconde partie nous rassure ; du moins si l’on considère que « avec lesquels elle s’identifie directement » signifie identité des organes et des individus qui en bénéficient, et non identification fétichiste. Sous un certain sens c’est effectivement le cas pour les comités d’usine et les conseils d’ouvriers. Cependant déjà ici il est nécessaire de rappeler que ces organes ne doivent en rien être supérieurs à l’individu. Proudhon considérait ainsi par exemple que la personne collective et l’individu ne peuvent que traiter sur un plan d’égalité. Suivant cela, le seul pouvoir que le collectif peut diriger contre l’individu est le même que celui qu’un individu peut diriger contre un autre en l’absence de toute coercition ou violence de la part de l’un ou de l’autre : la désassociation.
Le reste de la phrase (« qu’elle sait pouvoir dominer totalement ») est rendue superflue par l’identité des organes et des individus.
« Ces organes, composés de délégués élus et révocables »
S’il y a délégation, il n’y a déjà plus nécessairement d’identité entre l’organe et ses constituants. À petite échelle, on peut reconnaître que l’usage d’une délégation ne crée pas nécessairement de rupture avec des bases, surtout si ces dernières restent mobilisées et restent aptes à exercer une pression sur les délégués.
Cependant la suite de la phrase induit un nouveau problème :
« se fédèrent probablement sur une base régionale ou nationale »
Ce nouvel état de fait implique probablement alors des organes de représentation avec ici aussi leurs propres « délégués élus et révocables ». La révocabilité des élus est un principe bon mais insuffisant, car il ne peut pas remettre en cause l’institution elle-même, mais juste l’aptitude du délégué à se plier aux desideratas du système.
Dans ce cas de figure, si l’association de base pourrait être menacée par la désassociation, les échelons supplémentaires, s’ils pouvaient se révéler nécessaires, seraient intouchables une fois créés. L’argument selon lequel ces institutions pourraient se réformer elles-mêmes tend à ignorer la nature autotélique du pouvoir et de la bureaucratie qui émerge nécessairement de ce genre de structures coordinatrices. Il est difficile d’imaginer les agents de telles institutions accepter leur dissolution, tout comme l’état ne peut pas être aboli depuis l’intérieur.
Des échelons supplémentaires ne peuvent pas subordonner les échelons inférieurs même si cette subordination se fait sous couvert de démocratie directe. Ils ne doivent exister que par l’union volontaire des échelons inférieurs. L’institution elle-même doit pouvoir être révocable, au delà même des délégués que l’on pourrait y envoyer. Le contrat et la libre association doivent s’appliquer à tous les niveaux. Il est nécessaire aussi de garder à l’esprit les risques nombreux de bureaucratisation et de professionnalisation de tout travail institutionnel.
Cela nous mène à nous interroger sur cet appel sans profondeur à la « fédération ». Comme déjà mentionné ici, le principe anarchiste est fédéraliste. Cependant, une chose qui tend à être oubliée est le caractère volontaire de cette fédération. Beaucoup d’anarchistes collectivistes, en appelant au fédéralisme, souscrivent en fait à un « fédéralisme hamiltonien » : le centre délègue aux périphéries, qui restent soumises au desiderata du centre. Le fédéralisme intégral, proudhonien, qui est également le fédéralisme auquel l’anarchisme souscrit, est bien au contraire celui d’une union des périphéries vers le centre, et où le centre n’existe que par l’union intéressée des parties.
Brinton utilise le terme de « fédération » comme une formule incantatoire. Cependant, bien souvent, le fédéralisme intégral n’est guère respecté. On n’imagine pas, par exemple, la possibilité d’une non-fédération. Le fédéralisme intégral suppose non seulement que le corps soit soumis aux parties, mais également que ces parties soient strictement libres dans leur choix de se fédérer en premier lieu, et puissent donc, si elles le souhaitent, ne pas s’allier à autrui. La liberté d’association et de fédération ne peut pas être affirmée si on y adjoint une obligation de se fédérer à un ensemble donné. Mais la liberté d’association n’existe pas sans son corollaire, la liberté de désassociation, chose que l’on a déjà mentionné ici.
L’anarchisme social pêche souvent ainsi en imaginant le statut de fédéré comme une obligation. Les récriminations violentes de la CNT espagnole en 1936-1937 contre tous les organes échappant au contrôle syndical témoignent de cela.
Cela nous permet donc de toucher un problème majeur, qui est cette affirmation d’une liberté de choix, avant de détailler un plan qui imagine déjà que l’ensemble du corps social se soit, comme un seul homme ou une seule femme, rangé derrière une décision organisationnelle unique. Il y a lieu de se méfier de ces propositions systémiques.
C’est ce que l’on entend, usuellement, quand on affirme que l’anarchisme est une pratique avant d’être un système. Ce qui importe n’est pas de théoriser un système social que nous imaginons être parfait (alors même souvent qu’il n’est rien d’autre qu’une projection de nos préférences personnelles sur l’ensemble de la société, préférences qui ne feront par ailleurs probablement que difficilement consensus), mais le processus de démantèlement de l’autorité. C’est une erreur commune, induite par un certain « réalisme étatiste », que d’imaginer une société anarchiste totale future, suivant un fonctionnement unique que l’on pense pouvoir prévoir avant même d’expérimenter la réalisation de cette société, où tout le monde suivra « volontairement » des règles implicites, où l’on travaillera associés ainsi et rémunérés comme ça ; tout ceci autorisé par les anarcho-lois qui seront évidemment votées et formulées comme on le souhaite ; et ceci ou cela sera interdit par vote fait dans le congrès machin composé des délégués représentants de ci et ça.
Le « plan » anarchiste est un schéma de lutte et de réalisation progressive, graduelle, où l’on va découvrir individuellement et collectivement, « l’organisation » anarchiste, que l’on formera à notre échelle, dans nos milieux – c’est l’unité des fins et des moyens – ; ce « plan » n’est pas, ne peux pas être un modèle total de société, absolu, fantasmé, que l’on va jeter sur le monde et ensuite suivre en dépit des évènements. L’anarchisme est une somme des actions individuelles et collectives et ne peut pas correspondre à une vision prescriptive formulée par quelques sages. C’est une conception étatiste, voire despotique.
On ne peut pas véritablement prévoir la forme d’une société anarchiste – dans cette matière, nous n’avons encore rien vu -, mais il est possible de tracer des lignes à suivre.
Le point de vue « social » se contente bien souvent de cartographier et contraindre – il porte en lui-même des processus reterritorialisants, il tente de restreindre les flux et les dynamiques pour leur faire suivre un plan prédéterminé, inhibant les acteurs, et se concluant toujours par une tentative d’empêcher les forces révolutionnaires / insurgées d’aller au-delà de ce qui est supposé être raisonnable.
Cette idée de processus est à relier avec la question des institutions, et le risque d’une dérive vers la reconstitution d’un pouvoir. L’anarchisme étant un processus et un arrangement social et non une société, l’anarchisme consiste en toutes les actions qui visent à prévenir cette même dérive. Il y aura toujours un combat anarchiste, mené contre tous les pouvoirs, tous les abus, toutes les bureaucraties, au nom de toutes les libertés. Nous pouvons effectivement aussi pousser la société vers une plus grande déstratification, mais ultimement cela n’est pas une fin en soi, ce n’est qu’un sous-produit de l’insurrection.
Cette question d’un unitarisme démocratique est encore plus transparente quand l’on suit la suite (et fin) de la définition de Brinton :
« Ils décident (accordant le maximum d’autonomie possible aux collectivités locales) ce qu’il faut produire, comment, à quels frais, et aux frais de qui. »
Dans « accordant le maximum d’autonomie possible aux collectivités locales », le centre « accorde » une liberté. Peut-être est-ce un mot qui a été employé sans trop d’arrières pensées. Cependant, il reste employé ici.
« Accorder une liberté » n’est pas véritablement une vision des choses que l’on pourrait considérer comme anarchiste. Seule une autorité peut accorder des droits. Plus encore, tout ce qui s’accorde peut être repris.
Le fédéralisme intégral auquel l’anarchisme souscrit est bien plutôt la vision d’un réseau diversifié et mouvant d’associations et d’individus qui, dans leurs interactions, vont « accorder » un pouvoir potentiel à une entité médiatrice (si les parties prenantes y consentent…) … pouvoir qui peut donc être repris.
Il faut noter cependant que le fédéralisme intégral formulé par Pierre-Joseph Proudhon postulait effectivement la concentration de toutes les forces en un faisceau central, similaire à la vision collectiviste. Dans son optique, la fédération générale de tous les producteurs doit s’effectuer. C’est ainsi qu’il considérait que l’anarchisme revenait à « la décentralisation des forces politiques » et la « concentration des forces économiques ». Cependant, cette fédération selon Proudhon devait s’effectuer non pas tellement par nécessité, mais parce qu’à ses yeux la réunion des intérêts individuels était forcément dans l’intérêt de tous – motivés par leurs intérêts, les individus recréeraient de façon organique une fédération englobante de tous les acteurs économiques.
Cela est à lier à sa pensée économique qui voyait les rendements d’échelle comme invariablement croissants. Dans De la Justice dans la Révolution et dans l’Église, Proudhon distingue trois forces sociales : la force collective, la raison collective, la force commutative. Toutes ces forces sont une multiplication et une amélioration qualitative de la somme des forces associées. La force collective est l’augmentation du pouvoir productif par l’association des producteurs isolés ; la force commutative consiste en les bénéfices sociaux, la paix sociale et la stabilité obtenue par l’entente des individus et des associations, par la création de règles et de coutumes, qui facilitent les interactions entre individus et ce faisant augmente leur liberté. La monnaie est un exemple de force commutative. L’aide mutuelle ou la protection mutuelle sont d’autres exemples de cette extension de la liberté par l’association.
Ainsi Proudhon imaginait-il qu’un processus individualiste aboutirait naturellement à une union généralisée des forces. Les collectivistes généralement souscrivent à ce résultat. Les collectivistes cependant se concentrent sur ce résultat. On en tire des conclusions centralistes, productivistes, unitaristes. Cependant, en prenant cette conclusion les collectivistes ignorent le processus. C’est, sous un certain sens, très similaire au principe de contrat social, qui est imposé et non choisi. Chez Proudhon, l’action de recollection des forces individuelles est au contraire strictement volontaire, mouvant et dynamique. Le processus prime.
De fait, les individualistes reprennent à leur compte avant tout le processus, à l’exception que l’on ne souscrit pas nécessairement au résultat décrit par Proudhon. Les rendements d’échelle sont décroissants, que ce soit à l’échelle des associations économiques, qu’à l’échelle de la société – c’est à dire que plus l’ensemble est massif, moins il sera efficient, et plus prompt sera t il à s’effondrer. Suivant le processus du fédéralisme intégral ainsi, il n’y aura pas nécessairement une réunion en un seul faisceau de toutes les forces collectivisées, mais un ordre émergent issu d’un réseau diffus et fractionné. Les sociétés complexes sont destinées à s’effacer invariablement.
« ce qu’il faut produire, comment, à quels frais, et aux frais de qui »
Cette formule mérite une certaine attention.
Elle avance implicitement l’idée que l’on puisse forcer des personnes à faire des frais et des sacrifices sur décision démocratique – ou du moins reconnaît-elle que l’on soit dans l’obligation d’intégrer un avis extérieur dans nos arrangements – l’avis de « l’ensemble des producteurs », de la « société »… -, et une inégalité de répartition et de participation.
Certains auteurs et auteures individualistes ont pointé du doigt l’idée que l’anarchisme, sur le champ économique, peut être vu comme une « internalisation des coûts ». Benjamin Tucker ainsi affirmait que personne ne peut forcer autrui à faire des dépenses, tout comme l’on ne peut pas me contraindre à faire quoi que ce soit aussi longtemps que je ne cause de tort à personne.
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Dans la définition du point de vue léniniste sur le contrôle ouvrier qui suit celle du point de vue anarchiste, Brinton affirme notamment que le léninisme veut la gestion du haut vers le bas, « depuis l’extérieur ».
C’est une bonne définition – cependant, avec le recul que l’on a pris suite à l’analyse de la définition « anarchiste » collectiviste, on peut affirmer que cette dernière est une variante de la définition léniniste. Ce pouvoir extérieur qui envahi les arrangements interindividuels et inter collectifs se retrouve dans la première définition de Brinton : « Aux frais de qui », « accorder » une autonomie, la prise de « toutes les décisions fondamentales »… c’est l’implication d’une totalité dans le processus décisionnel, le contrôle social, sociétal. Autrui se prononcera sur ma liberté et sur mes actions alors qu’il ne connaît rien de moi et de ma situation, de l’environnement dans lequel j’évolue, et probablement rien du sujet en général. On ne connaît qu’une fraction limitée des choses et du monde ; fraction dans laquelle nous évoluons intellectuellement, socialement, professionnellement. La connaissance que nous tirons de cette expérience est par ailleurs difficilement communicable, partageable – et donc difficile à communiquer dans un cadre démocratique.
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Il est désormais possible d’offrir une contre définition à celle de Maurice Brinton. Puisque la définition de Brinton pêche avant tout par son ambivalence à l’égard de la notion de libre association, il est nécessaire de la généraliser en dehors de la sphère strictement économique. Cette concentration sur la sphère productive, sur le travailleur, était, comme nous l’avions mentionné, un défaut de la vision collectiviste, qui en vient à soumettre l’ensemble de la société au travail et au plan.
« L’individu prend de façon autonome toutes les décisions le concernant, aussi longtemps qu’il respecte l’intégrité d’autrui. Il est maître de son produit, de ce qu’il occupe et lui seul peut décider du sacrifice de sa force de travail, de son temps ou de ses produits pour quelque cause de son choix. Si cela lui rend bénéfice, il pourra probablement s’associer à autrui sur la base de la réciprocité et selon un contrat – formel ou informel – mutuellement reconnu et révocable, par exemple dans le cadre d’une activité productrice. Il est libre de choisir les arrangements qui lui paraissent les plus favorables. Les associations dans lesquelles les individus s’investissent doivent être entièrement identifiées à eux. Les associations traitent les unes avec les autres ainsi que les individus ; mais ici aussi les accords qui se font peuvent aussi se défaire ; la liberté d’association ayant pour corollaire la liberté de désassociation. Dans ce régime, le processus de libre association et du libre contrat aboutit à la création d’un ordre émergent, mouvant, dynamique, issu d’un réseau diffus d’accords réciproques, détachés de toute territorialité, assurant la paix et le soutien mutuel des parties associées autant que respectant l’autonomie de chacun. »
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