★ Mais pourquoi tu ne votes pas ?

Publié le par Socialisme libertaire

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« Le droit de vote, l’un des seuls pouvoirs que nous ayons de changer les choses, tu t’en fiches ? Si on ne l’exerce pas, on le perdra !

C’est justement parce que je veux changer les choses et exercer un pouvoir réel sur ma vie, que je refuse d’exercer ce prétendu droit. Je refuse de donner une quelconque légitimité à des personnes qui ont la prétention d’exercer un pouvoir sur moi et les autres, et  je refuse moi-même d’exercer un pouvoir sur les autres.

En ne votant pas, tu fais le jeu des extrêmes ! Tu laisses potentiellement le pouvoir à des partis dangereux !

Les « extrêmes », comme tu dis, ne progressent pas à cause de mon abstention, mais justement parce que le système représentatif dégoûte beaucoup de gens. Mais au sujet des partis dits « extrêmes », juste une question : pourquoi les politiques et les médias nous invitent à voter, quel que soit notre choix, y compris pour des partis « extrémistes » ? Pourquoi déclarent-ils tous que leur adversaire principal est l’abstention, et que le pire serait de ne pas voter ? Les pouvoirs en place craignent bien plus l’abstention massive que le « vote contestataire » pour des « extrêmes ». C’est que les prétendus « extrêmes », même sous couvert d’ « anticapitalisme » ou de discours « anti-système », ne font tous que reprendre les mêmes mots d’ordre que les partis au pouvoir (croissance économique, classique ou « alternative » ; augmentation des emplois salariés). Surtout, ils légitiment tous le mandat représentatif en se présentant aux élections. Alors que l’abstention retire au pouvoir sa légitimité. Cela dit, si l’on se contente de s’abstenir sans pour autant essayer de changer les choses, cela revient effectivement à la même chose que de voter, c’est-à-dire à rien.

En gros, tu penses que les politiciens sont tous pourris ?

Non, je suis persuadé que beaucoup d’entre eux sont sincères. Je dirais plutôt qu’une fois au pouvoir, tous les élus se retrouvent contraints de tempérer voire de bafouer la plupart de leurs promesses. Et pas seulement parce que rien ne les oblige à les tenir, mais aussi et surtout parce qu’en souscrivant au jeu électoral, ils s’inscrivent dans des contraintes fondamentales, les obligeant à défendre la propriété privée ou étatique. D’une part, ces élus n’ont aucune latitude sur les moyens de production, d’échange et de distribution privés. D’autre part, même dans le cas d’une régie publique ou d’une nationalisation de ces moyens, leurs choix sont restreints, car ils dépendront encore du marché, de la concurrence. Les travailleurs resteront des salariés, c’est-à-dire qu’en plus de se faire extorquer une plus-value, ils n’auront pas voix au chapitre, ni sur la nature, ni sur la destination de leur production de services ou de biens.

Tu caricatures : de plus en plus d’institutions publiques, et même des entreprises, prônent une certaine forme de démocratie participative ! Tu n’es jamais allé à des conseils de quartier ?

Si, je l’ai déjà fait, et j’en suis revenu. Non seulement les budgets sont ridicules, non seulement les champs de décision qui sont laissés à ces conseils sont dérisoires, mais au final, ce sont les élus qui décident ou non de valider les projets. La participation propose, elle ne décide de rien, au mieux de la couleur du papier-peint. Elle permet aux élus de profiter à bon compte des idées qu’ils jugeront compatibles avec les leurs, et surtout de donner un vernis démocratique à leur pouvoir pour désamorcer les contestations. De fait, il suffit de voir le nombre minuscule de participants volontaires à ces simulacres, pour se rendre compte que l’immense majorité des gens n’ont aucune illusion sur ces dispositifs.

Ne pas voter c’est une attitude cynique, l’apolitisme c’est du je-m’en-foutisme, il faut s’engager en tant que citoyen !

Je ne suis pas cynique, je renonce encore moins à m’engager et je m’intéresse au politique, dans le sens où je consacre beaucoup de mon temps aux luttes et aux alternatives de vie avec les autres. Je ne pense pas avoir de leçon à recevoir à ce sujet, de la part des personnes qui considèrent qu’agir politiquement ne consiste qu’à déposer de temps à autre un papier dans une urne, pour déléguer leur capacité d’action et de réflexion à de prétendus spécialistes.

Comme tous les gens qui se prétendent « révolutionnaires », tu rejettes les réformes et le progrès social. Tu ne votes pas, parce que tu préfères le confort de l’idéalisme et de l’utopie, alors que tu pourrais améliorer les choses ici et maintenant en votant !

Même si je souhaite un changement radical de société, je n’ai rien contre des réformes qui amélioreraient réellement, ici et maintenant, les conditions de vie… Bien au contraire, je suis un prolo et je voudrais vivre mieux. Mais justement je constate, aussi bien à partir de ma petite expérience des luttes qu’en me renseignant sur les luttes historiques, que ces réformes ne sont concédées par les pouvoirs qu’à l’issue de rapports de force sur le terrain social, pas à la suite d’élections. Par exemple, l’augmentation des salaires et les congés payés n’ont jamais été au programme du front populaire : c’est par la grève générale que ces progrès sociaux ont été concédés. En général, les droits et les acquis sociaux sont concédés par le pouvoir étatique et patronal lorsque celui-ci a peur de tout perdre, quand les gens s’organisent par eux-mêmes et se passent de lui. En revanche, les droits reculent dans les faits lorsque les gens ne se battent plus, qu’ils se contentent de voter en espérant que cela changera quelque chose.

Tu généralises un peu vite… et le droit à l’avortement alors ? Sans Simone Veil et des députés courageux, il n’aurait jamais été conquis !

C’est pourtant un très bon exemple de ce que je viens de dire. C’est sous la pression des militantes féministes, organisant un réseau efficace avec des personnels médicaux engagés permettant aux femmes d’avorter, que l’Etat a dû entériner ce qui lui échappait. C’est parce que les féministes n’ont rien lâché que cette loi, d’abord provisoire, est passée dans le droit. A contrario, c’est parce qu’une partie des luttes féministes se sont depuis institutionnalisées, que les moyens d’avorter reculent aujourd’hui, voire que le droit à l’avortement est remis en question.

Et l’abolition de la peine de mort ?

Cette avancée sociale a été le résultat d’âpres luttes anticarcérales… Et elle s’est assortie d’un prolongement des peines, dans les faits, au point que beaucoup de taulards n’ont pas manqué de parler d’une peine de mort lente. Aujourd’hui d’ailleurs, on meurt beaucoup plus dans les prisons qu’avant l’abolition de la peine de mort.

Et la Sécurité sociale ? C’est parce que les communistes pesaient à l’issue de la guerre, qu’elle a été instaurée !

Les premières caisses de chômage, de maladie, d’accidents du travail, visant à soulager la souffrance des travailleurs exploités, ont été le fait d’organisations ouvrières indépendantes du pouvoir, dont le principe étaient de lutter en toute autonomie contre l’oppression de l’état et du capitalisme. Tu n’es pas sans savoir que le syndicalisme du début du XXème siècle a refusé la sécurité sociale d’Etat, parce que cela aurait signifié que les cotisants perdaient leur pouvoir de décision, que l’Etat s’emparerait de ces caisses. Tu parles de la libération et du conseil national de la résistance ; mais d’une part, les communistes ont pesé parce qu’ils étaient armés et non parce qu’ils étaient élus, et parce qu’il y avait de forts mouvements de grève à la libération… ce qui montre bien que c’est le rapport de force dans les luttes sociales qui pèse, non le bulletin de vote. D’autre part, le parti communiste a entériné le fait que l’Etat fasse main basse sur des caisses indépendantes du pouvoir, transformant ainsi la solidarité en tutelle. Aujourd’hui, la sécurité sociale n’est presque plus gérée par les travailleurs eux-mêmes, mais par l’Etat et le patronat. Non seulement les cotisations sociales retournent de moins en moins dans la poche des cotisants, mais elles servent surtout à nourrir les laboratoires pharmaceutiques, biberonnés à l’argent public.

N’empêche qu’il y a urgence, sociale, écologique… se battre pour avoir des élus qui fassent progresser nos valeurs dans un gouvernement, à l’assemblée nationale, dans une mairie, même s’ils en contestent les structures et le fonctionnement, ça peut peser !

Je respecte les militants qui collent des affiches, organisent des meetings, qui donnent de leur temps pour faire élire leurs camarades parce qu’ils espèrent faire ainsi changer les choses. Je suis passé par là aussi. Mais je constate que c’est une énorme dépense d’énergie, pour que dalle. Quels progrès réels ont été obtenus par la voie électorale, qui n’étaient pas déjà effectifs du fait des luttes sociales ? Faut-il par ailleurs te refaire un historique des compromissions des partis de gauche au pouvoir, du parti communiste aux verts ? Cette institutionnalisation est passée pour une trahison pour nombre de militants sincères. Au lieu de pousser les gens à s’organiser de façon plus autonome, ces compromissions les ont dégoûtés, désenchantés, et la répression a fait le reste.

Peut-être, mais pourquoi condamner d’avance de nouvelles listes qui se présentent ? Ca fait une tribune à nos idées !

Les élus sincères voulant réellement bousculer les choses en société étatiste et capitaliste sont toujours minoritaires, face au pouvoir des oligarchies qui détiennent les moyens de production, qui ont leurs réseaux de communicants, de publicitaires, leurs médias de masse, leurs élus, leur bureaucratie et leurs moyens de répression. Pire, pour pouvoir continuer à « peser », les « camarades » élus cautionnent de fait, bon gré mal gré, les mesures dégueulasses du pouvoir auquel ils participent. Sans même parler du jeu des alliances électorales entre deux tours, le scrutin majoritaire les plie à reconnaître la légitimité soi-disant démocratique d’élus qui écrasent les libertés réelles. Les plus sincères finissent digérés par le système qu’ils prétendaient combattre, ou bien démissionnent de leur parti. La croyance que l’on peut déléguer le changement que l’on souhaite à des élus annihile notre action sur le terrain social. La croyance qu’une tribune électorale pourrait changer les choses nous empêche de nous exprimer nous-mêmes. Tandis que le spectacle politique progresse, le droit de manifester, de se rassembler, de coller des affiches et de diffuser des journaux libres est de plus en plus réprimé. La croyance en la légitimité de la majorité à décider pour nous contribue à opprimer les minorités qui agissent réellement.

Ton raisonnement se dit inspiré par les expériences historiques, mais est-ce que tu penses à tous ces révolutionnaires qui sont morts pour obtenir ce droit de vote ? Ne pas user de ce droit, c’est mépriser leur mémoire !

En effet, des personnes sont mortes et meurent toujours pour obtenir le droit de décider de leurs vies. Lors des révolutions françaises, de la Commune de Paris, lors de la révolution russe, de la révolution allemande, de la révolution espagnole, au Mexique, dans les pays arabes… des comités d’habitants et de travailleurs se sont organisés par eux-mêmes. Lorsqu’ils désignaient des mandatés, ceux-ci devaient appliquer les décisions prises à la base, c’est ce qu’on appelle le mandat impératif. Ils étaient révocables, ils devaient rendre compte, et leurs mandats n’étaient pas professionnels, ils étaient tournants. Leurs assassins ont bien souvent été des élus, amenés au pouvoir par le vote représentatif, qui désigne des mandatés bien souvent professionnels, ayant carte blanche pour décider ce qu’ils veulent une fois élus, ne sont pas révocables avant la fin de leur mandat. Les comités de sans-culottes furent trahis par la Convention puis guillotinés par le Directoire. Les communards furent massacrés par les élus de la Troisième République naissante. Les spartakistes furent assassinés par le gouvernement social-démocrate. Les collectivistes de Catalogne furent désarmés par le gouvernement républicain et exécutés par les staliniens. Aujourd’hui encore, les populations qui se révoltent, s’organisent et luttent contre les gouvernements dictatoriaux ou démocratiques sont réprimées par les gouvernements provisoires qui s’instituent sur leur dos en récupérant leur combat, en appelant au vote. La liste est effectivement longue des gens qui sont morts, tués par la droite ou la gauche au pouvoir, parce qu’ils défendaient leur droit de décider, de désigner des élus révocables, rendant compte, appliquant des mandats impératifs. Si tu souhaites rendre hommage à ces gens, et aux gens qui continuent de mourir pour avoir le droit de décider, évite donc de dire qu’ils sont morts pour avoir réclamé le droit d’élire des « représentants »…

Facile de critiquer, tu proposes quoi à la place ?

Que toi, moi, tous les gens qui le souhaitent, luttent en action directe, c’est-à-dire sans la médiation de représentants. Qu’ils s’organisent pour leurs luttes, mais aussi pour régler leurs problèmes concrets, le logement, la nourriture, les déplacements, en inventant des alternatives qui tiennent la route. Qu’ils fédèrent leurs luttes et leurs alternatives, sans se laisser berner par les aspirants au pouvoir d’Etat.

Mouais, tout ce que tu dis c’est peut-être valable à une petite échelle, genre la commune… mais à plus grande échelle, régionale par exemple, sans parler d’échelle nationale ou internationale ?

C’est tout aussi valable, c’est même indispensable si l’on souhaite que ces initiatives locales ne soient pas digérées ou réprimées par le pouvoir. Le réseau est bien plus pertinent qu’une lourde structure pyramidale et centralisée, qui au-delà de ses aspects éminemment répressifs et autoritaires, engendre d’immenses lourdeurs administratives. De nombreux exemples historiques, récents ou actuels, de luttes ou d’alternatives sociales, montrent que les gens sont tout à fait capables de s’organiser en assemblées à plus grande échelle, comme ces milliers de collectivités fédérées dans l’Espagne libertaire en 1936-1937. Les assemblées locales d’habitants, de travailleurs et d’usagers, peuvent se coordonner en mandatant des personnes pour porter leurs avis dans une assemblée plus large, où elles feront circuler les propositions face à telle ou telle situation, leurs expériences, leurs réflexions… L’organisation répond ainsi aux attentes de base, elle est bien plus apte à trouver des solutions. Les mandatés n’ont aucune légitimité à décider par eux-mêmes, ni à contraindre d’autres personnes à adopter des fonctionnements avec lesquels ils ne sont pas d’accord. Les mandatés sont révocables, tournent. L’idéalisme et l’utopie, c’est de croire que les mêmes lois devraient s’appliquer à tout le monde, y compris aux minorités, en réalité souvent la majorité, qui ne sont pas d’accord. Place à la créativité et à l’organisation issues de nos situations concrètes et réelles, par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Mais cela passe, quoi qu’on en dise, par la réappropriation sociale des moyens de production, d’échange et de distribution, pour les socialiser, c’est-à-dire décider de la nature et de la répartition de la production.

Des assemblées partout ? Il faudrait qu’on discute de tout, genre la taille des plaques d’égout ? J’ai pas envie de passer toute ma vie à discuter de tout et de n’importe quoi, les tâches techniques nécessitent des spécialistes !

Bien entendu, et rien n’empêche qu’autant de commissions se constituent, avec les gens intéressés pour les animer. Mais il est très différent de laisser carte blanche à des « spécialistes » qui  t’imposent leurs décisions, que de leur fixer des objectifs répondant aux besoins sociaux, d’exiger qu’ils rendent compte et d’avoir le pouvoir de les révoquer si tu estimes qu’ils font n’importe quoi. Par ailleurs, nombre de compétences et de « spécialités » sont issues du modèle productiviste de la division extrême du travail. Cela dit, les gens qui souhaitent se former sur tel ou tel type de connaissances et de savoir-faire doivent pouvoir le faire librement, et accéder aux commissions dans lesquelles ils ont envie de s’impliquer. Afin que les mandats tournent, et que le plus grand nombre possible de gens soit en mesure de peser les avantages et les inconvénients que présentent toute mise en œuvre de technologies.

Oui mais comment on fait pour décider pour des infrastructures plus lourdes dont on a aussi besoin, comme les centrales nucléaires ou le train, et qui nécessitent une gestion plus centralisée ?

Les infrastructures que tu cites sont le résultat historique d’une organisation centraliste, capitaliste, très hiérarchisée de la société. Les centrales nucléaires en sont une bonne illustration, assez effrayante : issu du nucléaire militaire, le nucléaire dit civil est une technologie qui répond à un mode d’organisation social opaque, centralisé, autoritaire, sans même parler des dangers immenses du nucléaire ni du problème encore insoluble des déchets, si typique du système actuel qui s’inscrit dans une vision du profit et du court terme. Le nucléaire a été imposé aux populations. Même d’un simple point de vue technique, il signifie une immense déperdition d’énergie, le long de lignes à haute tension parcourant des centaines de kilomètres. Je pense qu’il faut démanteler les centrales nucléaires, mais aussi le monde productiviste et autoritaire qui va avec, pour relocaliser les besoins et les solutions énergétiques. Quant au train, son histoire s’inscrit elle aussi dans le développement du capitalisme le plus sauvage. Cela dit, son développement n’a pas répondu à une gestion centralisée : il ne faut pas oublier qu’à l’origine, les lignes de chemin de fer se sont développées, étendues puis connectées entre elles en réseau non du fait d’une autorité centrale d’Etat, mais du fait d’une multiplicité d’entreprises indépendantes.

Tout ça c’est bien joli, mais comment je fais concrètement pour m’impliquer dans des luttes et des alternatives ? Je vis seul, je bosse, et ce n’est pas facile de vous voir vu que vous ne vous présentez pas aux élections, même sur internet il n’y a pas grand chose… vous avez l’air d’un milieu un peu fermé.

Pourtant, de nombreuses luttes et alternatives concrètes existent près de chez toi, avec des gens comme toi et moi, qui pensent que plus on est de folles plus on rigole. Il suffit de lever les yeux de ton écran et de sortir un peu, au marché, dans les manifs et rassemblements, dans les collectifs qui luttent contre la répression, les collectifs antisexistes, les collectifs LGBT, les collectifs antifascistes, ceux qui luttent pour le droit au logement, qui soutiennent les migrants, les prisonniers… dans les associations paysannes, les échanges de savoir, la culture populaire, les modes de vie alternatifs… et pourquoi pas le syndicat actif de ta boîte ? Tu peux aussi créer ton propre collectif avec des proches ou des gens qui se sentent concernés par les mêmes choses que toi. Changer ta vie ne tombera pas du ciel et ne dépend que de toi. A condition de te faire plaisir et de ne pas tomber dans l’austérité militante, tu pourrais bien y prendre goût très vite ! »
 

Juanito, 5 février 2014 
 

★ Mais pourquoi tu ne votes pas ?
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