★ L’anarchisme et le communisme libertaire

Publié le par Socialisme libertaire

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★ Extrait de la Plate-forme d’organisation des communistes libertaires (1926), 
par Archinov, Nestor Makhno, Ida Mett, Valesvsky, Linsky. 
 

« La lutte des classes créée par l’esclavage des travailleurs et leurs aspirations à la liberté fit naître dans les milieux des opprimés l’idée de l’anarchisme : l’idée de la négation du système social fondé sur les principes de classes et de l’État, et de son remplacement par une société libre et non-étatiste des travailleurs s’administrant eux-mêmes.

L’Anarchisme naquit donc, non pas des réflexions abstraites d’un savant ou d’un philosophe, mais de la lutte directe menée par les travailleurs contre le capital, des besoins et des nécessités des travailleurs, de leurs applications vers la liberté et l’égalité, aspirations qui deviennent particulièrement vives aux meilleures époques héroïques de la vie et de la lutte des masses laborieuses.

Les penseurs éminents de l’anarchisme, Bakounine, Kropotkine et d’autres n’ont pas créé l’idée d’anarchisme mais, l’ayant trouvée dans les masses, ont simplement aidé par la puissance de leur pensée et de leurs connaissances, à la préciser et à la répandre.

L’anarchisme n’est pas le résultat d’œuvres personnelles ni l’objet de recherches individuelles.

De la même façon, l’anarchisme n’est nullement le produit d’aspirations humanitaires. L’humanité « une » n’existe pas. Toute tentative de faire de l’anarchisme l’attribut de toute l’humanité telle qu’elle est actuellement, de lui attribuer un caractère généralement humanitaire, serait un mensonge historique et social qui aboutirait infailliblement à la justification de l’ordre actuel et d’une nouvelle exploitation.

L’anarchisme est généralement humanitaire uniquement dans le sens que les idéaux des classes laborieuses tendent à rendre saines la vie de tous les hommes, et que le sort de l’humanité d’aujourd’hui ou de demain est lié à celui du travail asservi. Si les masses laborieuses sont victorieuses, l’humanité toute entière renaîtra. Si elles ne vainquent pas, la violence, l’exploitation, l’esclavage, l’oppression régneront comme auparavant dans le monde...

La naissance, l’épanouissement la réalisation des idéaux anarchistes ont leurs racines dans la vie et la lutte des masses laborieuses et sont inséparablement liés au sort de ces dernières.

L’anarchisme aspire à transformer la société bourgeoise et capitaliste en une société qui assurerait aux travailleurs les produits de leurs travail, la liberté, l’indépendance, l’égalité sociale et politique. Cette autre société sera le communisme libertaire. C’est dans le communisme libertaire que trouvent leur pleine expansion la solidarité sociale et la libre individualité, et que ces deux idées se développent en parfaite harmonie.

Le communisme libertaire estime que l’unique créateur des valeurs sociales est le travail, physique et intellectuel, et pas conséquent que seul le travail a le droit de gérer toute la vie économique et sociale. C’est pourquoi il ne justifie ni n’admet en aucune mesure l’existence des classes non laborieuses.

Tant que ces classes subsisteront en même temps que le communisme libertaire, ce dernier ne reconnaîtra pas de devoir envers elles. Ce ne sera que lorsque les classes non laborieuses se décideront à devenir productives et voudrons vivre dans la société communiste aux même conditions que tous les autres qu’elles y prendront une place analogue à celles de tout le monde, c’est-à-dire celle des membres libres de la société jouissant des même devoirs que tous les autres membres laborieux.

Le communisme libertaire aspire à la suppression de toute exploitation et de toute violence, aussi bien contre l’individu que contre les masses. Dans ce but, il établit une base économique et sociale qui unifie en un ensemble harmonieux toute la vie économique et sociale du pays, assure à tout individu une situation égale à celle des autres, et apporte à chacun le maximum de bien-être. Cette base est la mise en commun sous forme de socialisation, de tous les moyens et instruments de production (industrie, transports, terre, matières premières,...) et l’édification d’organismes économiques sur le principe de l’égalité d’auto-administration des classes laborieuses.

Dans les limites de cette société autogérée des travailleurs, le communisme libertaire établit le principe d’égalité de la valeur et des droits de tout individu (non pas de l’individualité « en général », ni non plus de « l’individualité mystique ou du concept de l’individualité », mais de l’individu concret).

C’est de ce principe d’égalité, et aussi de ce que la valeur du travail fourni par chaque individu ne peut être mesurée ni estimée que découle le principe fondamental économique, social et juridique du communisme libertaire : « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». »
 

★ L’anarchisme et le communisme libertaire
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