★ L’ESPAGNE 36 ET SES DÉTRACTEURS
" La Révolution espagnole est un moment historique important pour tout mouvement voulant l’émancipation et la création d’une société libertaire. A l’heure actuelle nous assistons à de nombreuses attaques contre celle-ci en provenance des propres rangs qui, au contraire, devraient l’étudier.
Disons le clairement, il n’y a pas de sacralisation à faire, il y a une période à comprendre, avec des exemples très riches pour l’avenir. La plupart des critiques cherchent la « petite bête », le petit fait pour dire « ça c’est pas anarchiste, ça c’est pas bien ». Par ce comportement les détracteurs ne font que prouver qu’ils ne sont ni dans une étude historique ni dans une démarche anarchiste. Ni étude historique puisqu’il ne sont pas dans une méthodologie, tel un historien, mais plutôt en idéologue. Ni d’anarchiste car comme le rappelait Bakounine dans « Dieu et l’Etat » nous ne sommes pas des idéalistes mais des matérialistes, ce qui signifie qu’on ne peut pas regarder ces événements sans tenir compte des difficultés rencontrées et sans comprendre la situation de départ.
Sur ce point, l’idée que ce serait une révolution manquée est totalement fausse. Ce fut une révolution trahie, et ce, notamment par les communistes staliniens. Le parti communiste espagnol soutenu par l’URSS a tout fait pour détruire les œuvres construites par les anarchistes de la CNT-AIT et de la FAI.
Quelques exemples :
Duclos, communiste français vénéré par le PCF était surnommé le Boucher d’Albacete…
Les colonnes étaient majoritairement anarchistes, l’URSS interférait pour qu’ils n’aient pas la livraison des armes. Ils collaborèrent avec les bourgeoisies d’Europe pour empêcher les livraisons aux colonnes et aux collectivités autogérées.
Les staliniens (le français Marty en tête) se lance dans l’assassinat ciblé des militants anarchistes les plus influent (tel Berneri, Durruti…)
Une propagande communiste mensongère contre la CNT/FAI fut encore plus virulente que celle contre les franquistes qui pourtant devaient être l’ennemi commun.
Cette basse propagande fut telle, que les fascistes rouges du PCE ont réclamés le retour de la propriété privée pour les petits patrons et les propriétaires terriens (la majorité des paysans ayant collectivisé les terres étaient anarchosyndicalistes)
La seule chose que construiront les Rouges c’est 2 camps de concentration !
Il est donc facile de comprendre que pris entre les Rouges, les Franquistes et les différents clans bourgeois (républicains ou nom), il est difficile de parler d’anarchisme pur comme si tout allait rouler sur des roulettes !
Et pourtant les compagnes et compagnons anarchistes ont mis en place l’expropriation puis la collectivisation des terres et des moyens de production (voir l’Espagne Libertaire de Gaston Leval). Et pourtant les anarchistes ont lutté et remporté des batailles face aux fascistes de Franco. Au passage rappelons que sous l’impulsion de Durruti les colonnes ont interdit la torture. Le même Durruti qui refusera la militarisation, c’est à dire qu’au lieu de faire une structures pyramidale militaire, il y avait des Conseils qui désignaient les plus qualifiés aux postes stratégiques à pourvoir.
Sur les collectivisations, il y eu la mise en place des hôpitaux gratuits, l’éducation gratuite, nourriture pour tous etc. On pourra toujours chercher dans les détails ce qui ne va pas, mais n’oublions pas que nous parlons de mise en place d’une société libertaire en temps de guerre. Tous les théoriciens anarchistes le savaient et l’ont dit et ceci de manière différentes selon les auteurs (autrices) : l’anarchisme se construit aussi pendant la révolution mais l’anarchisme total sera construit qu’une fois le calme assuré sans les contraintes de la période troublée.
Personne ne dit, que ce soit sur les colonnes ou sur les collectivisations, qu’ils furent l’Alpha et l’Oméga de ce que doit être une révolution sociale aujourd’hui, mais il n’en reste pas moins que c’est une des principales sources d’enseignement pour la Révolution future.
Regardons à nouveau les détracteurs. Ils vont évidemment pointer du doigts les 5 ministres « anarchistes » qui par définition, en devenant ministre cessent de l’être, ils ne parlent jamais de la base de la CNT/FAI qui s’y oppose, ni des différents groupes qui les critiqueront durement (les amis de Durruti, les jeunesses libertaires pour les plus connus). Garcia Oliver et Frederica Montseny, reconnaitront par la suite que ce fut une erreur, mais que sur le coup, ne sachant pas comment faire, ont malheureusement pensés qu’il y avait une utilité stratégique. Que cette erreur ne soit pas oubliée par le futur.
Si cette question les touche tellement, pourquoi ne republient-ils pas les textes des anarchistes de l’époque qui se sont opposés ? En disant « voila où était l’anarchisme, voila celles et ceux qui avait raison » ? Il est même louche que ces détracteurs préfèrent faire une fixette sur les ministres au lieu de développer l’œuvre constructive de la Révolution Espagnole. Surtout que parmi ces détracteurs il y en a qui passent leur temps à lécher le cul aux mélenchoniens et à la CGT… Et il n’y a pas de guerre civile en explication des égarements.
Ceci rejoint un grave problème des anarchistes en France, qui pour la plupart on bloqué a la Commune (sans la comprendre), à Pouget (sans l’appliquer) et à 2-3 chansons de Ferré. Moralité les immigrés anarchistes espagnols furent majoritairement des résistants en 40, alors que l’anarchisme français a eu plus de collabos que de résistants (collaboration venant d’un pacifisme extrémiste et à un manque de culture anarchiste et révolutionnaire). Nous en souffrons toujours et les détracteurs sont les héritiers sans le savoir de ceux qui gueulaient « Plutôt Pétain que des combats ».
Une dernière chose que ces détracteurs n’ont pas compris, et pas qu’eux d’ailleurs. En nous réclamant des idées anarchistes, nous sommes internationalistes et par conséquent parmi la vaste et riche histoire du mouvement, nous n’avons pas de frontières. Ainsi seules nos réflexions et nos cœurs nous pousserons vers tels ou tels auteurs anarchistes ou périodes révolutionnaires. De Buenos aires à Moscou en passant par l’Espagne et par tout les territoires du monde nous sommes tous les héritiers de l’histoire de l’émancipation humaine qui se nomme l’Anarchisme. Qu’importe sa propre origine.
Qui nie l’Histoire condamne l’avenir.
Pour conclure, puisque ce texte s’adresse avant tout aux anars et proches curieux, citons une anecdote pour tout le monde.
Lors de la Révolution espagnole, un étrange personnage décida de rejoindre les colonnes anarchistes pour apporter ses connaissances et son expériences, c’était un général français ! Personne ne comprenait son choix, voici ce qu’il répondit :
« Je ne suis pas anarchiste, mais il n’y a qu’aux anarchistes à qui j’ai confiance. » "
- SOURCE : Le Café Anarchiste
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