★ Où se situent les anarchistes sur l’échiquier politique ?

Publié le par Socialisme libertaire

politique anarchisme gauche droite



Un point de vue donné dans Le Monde Libertaire en 2012 :

" Selon la réponse, découleront grilles d’analyses, schémas de pensée, postures, propagandes, slogans, milieux où militer, choix des luttes, et de fait, échecs ou réussites en termes politiques. C’est-à-dire influence croissante ou non de leurs idées sur la société. On conçoit que la question soit d’importance.

Les anarchistes se situent-ils à la gauche de la gauche de la gauche ? Je l’ai longtemps pensé. Comme je venais de la « gauche de la gauche », ça ne me faisait qu’un petit pas de côté… Je suis désormais persuadé que cette perception est un piège dans lequel nous nous enfermons à la gauche de la gauche – la révolution tardant à venir –, la préoccupation majeure, c’est d’influencer la gauche. Peser sur les choix du parti d’à côté qui est plus gros, plus puissant. Faire pression, dans les luttes, aux élections, parfois piquer des militants aux autres, le plus souvent distiller des idées. Alors à la gauche de la gauche de la gauche, on ferait quoi ? Influencer LO, NPA ou Front de gauche ? Pas vraiment. Soit. Le PS ? Que nenni. Reste quoi ? La droite, l’extrême-droite… T’es pas ouf ! ? Alors tous les non-militants, mais qui n’en pensent pas moins, ceux que la politique ennuie ? On peut faire un inventaire à la Prévert…

Bon et maintenant regardons la propagande anarchiste dans les yeux et dites-moi à qui elle s’adresse ? Au premier coup d’œil, elle est repérable comme anarchiste ? Oui ? Dommage, fallait pas. Quel individu de droite la prendra, la lira et sortira de sa lecture interloqué, surpris, ébranlé ? Vous pouvez remplacer « de droite » par « de gauche » ou « de rien du tout », si cela vous rassure. Mais je maintiens que nous devons influencer aussi à droite. Vous pouvez aussi substituer « voir » ou « écouter » à « lire ». La question reste celle-ci : nous adressons-nous aux anarchistes, ou à tous ? Pourtant, la société moins injuste, plus démocratique – je n’arrive plus à écrire « idéale » –, elle se construit avec les gens… donc faut bien s’adresser à eux, non ? Tous, pas seulement ceux qui nous sont déjà proches. S’il faut résister à l’idéologie dominante, et lui opposer d’autres idées, d’autres analyses, d’autres mœurs, d’autres pratiques, le champ de bataille est l’ensemble de la société, pas un microcosme.

Avec le temps, nous avons intégré la grille de lecture de la vie politique qui nous marginalise, nous y complaisons-nous ? Sauf à servir d’épouvantails quand le pouvoir l’estime nécessaire.

Quand prendrons-nous l’initiative ? Quand impulserons-nous le tempo, plutôt que de suivre celui que d’autres imposent ? Quand nous concentrerons-nous sur l’essentiel, ce qui nous distingue de tous les politiciens et de tous les politiques ? Comme dit ma grand-mère : « Faut un nouveau Mai-68 ! » Oui. Et pas pour le pavé dans la gueule du flic, pour l’influence libertaire dans les années qui suivirent. Pour les remises en cause des pouvoirs dans tous les domaines de la vie sociale. Pour les têtes qui se relèvent, les yeux qui pétillent et les discussions spontanées avec des inconnus. Pour la réflexion qui s’empare de chaque aspect du quotidien.

Nous ne ferons pas cela seuls, nous en sommes incapables et nous y sommes opposés. Nous nous refusons à être un parti dont il faudrait suivre les consignes lancées par une poignée de dirigeants. Nous savons qu’il y a là en germe la dictature future. Mais le seul antidote à une dictature, ou à de nouveaux reculs sociaux, ce sont les gens. Nommez cela comme vous voulez : révolution, retour de balancier, fin de la période de régression, changement de paradigme, ce sera une somme d’actes, de pensées, d’expériences, de relations… Tout est en germe déjà aujourd’hui, dans les domaines les plus divers, et nous n’en sommes ni les auteurs, ni les initiateurs. C’est cela (ceux-là) qu’il nous faut fédérer. C’est à ceux-là que nous devons nous adresser, si nous avons quelque chose d’intéressant à proposer. "
 

★ Où se situent les anarchistes sur l’échiquier politique ?
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