★ UNE RÉVOLUTION QUI EST BEAUCOUP DE RÉVOLUTIONS
★ Peter Gelderloos : extraits de L'anarchie fonctionne (Anarchy Works, 2010).
« Beaucoup de gens pensent que les révolutions suivent toujours un parcours tragique, de l'espoir à la trahison. Le résultat final des révolutions en Russie, en Chine, en Algérie, à Cuba, au Vietnam et ailleurs a été l'établissement de nouveaux régimes autoritaires - certains pires que leurs prédécesseurs, d'autres à peine différents. Mais les grandes révolutions du 20e siècle ont été menées par des autoritaires qui avaient l'intention de créer de nouveaux gouvernements, et non de les abolir. Il est maintenant évident, si ce n'est pas déjà fait, que les gouvernements maintiennent toujours des ordres sociaux oppressifs.
Mais l'histoire est pleine de preuves que les gens peuvent renverser leurs oppresseurs sans les remplacer. Pour ce faire, ils doivent se référer à une culture égalitaire, ou à des objectifs, des structures et des moyens explicitement anti-autoritaires, et à un ethos égalitaire. Un mouvement révolutionnaire doit rejeter tous les gouvernements et toutes les réformes possibles, afin de ne pas être récupéré comme beaucoup de rebelles en Kabylie et en Albanie. Il doit s'organiser de manière souple et horizontale, en veillant à ce que le pouvoir ne soit pas délégué en permanence aux dirigeants ou ancré dans une organisation formelle, comme cela s'est produit avec la CNT en Espagne. Enfin, elle doit tenir compte du fait que toutes les insurrections impliquent des stratégies et des participants divers. Cette multitude bénéficiera de la communication et de la coordination, mais elle ne doit pas être homogénéisée ou contrôlée à partir d'un point central. Cette uniformisation et cette centralisation ne sont ni souhaitables ni nécessaires ; les luttes décentralisées telles que celles menées par les Lakotas ou les squatters à Berlin et à Hambourg se sont révélées capables de vaincre les forces plus lentes de l'État.
Une nouvelle façon de penser peut naître dans le processus de résistance, à mesure que nous faisons cause commune avec des étrangers et que nous découvrons nos propres pouvoirs. Il peut également être nourri par les environnements que nous nous construisons. Une pensée véritablement libératrice n'est pas seulement un nouvel ensemble de valeurs, mais une nouvelle approche de la relation entre l'individu et sa culture ; il exige que les gens passent du statut de récepteurs passifs de la culture à celui de participants à sa création et à sa réinterprétation. En ce sens, la lutte révolutionnaire contre la hiérarchie ne se termine jamais, mais se poursuit d'une génération à l'autre.
Pour réussir, la révolution doit se produire sur plusieurs fronts à la fois. Il ne sera pas possible d'abolir le capitalisme tout en laissant l'État ou le patriarcat intact. Une révolution réussie doit être composée de plusieurs révolutions, accomplies par des personnes différentes utilisant des stratégies différentes, respectant l'autonomie de chacun et construisant la solidarité. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais au cours d'une série de conflits qui se renforcent les uns les autres.
Les révolutions ratées ne sont pas des échecs si les gens ne perdent pas espoir. Dans leur livre sur la rébellion populaire en Argentine, deux militants britanniques terminent par les mots d'un piquetero de Solano :
Je ne pense pas que décembre 2001 ait été une occasion perdue pour la révolution, ni qu'il s'agisse d'une révolution ratée. Elle faisait et fait toujours partie du processus révolutionnaire en cours ici. Nous avons tiré de nombreuses leçons sur l'organisation et la force collectives, et sur les obstacles à l'autogestion. Pour beaucoup de gens, cela leur a ouvert les yeux sur ce que nous pouvons faire ensemble, et sur le fait que prendre le contrôle de nos vies et agir collectivement, que ce soit dans le cadre d'un pique-nique, d'une boulangerie collective ou d'un club extrascolaire, améliore considérablement la qualité de nos vies. Si la lutte reste autonome et avec le peuple, le prochain soulèvement aura des bases solides sur lesquelles s'appuyer... [1] »
Peter Gelderloos, Barcelone, décembre 2008.
NOTES :
[1] Natasha Gordon and Paul Chatterton, Taking Back Control : A Journey through Argentina’s Popular Uprising, Leeds (UK) : University of Leeds, 2004.
- SOURCE : Bibliothèque Anarchiste
★ L'anarchie de A à Z : " R " comme Révolution - Socialisme libertaire
★ L'anarchie de A à Z : " R " comme Révolution. " Notre projet politique, l'égalité et la liberté intégrale pour toutes et tous dans toutes les sphère de la vie, est impossible à réalise...
https://www.socialisme-libertaire.fr/2019/04/l-anarchie-de-a-a-z-r-comme-revolution.html
★ L'ANARCHIE DE A À Z : « R » COMME RÉVOLUTION.