★ Lutte contre l’homophobie : n’oublions pas !

Publié le par Socialisme libertaire

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« Zemmour continue son révisionnisme. Après son copié-collé de l’interview de Darquier de Pellepoix dans L’Express en 1978, justifiant la politique antisémite de Vichy, il dit maintenant que les déportations par les nazis d’homosexuels en France sont une légende.

Manifestement, il n’a pas entendu parler de Pierre SEEL, qui a pourtant témoigné de son arrestation et sa déportation. Par contre, il n’a pas pu entendre Jo, l’amour de Pierre, témoigner de son calvaire : il a été assassiné par les nazis de la manière la plus horrible qui soit…

Certes, quand Jo et Pierre Seel ont été déporté, techniquement ils n’étaient pas "en France" mais en Alsace, qui était allemande au moment où il s’est fait déporter (ce qui veut dire au passage que Zemmour reconnait l’annexion de l’Alsace par les nazis…). Leur arrestation par les nazis a été permise parce qu’ils avaient été fichés à leur insu pour homosexualité AVANT la guerre, par la très républicaine et démocratique police FRANCAISE.

Oui hier comme aujourd’hui l’homophobie tue ! N’oublions pas et continuons la lutte !

Comprendre les leçons de l’Histoire : Pierre Seel, homosexuel déporté par les Nazis grâce au fichier de la police française.

Ce n’est que le 17 mai 1990, que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rayé l’homosexualité de la liste des maladies mentales. En 1960, l’homosexualité fut même définie par la loi française comme « fléau social », loi qui ne fut abolie que le 4 août 1982. L’homosexualité est encore considérée comme une maladie dans de nombreux pays, et aussi par de nombreux courants d’extrême-droite nationalistes européens adeptes des soi-disant « thérapies de conversions ».

En 1939, avant la guerre, le jeune Pierre Seel, qui fréquentait les lieux de drague homosexuels de Mulhouse, était fiché comme homosexuel par la police française, et ceci alors qu’il n’avait jamais été arrêté ni même interrogé. En fait, comme il s’était fait voler sa montre dans un de ces lieux, il avait été au commissariat porter plainte. Les policiers n’avaient bien entendu rien fait pour retrouver sa montre, mais par contre ils avaient fait immédiatement le rapprochement entre sa présence sur ce lieu et ses "fréquentations". Les policiers l’avaient donc fiché à son insu comme homosexuel. Du « contact tracing » avant l’heure…

Lorsque les nazis occupèrent Mulhouse, quelques mois plus tard, Pierre Seel fut convoqué par la Gestapo. Pierre, qui n’avait jamais rien fait d’illégal, ne pouvait s’imaginer que les nazis avait mis la main sur le fichier. Les nazis avaient scrupuleusement épluché le fichier et s’étaient mis en tête d’aller chercher tous les homosexuels qui y figuraient, car ils présentaient « un risque pour la santé du corps social aryen », selon leur terminologie.

Le 3 mai 1941, avec une douzaine de compagnons d’infortune, il est arrêté. Ils sont interrogés, torturés et violés pendant deux semaines, avant d’être envoyés au camp de sûreté et de redressement de Schirmeck-Vorbruck.

Là, Jo, son premier amour, fut déchiqueté par les chiens sous ses yeux. Pour les nazis, les homosexuels ne méritaient ni la balle, ni la corde. Ils devaient être traités comme des déchets. Après-guerre, seul, face à une hostilité sociale généralisée, il a dû cacher son terrible secret.

Ce n’est que tardivement, qu’à la fin des années 80 que Pierre Seel, lui-même catholique, mais écœuré par les mensonges de l’église qui en 1989 traita les homosexuels “d’infirmes”, laissa éclater sa révolte trop longtemps étouffée. Il lui fallait alors dire, raconter, expliquer au plus de personnes possibles. Il a pu compter sur le soutien des militants de la CNT-AIT, dont certains lui apportèrent à sa demande une aide dans son travail de secrétariat. Bien qu’il n’était pas anarchosyndicaliste, nous partagions une même révolte face à la haine de ceux qui veulent faire rentrer tout le monde dans la « norme sanitaire » et sociale.

La leçon que nous avons tirée de ce compagnonnage avec Pierre Seel, c’est que les listes, les fichiers, sont toujours l’antichambre du totalitarisme. Et qu’un fichier établit de « bonne foi » pour protéger la « santé » de la société, quand il tombe dans des mains totalitaires est un puissant outil pour la mise en œuvre de projets funestes.

C’est aussi parce que nous n’oublions pas Pierre Seel et ses combats, que nous nous opposons à la biométrie et aux QR Code sanitaires de la traçabilité électronique, outils monstrueux qui servent à établir des listes et fichiers de contacts en temps quasi réel, pour des motifs soi-disant sanitaires, mais qui tiennent plus du contrôle social.
Si demain l’extrême-droite arrivait au pouvoir en France, qui sait l’usage qu’elle pourrait faire d’un tel système… »

Des compagnons et compagnes de la CNT-AIT

 

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