Les dieux au scalpel du rationalisme
Les dieux au scalpel du rationalisme - Athéisme, vers un monde sans dieux,
par Fabien Micolod - 16/07/2018.
« Introduction
Je suis. N'y a-t-il pas chose plus improbable dans l'univers que le simple fait d'exister, et mieux de pouvoir se poser la question. Qu'apporter à ce monde où ce qui donne sens n'est que ce que nous tentons de faire ? La connaissance éclaire mieux le monde et donne des satisfactions.
La terre est une planète rare. Elle a vu se développer le phénomène du vivant. La théorie Darwinienne donne les grands mouvements de l'évolution de l'apparition de la vie. L'une des espèces a connu une évolution qui lui a permis de cerner certaines des règles qui régissent son écosystème. L'humanité a cette particularité d'avoir développé un savoir vérifié, à la fois empirique et raisonné du monde tel qu'il est. Cette planète est, jusqu'à preuve du contraire que je suppose probable, la seule capable d'accueillir la vie organique. L'humain, genre pan, espèce homo dite sapiens a envahi quasiment toutes les niches écologiques de la planète. C'est un animal grégaire et social. Sachant cela, la gestion de la planète est devenue un enjeu de la survie de la majorité des espèces évoluées, car l'humain est une espèce non seulement endémique, mais aussi destructrice de son écosystème. Mais l'idéologie a toujours dénié le réel pour des buts ignorants le réel.
La planète est issue d'un univers catastrophique. Les circonstances d'apparition de la terre, sans même remonter à celle de l'univers, sont d'une violence sans mesure. Le soleil est lui-même issu d'une partie d'un autre soleil. Pour preuve, la chaleur de notre soleil est insuffisante pour créer la totalité des atomes présents sur la planète. La terre, ainsi que les autres planètes de notre système solaire, sont des morceaux de matières arrachés dans des circonstances méconnues du soleil. Les débuts du vivant restent sujets à spéculation. L'humain est issu d'une histoire de la physique de l'univers et de la planète. Et la physique moderne apprend que l'univers et la matière sont d'une complexité, si j'ose le mot, infinie.
L'humain est une créature limitée. S'il a acquis des connaissances concrètes sur le fonctionnement du monde, il est aussi limité par son histoire biologique, sociologique, historique et personnelle. D'autres éléments peuvent intervenir. L'individu ne peut pas échapper à ce réel qui l'entoure. Cela a pour conséquence de le mettre face à la matérialité violente du monde, même sans que l'humain intervienne. Il a la possibilité, grâce à sa conscience réflexive, d'améliorer son existence. Le religieux, en tant que forme politique, entrave toute réflexion sur ce type de question, en affirmant la prédominance d'un discours sur le réel. L'idéologie y remplace le réel, et le déni du réel empêche une réflexion posée sur l'amélioration individuelle et collective de cette réalité.
Car l'humain, tout capable de conscience réflexive, reste un être biologique. Sa capacité à rationaliser les éléments du réel dépend d'éléments qui ne sont pas uniquement issu de la raison. Le ressenti sensitif, émotionnel entre en compte. Et de là à dénier l'expérience vécue pour se réfugier dans des mondes déraisonnables, c'est une chose qui peut arriver à tous, mais qu'il est préférable d'éviter. Les sociétés humaines ont leur part d'aveuglement, qui n'incite guère l'individu à faire face au monde. Les mythes, s'ils ont toujours des éléments intéressants pour former et comprendre la psyché humaine, sont infondés scientifiquement. Pourtant il reste nécessaire de se débarrasser de ces chimères.
L'humain, je me répète, a une capacité de questionnement du réel. La tradition rationnelle a cette qualité de savoir se remettre en question. Surtout, la méthode scientifique apporte des réponses concrètes aux difficultés. La médecine soigne, avec des apports de la biologie et de la chimie. L'architecture peut permettre d'améliorer les conditions de vie. Les questionnements sur les origines de l'univers sont suffisamment fantastiques pour être épurés de tous éléments fantaisistes. Il faut expérimenter plutôt qu'affirmer une pseudo vérité destiné à se rassurer. Si la réponse reste peut-être inaccessible, l'émerveillement au monde est plus intense.
Les religions ont ce défaut d'affirmer, et c'est encore plus vrai dans le cas des religions écrites, que toute vérité sort des tenants de cette forme politique de sociabilisation. Fondamentalement, dans toute religion, l'enseignement ésotérique, destiné aux prêtres et aux disciples de premier ordre, est destiné à assurer le pouvoir et le confort des prêtres. L'enseignement exotérique, destiné à la masse des croyants, est destiné à fixer l'asservissement et l'obéissance à ces sectateurs. La religion est un système politique fondamentalement inégalitaire. C'est une bonne raison pour se débarrasser des dieux et de leurs soutiens.
De la définition des dieux
Les dieux sont des créations humaines. Toute affirmation du contraire est manipulation. Ils sont des émanations des sociétés humaines. Ils sont différents les uns des autres. Il faut pour les analyser des précautions multiples, car la croyance est une forme de pensée obtuse. La religion ne tolère pas la contradiction. Les dieux vivent uniquement à travers le flot des humains qui les portent. Et ils peuvent mourir, disparaître dans le flot de l'humanité. Certains sont plus vivaces, se renouvellent dans des apparences multiples, et donc chacune est différente. Il est donc nécessaire de définir ce qu'est un dieu.
Tous les dieux ont un nom. Si un dieu a un nom différent d'un autre, il s'agit de deux dieux différents. Si les tenant d'un dieu affirme que le X est le même que le dieu Y, c'est pour pouvoir convertir la communauté de ce qui ne croient pas au(x) leur(s). C'est une forme de prosélytisme, qui peut aboutir à la transformation d'une croyance en une autre. Cette forme d'intégration existe dans toutes les religions. D'ailleurs parfois, j'y reviendrai, un dieu peut se trouver transformé, changeant sans parfois changer de nom.
Les dieux peuvent être de natures différentes. Je distingue les dieux transcendants, les dieux immanents, et les dieux qui ont des éléments de ces deux natures. Les dieux immanents sont des dieux tels que les a définis Spinoza. Littéralement, le ou les dieux sont la nature. Ils ne peuvent être dissociés de la nature, donc du monde tel qu'il est. C'est la nature des dieux chamaniques. Ils sont liés à des éléments de l'environnement immédiats de la société ou de la totalité de l'Univers dans sa réalité. L'esprit de la rivière, du feu, ou de n'importe quelle part sanctifié par le chaman devient le destinataire des sacrifices de la société.
La deuxième nature des dieux est le dieu transcendant. C'est un dieu qui vit dans un monde mythologique. C'est le cas des dieux monothéistes révélés. Ils sont inaccessibles aux hommes, au-dessus des hommes. Les prophètes et leurs prêtres prétendent accéder à leurs mondes, à être hors du monde classique pour pouvoir dire selon leurs intérêts quelle est la direction des hommes. Ce type de dieu se manifeste uniquement selon le bon vouloir des prêtres qui y ont intérêt.
La dernière nature de dieux est entre les deux précédentes. Le dieu semi transcendant ou semi immanent a des qualités de chacun. Il est transcendant dans le sens où il vit dans un monde au-delà du notre. L'Olympe des dieux grecs ou le Walhalla des dieux scandinaves en sont des exemples probants. Ils s'incarnent, par exemple dans ces religions dans des phénomènes concrets. La foudre de Zeus ou de Wotan est très immanente. Elle incarne le dieu pour le mortel. Elle est autant le dieu que sa présence dans son arrière monde.
Après leur nature, il faut définir leurs formes. Il existe des dieux oraux et des dieux écrits. Les dieux oraux sont innombrables. Ils sont plus sensibles que les dieux écrits pour des raisons concrètes. Ils peuvent subir des pertes dans le clergé. La forme orale quelle que soit la forme de transmission est plus malléable, et plus sensible au défaut de la mémoire. De plus, les mythes ont souvent des origines réelles qui peuvent donc se reproduire, et une défaite peut en rappeler une autre au puissant, ce qui peut amener des variations selon l'orateur et le spectateur.
Les dieux écrits sont moins malléables. Leur forme écrite les engonce dans une tradition plus rigide. Ce qui n'exclue pas des modifications. Les scribes ont été limités dans leurs productions. Et ceux-ci pouvaient produire des erreurs dans le texte. De plus, malgré la tendance totalitaire de la religion, elle a toujours dû négocier avec les pouvoirs politiques existant, ce même dans des états théocratiques.
Les dieux se définissent aussi par leurs pouvoirs. Reprenant l'exemple de Zeus ou Wotan, ils ont le pouvoir de foudre. Les dieux monothéistes prétendent pour la plupart à l'omnipotence. Cette omnipotence et cette unicité affirmée est souvent limitée par d'autres créatures aux pouvoirs que l'on peut considérer divin. Dans le cas des religions monothéistes écrites transcendantes, les dieux ont un adversaire, le diable. D'ailleurs, celui-ci peut être démultiplié. Il a aussi des serviteurs qui eux aussi ont des pouvoirs. La mythologie des monothéistes est inspirée de religions qui les ont précédés. Certains des serviteurs des dieux uniques ont les pouvoirs de dieux polythéistes. Les anges sont les messagers de ces dieux comme Hermès dans l'Olympe de la mythologie grecque antique.
Toutes ces mythologies pourraient être bien inoffensives si elles ne s'incarnaient dans un clergé. Les noms des prêtres sont multiples, mais leurs pouvoirs sont réels. De fait, les prêtres se déclarent seuls à avoir l'oreille, la parole, l'interprétation et la compréhension du dieu, de l'esprit, de la lettre ou de la créature ayant les pouvoirs divins. C'est ce qui fonde (son ) leur pouvoir. Et comme les dieux sont muets, ils peuvent affirmer tout et son contraire. Pour renforcer leur pouvoir, le clergé a inventé la théologie.
La théologie est la définition juridique des désirs d'un dieu. Si deux théologies se contredisent ne fussent que sur un point, c'est que se sont deux dieux différents, même s'ils ont le même nom, la même nature et la même forme. La théologie codifie les dieux. Elle leur donne une forme politique et sociologique. Elle est définie par les chefs des prêtres. Ceux-ci, dès qu'ils ont le pouvoir, assurent leur propre domination. Lorsqu'ils existent dans un état qui n'est pas purement théocratique, ils soutiennent en général les puissants, pour que leur point de vue s'impose.
La forme juridique théocratique la plus aboutie permet la création de tribunaux et de polices religieuses. Ceux-ci utilisent tous les moyens de coercitions possibles. Le pire est justifié au nom du ou des dieux. L'orthodoxie se définie selon la forme du pouvoir en place, et selon les desiderata du chef. Ils peuvent justifier ainsi tous les débordements, selon leurs intérêts. Le chef et ses seconds peuvent déroger à la règle commune, au nom de leur exceptionnalité. Le croyant de base, lui, subira la violence de la communauté. L'un a tous les droits, l'autre tous les devoirs.
Les dieux ne pourraient pas exister sans la masse des croyants. Les prêtres se réservent des places sans dangers ni efforts, ils délèguent les actes durs aux croyants en leurs donnant des illusions. La théologie permet d'imposer le style de vie que les prêtres disent bon, tout en assurant son propre confort. Le croyant est opposé à l'infidèle, tenant de toutes les difficultés de la société. Ainsi se justifie la violence, l'exclusion et toutes les formes de mépris possible.
Cette analyse des dieux amène la question d'un athéisme sensé, sensible, raisonnable, raisonné et rationnel. Les conséquences de la construction humaine des dieux sont multiples. Elles sont diverses. Les prêtres ont tout intérêt à voiler la vérité, à cacher leur responsabilité dans les problèmes de la société, pour les attribuer à une partie de la population qui n'appartient pas à la communauté. C'est un bouc émissaire bien utile. Et cela maintient le peuple dans sa sujétion et son ignorance. De plus, c'est une manière d'éviter que l'individu se construise et surtout cherche des moyens de changer sa situation.
Pour un athéisme tranquille : pourquoi être athée.
Être un athée raisonnable, c'est chercher à vivre. Être un athée raisonné est reconnaître ses limites. Être athée rationnel est apprendre à poser des questions pour tenter de comprendre son monde. Pour cela, il est nécessaire de se créer sa propre éthique, sa propre morale. C'est s'éduquer soi-même pour mieux comprendre et appréhender le monde tel qu'il est. C'est apprendre l'altérité ainsi qu'à s'accepter. Certaines formes de l'athéisme ont parfois mené aux pires excès. Le fascisme sadien ou l'athéisme calculé de Staline peuvent mener au pire. Il faut donc tenir compte de ces horreurs pour tenter une forme plus vivable. Si le mot justice peut être interprété de façon purement juridique, il peut être aussi traduire l'espérance d'une meilleure équité entre les êtres humains. La question est de savoir comment équilibrer la manière de gérer le monde pour que chacun s'y intègre et puisse s'y épanouir.
L'athée a conscience que la religion n'est qu'un résultat. La peur, sans même parler de celle de la mort, est le substrat sur lequel se nourrissent les prêtres. Il se contreficherait bien des croyants, si ceux-ci lui rendaient la pareille. Mais, je l'ai déjà dit, la religion exclue, souvent de façon violente ceux qui n'y adhèrent pas. C'est un endoctrinement qui a des conséquences politiques, économiques sociales, éducationnelles, pour dire simplement humaines. Les religions excluent, une haute moralité de l'athéisme a pour but d'inclure et d'éduquer.
La croyance est limitative. Elle emprisonne l'esprit dans les bornes de ses convictions. Entre le réel et la mythologie qu'elle porte, le choix se porte toujours sur la faveur des prêtres. La persuasion de ceux-ci amène le simple sectateur à remettre le réel en doute, plutôt que la parole du zélateur. Les contrecoups de ce comportement sont multiples et extrêmement concrets. Un exemple précis est l'attitude des religieux envers les femmes. Elles sont considérées comme des éternelles mineures. Les seules responsabilités qui lui sont reconnues sont toujours négatives. J'ai déjà parlé ailleurs de ceux qui ne font pas parti de la communauté.
Le problème de la croyance est qu'elle est totalisante. Elle se mêle de tous les aspects de la vie quotidienne, et pas dans le but de la simplifier. Le déni du réel au nom de la révélation du prêtre est un fondement de toute religion. Et cela créé des postures idéologiques dangereuses. L'exclusion de certains types de personnes au nom de leur naissance est un classique Le système religieux est basé sur l'inclusion et l'exclusion.
Les disciples sont les premiers. Ils ont tous les droits. Pis, plus l'individu s'éloigne du chef, plus les devoirs dominent. La prison psychologique devient sclérosante. Elle empêche de voir l'ascendant de l'idée sur les vraies problématiques de l'individu, ainsi que de la société qu'il compose. Le changement nécessaire est refusé. L'évolution est quasi impossible. Et si elle possible, elle entraîne des mouvements sociaux qui peuvent être dangereux.
Un athéisme bien compris pourrait créer une forme de sociabilité forte. C'est une réflexion sur les formes politiques. Il doit viser l'intégration pour former une société saine. La doctrine morale est une question nécessaire. Une éthique à la fois contraignante, dans une optique libertaire est un objectif complexe. Cette contradiction apparente que doit former un scepticisme raisonnable, raisonné et rationnel. Cet objectif est l'objet du prochain chapitre.
L'athéisme se veut totalement immanent. Il est la chaire de l'individu qui doute. Il cherche les questionnements, auxquels parfois il tente de répondre. Le réel est son point d'appui. Mais le réel est seulement changement, évolution et renouvellement. C'est un ancrage éternellement instable. Il faut donc être capable d'interpréter le ressenti. Il n'existe aucune grille de transcription parfaite. Mais il est toujours possible de mener un travail pour expliquer, tenter de comprendre le monde et de vivre en meilleure entente avec ses congénères.
L'athéisme doit éviter, dans la mesure du possible, de préjuger du réel. Mais il est issu de la société humaine. Il est nécessaire d'avoir des croyants pour avoir des mécréants. La médiation humaine se forme au sein d'une société, d'une époque, d'une éducation, et de tous les autres éléments qui forment une possibilité. La possibilité de mettre en perspective le dogme social, économique, politique est indispensable à toute pensée de l'incroyance, d'un sain scepticisme.
La chaire de l'individu, du peuple, de l'animal humain ne peut être déniée que pour imposer l'illusion, l'ignorance, l'impossibilité d'agir. L'agir au quotidien, le respect altruiste des différentes parties en présence peut créer cette présence d'une écoute. Sans cette écoute, le conflit est imminent. Sans ce partage, cette communion ou communication, le savoir ne peut se diffuser et l'ignorance reste le ferment de toute violence. C'est donc pour cette raison, plus fondamentale, qu'il faut un athéisme militant.
Pour un athéisme militant : comment être athée
Il y a la science. Elle est basée sur l'expérience, l'accumulation des connaissances, la comparaison des expériences, l'observation des résultats de l'interaction qui ont existé dans le partage humain. De l'autre côté, il y a la croyance. Les deux sont culturelles, les deux n'ont pas la même valeur. La croyance est issue de l'éducation, le savoir de sa remise en question. L'éducation est pourtant aussi nécessaire pour transmettre le savoir scientifique. Mais une langue transporte ses propres représentations. Et une même langue évolue selon son histoire passée et présente, voir lorsque le politique est pensé comme instrument de manipulation. Mais la culture subit ses transformation de façon continue, le projet politique étant pris en compte ou non pas ceux auquel il est proposé.
Le savoir est cumulatif. Il évolue avec la technique. Il change selon l'époque, se crée avec les hommes et leur représentation. Et il doit aussi savoir s'abstraire de ses représentations. Il est sujet aux remises en cause conscientes. C'est le fameux doute raisonnable et raisonné qui fonde la science, selon Karl Popper, n'est scientifique que ce qui peut être remis en doute. Il ne s'agit pas de remettre en doute la théorie de la gravitation de Newton, il s'agit de la réinterroger et de montrer ses limites avec Einstein. Il ne s'agit pas de remettre en doute l'évolution darwinienne, il suffit de la faire évoluer par les découvertes qui ont été faites depuis.
Ainsi, l'athéisme est nécessaire individuellement. Mais il doit aussi se trouver des dispositions collectives. Le scepticisme est une forme ancienne de pensée. Mais c'est dans sa forme moderne du rationalisme qu'il a atteint sa maturité. Le rationalisme a cet avantage qu'il ne refuse aucune question. Il se voue à la recherche scientifique. La science est la seule manière d'envisager les règles de façon saine. Elle doit toujours voir ces acquis mis en cause par les nouvelles formes d'observation.
La science est une forme de problématique sans cesse renouvelée. Elle se pose et s'impose d'abord comme un retour sur elle-même. Car la science se doit de se fonder comme scientifique. C'est ce qui s'appelle l'épistémologie. Cette forme de pensée est profondément récursive. Son retour sur elle-même permet un approfondissement de ses fondements. La réflexion scientifique sur le phénomène humain de la science doit sans cesse évoluer. Elle doit tenir compte des connaissances acquises et user du doute raisonnable. Et pour cela, il faut sans cesse s'auto-éduquer.
L'athéisme raisonnable se doit de poser la question éducationnelle. La psychologie, l'éthologie et les phénomènes sociologiques sont constitutifs de toutes réponses à comment bien éduquer. Le savoir être, le savoir culturel, le savoir-faire sont autant de formes dont il faut tenir compte. Mais la vraie problématique est d'acquérir suffisamment de ses réflexes pour pouvoir apprendre par soi-même. La masse critique de savoirs et d'automatismes intellectuels reste important.
La réflexion de Richard Dawkins pose clairement la vraie question. "Je suis gré à mes parents d'avoir adopté l'idée qu'il ne faut pas apprendre quoi penser, mais comment penser." [1] Et comment penser, c'est savoir mettre en question. Le questionnement du monde se fait en mise en perspective, voir en cause, des connaissances scientifiques. La connaissance se construit. Elle est de fait un retour éternel sur elle-même, ce qui définit toute réflexion.
Ainsi, la nécessité de l'athéisme se définit comme la recherche d'un approfondissement de la connaissance. Toute idéologie cherchant à limiter cette recherche est au mieux une erreur, généralement une aberration et toujours un endoctrinement. Le combat pour le savoir est nécessaire, ainsi que celui de sa propagation. Il faut sans cesse trouver de nouvelles manières de communiquer le savoir scientifique. Si la vulgarisation est une problématique complexe, c'est un travail qui doit sans cesse être renouveler. Quand un groupe se fixe pour but d'apprendre, il garde sa capacité à l'émerveillement.
En conclusion
Il est impossible de conclure. Le rêve est nécessaire à l'humain, et la croyance ne sera jamais totalement détruite. Toute éducation est issue d'une représentation du monde. Et si celle-ci peut être issue d'éléments concrets, cela n'empêche pas des représentations, et celles-là peuvent être faussées. C'est donc un combat sans fin. Pourtant, il est nécessaire d'accéder à une maturité de la réflexion, de ce retour éternel sur le réel. Mais surtout, il faut faire attention avec la religion qui, de par sa nature, est sectaire. Quand une personne ou un groupe s'attribue le pouvoir de décider ce qui est vrai de ce qui est faux, alors il faut se lever et résister. D'où la nécessité d'un doute qui reste constructif. L'individu peut alors progresser, ce qui n'est pas le cas quand certains lui limitent son horizon. Quant à moi, j'en reste à une maxime de Pierre Desproges assez définitive, "Veuillez croire, moi pas". »
Notes :
[1] Richard Dawkins : Pour en finir avec Dieu
- SOURCE INITIALE : Texte de Fabien Micolod sur le blog Philosophia
- SOURCE : Athéisme - L'Homme debout
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