★ LIBERTAIRE OU LIBÉRAL ?
★ PAR TIBO GROUPE ANAR’TISTE, FRESNES-ANTONY • LE 3 NOVEMBRE 2018.
« Soumis il y a peu à la question de définir le courant libertaire, mon interlocuteur me réplique : « tu es donc libéral ? Car toi qui défend tellement la liberté, tu dois être un libéral ! » Cet amalgame se multiplie de plus en plus souvent, notamment depuis qu’Emmanuel Macron a présenté pendant sa campagne devant une classe d’élèves en primaire, désireux de connaître la différence entre la gauche et la droite politique, que la valeur principale de la gauche, c’est l’égalité, et que la valeur principale de la droite, c’est la liberté.
Outre-Atlantique, on découvre que les défenseurs d’un courant ultralibéral s’autoproclament « anarchiste de droite », car défendant la « liberté individuelle d’entreprendre » et s’opposant de fait à tout interventionnisme de l’état. Défense de la liberté, anti-étatisme, voilà donc quels seraient les critères pour se définir comme anarchistes. En définitive, il n’y aurait que très peu de différence entre un libertaire et un libéral...
Mais de quelle liberté parle-t-on ?
Ce que met en lumière ce genre de situation, c’est la perte du sens des mots. Car si la dernière campagne présidentielle, et de manière générale, la politique dans son ensemble utilise sans compter des mots comme Liberté, Égalité, Croissance, Sécurité, Dette, et j’en passe, c’est que ces mots produisent sur l’imaginaire de l’électorat une sensation de profondeur et d’importance à un discours qui est en réalité vide de sens ou, tout du moins, non-défini.
Face à ce néant des idées, je crois bon de redéfinir ce que la Liberté n’est pas, à défaut de définir ce qu’elle est. Car s’il est vrai que les philosophes s’échinent depuis des millénaires à en donner des définitions différentes, au moins sont-ils arrivés à se mettre d’accord sur ce qu’elle n’est pas.
Reprenons donc le lexique d’un libéral. La liberté économique est définie dans le cadre actuel du capitalisme libéral, qui repose sur plusieurs critères, dont les principaux sont : le droit absolu à la propriété privée, la privatisation des moyens de production et la possibilité de produire, d’échanger et de consommer tout bien sans avoir recours à la contrainte.
Le tour de force magistral qu’auront réussi les libéraux, c’est d’avoir remplacé dans le vocabulaire commun la notion de liberté par la notion de liberté économique. La différence semble bien minime, et pourtant elle est primordiale. Tout bon libéral, avec en tête des Milton Friedman, des Margaret Thatcher ou des Friedrich Hayek, va donc marteler le plus fort possible que la Liberté, (sans en donner la définition), n’est envisageable que dans le cadre de la liberté économique. La liberté économique serait donc indispensable pour voir prospérer la Liberté.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que la liberté peut se présenter sous deux angles : d’un côté, on peut tenter de la définir en-dehors de tout contexte, selon ce qu’elle est intrinsèquement, la Liberté absolue, de l’autre, on pourra tenter de la définir à l’intérieur d’un cadre préétabli : la liberté relative. On peut en effet définir la liberté relative selon le cadre politique (la liberté dans un état totalitaire, communiste, libéral...), religieux (la liberté selon tel ou tel religion...), philosophique, bref, tout cadre impliquant un certain nombre de règles à respecter.
« Le libéral prône une liberté dans un système autoritaire, car imposant à l’humanité entière la loi du marché. »
Et la liberté économique fait donc partie de cette deuxième catégorie, à savoir la liberté prise dans le cadre du capitalisme libéral. Pour un libéral, il s’agira donc de penser la liberté dans le cadre autoritaire des lois économiques : en effet, le libéral jurera contre vents et marées que rien ne doit venir entraver la volonté de l’entrepreneur et que toutes ses actions doivent être garanties. Tout en continuant d’invoquer la main invisible permettant l’auto-régulation des marchés, il omet de préciser que ces actions doivent nécessairement avoir lieu dans le cadre des contraintes économiques comme la sacro-sainte propriété privée et les lois de l’offre et de la demande. Ainsi, l’entrepreneur doit être libre d’agir comme il l’entend, mais selon des lois fixes et immuables.
On voit ici la contradiction évidente. Le libéral prône une liberté dans un système autoritaire, car imposant à l’humanité entière la loi du marché. Elle est donc une liberté relative, que les libéraux tentent de rendre nécessaire à l’établissement de la Liberté absolue... Mais pourquoi faire de la liberté économique une garante de la Liberté ? Pour pouvoir justifier le cadre économique lui-même. La liberté étant un concept primordial aux yeux de l’humanité, si les libéraux s’en font les garants, ils parviennent à justifier le cadre qu’ils souhaitent voir mis en place.
Les principes sur lesquels reposent le capitalisme libéral (protection de la propriété privée, loi de l’offre et de la demande, principe de rentabilité, salariat, droit d’accumulation illimité des richesses...) ne résistent pas longtemps à un l’examen de la raison. C’est pourquoi ces principes sont érigés en un dogme non-contestable que doit venir entériner définitivement la garantie de notre Liberté.
La tentative des libéraux pour rendre leur conception de la liberté dans le cadre économique comme une condition de l’établissement de la Liberté n’est en réalité qu’une tentative de légitimer leur système idéal : celui d’un monde soumis aux lois du capitalisme libéral. L’enchaînement logique qui voudrait que le cadre instauré par le capitalisme libéral permette l’établissement de la liberté économique qui serait garante de la Liberté est donc un non-sens logique, puisque la liberté économique est une liberté particulière, elle ne peut être garante de la Liberté absolue : la liberté économique ne peut être un prérequis pour l’existence de la Liberté.
« Le libertaire est à la recherche d’une liberté qui ne serait pas restreinte par un contexte imposé à tous, car là est la contradiction. »
Alors, si la Liberté n’est pas défendue par un libéral, qu’en est-il du côté libertaire ? Désire-t-il une liberté relative, enfermée dans un cadre préétablit ? A mon sens, la différence fondamentale entre un libertaire et un libéral (et, à fortiori, avec tout défenseur d’un cadre quelconque) est justement le fait qu’un libertaires ne prône pas l’établissement d’un cadre spécifique, soumis à des règles imposables à tous.
Le libertaire est à la recherche d’une liberté qui ne serait pas restreinte par un contexte imposé à tous, car là est la contradiction. Le libertaire est pour le libre choix du cadre dans lequel il souhaite vivre. La liberté n’est, pour lui, pas synonyme de « faire ce que je veux », mais de pouvoir choisir par lui-même, selon ses convictions, croyances, valeurs, etc. la société et, dans une plus large mesure, le cadre qui lui correspond le plus et dans lequel il souhaite vivre.
Une fois choisi ce cadre, sa liberté sera donc relative aux règles qui constituent ce cadre, mais sa Liberté absolue aura été de faire le choix de vivre dans ce cadre bien précis. La Liberté ne peut être invoqué dans un système unique, oppressif et anti-démocratique.
C’est pourtant ce que tente de faire un libéral. Les lois universelles de la mondialisation s’appliquent à chaque individu sans qu’il ait le choix d’y adhérer ou non. Le cadre n’est plus débattu, toutes alternatives semblent se penser dans le champ du capitalisme. Même les partis politiques se définissant comme anticapitalistes ne sont en réalité qu’une tentative d’en limiter les dérives. Il ne s’agit pas de penser un autre système, il s’agit de penser comment le système pourrait être moins pire.
C’est dans ce contexte d’un cadre tout puissant et unique que le combat d’un libertaire prend son sens : il s’agit d’en combattre les fondements même et de rappeler sans cesse que le vrai débat, celui de la définition du cadre, est toujours, et même plus que jamais, d’actualité.
D’après l’Index of Economic Freedom de la Heritage Foundation et du Wall Street Journal « La liberté humaine et politique n’a jamais existé et ne peut pas exister sans une large dose de liberté économique. » (Milton Friedman) « Il ne peut pas y avoir de liberté s’il n’y a pas de liberté économique. » (Margaret Tatcher) « On dit souvent qu’il n’y a point de liberté politique sans liberté économique. C’est vrai [...] » (Friedrich Hayek). »
- SOURCE : Le Monde Libertaire
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