L'idéologie fasciste historique et les néofascismes contemporains (1/3)

Publié le par Socialisme libertaire

Quant au fascisme lui-même, dont la résurgence n’est pas exclue, il ne faudrait pas non plus croire qu’il revêtirait forcément… des formes identiques à celles du passé ».

Nicos Poulantzas : "Fascisme et Dictature"

L'idéologie fasciste historique et les néofascismes contemporains (1/3)

L'idéologie fasciste historique et les néofascismes contemporains, quelques notions sémantiques, première partie, 2014

La première chose à faire pour tenter de voir clair dans une problématique qui semble complexe et dans une perspective d’étude scientifique d’un objet déterminé est de s’entendre sur les définitions que l’on donne à l’objet d’étude et à ses sous-genres. C’est l’objet précis de cette étude.

Définir une synthèse du fascisme, de par ses manifestations historiques et dans ses résurgences actuelles ou futures, est ce qui nous occupera ci-après.

Précisons que nous envisagerons le fascisme ici sous le jour de son idéologie et non comme un appareil d’État. Sur ce dernier point nous renvoyons à la lecture de Nicos Poulantzas [1]. Nous entendons par « idéologie », virgule inutile le système de concepts d’une société issu du reflet de l'existence sociale, du système économique et politique qui prédomine lors de son élaboration.

1 Quelles sont les origines de l’idéologie fasciste ? (Les proto-fascismes)

Le fascisme est le dernier-né des grandes idéologies politiques, après les libéralismes (venus des Lumières et de la Révolution industrielle) au début du XIXème siècle et les socialismes (libertaires ou marxistes) qui émergeront vers la fin du XIXème siècle, en opposition au mode de production capitaliste.

Le fascisme est donc une synthèse contradictoire dès ses origines.

En ce sens, il est le produit d’une sorte de conjonction maladive à la fois du capitalisme dont il reconnaît l’économie de marché et d’une certaine forme de socialisme, si l’on entend par « socialisme » à la fois une doctrine qui émerge dans les sphères « de gauche », mais également comme une doctrine quasi-holiste.

Le fascisme dès ses origines est protéiforme, mais avec deux constantes : le remplacement de la révolution (collective) par la révolte (individualiste, celle d’un leader) et l’emploi de la violence politique pour s’imposer. Comme le soulignait Clara Zetkin « Il est clair que le fascisme présente des caractéristiques différentes suivant les pays, en fonction des situations concrètes, spécifiques à chacun. Il a néanmoins deux caractéristiques constantes : d'une part un programme pseudo-révolutionnaire qui, de façon extrêmement habile, prend appui sur les courants d'opinion, les intérêts et les revendications des masses sociales les plus larges et, d'autre part, l'emploi de la terreur la plus brutale » [2].

1.1 Les proto-fascismes : d’où vient le fascisme ?

Le fascisme ne tombe pas du ciel, il est le produit d’une évolution historique. Il se trouve à un point de rupture entre le libéralisme et le socialisme, lorsqu’un nationalisme exacerbé prend la relève pour s’opposer face « à la finance » et « au communisme ». Mais avant son édification, un certain nombre d’idéologies lui ont ouvert la voie.

1.1.1 Les trois constituants du proto-fascisme

Le fascisme européen, fils du XXème siècle, se fonde sur l’irrationalisme, l’antisémitisme et le nationalisme, tous les trois issus du XIXème siècle et des fondements des protos-fascismes.

· L’irrationalisme. Le XIXème siècle a apporté des évolutions considérables dans le domaine des sciences. Friedrich Engels le résume admirablement : «…ce sont surtout trois grandes découvertes qui ont fait progresser à pas de géant notre connaissance de l'enchaînement des processus naturels : premièrement, la découverte de la cellule… Deuxièmement, la découverte de la transformation de l'énergie, qui nous a montré que toutes les prétendues forces qui agissent tout d'abord dans la nature inorganique, la force mécanique et son complément, l'énergie dite potentielle, la chaleur, le rayonnement, (lumière ou chaleur rayonnante), l'électricité, le magnétisme, l'énergie chimique constituent autant de manifestations différentes du mouvement universel…- Enfin, la démonstration d'ensemble faite pour la première fois par Darwin, selon laquelle tous les produits de la nature qui nous environnent actuellement, y compris les hommes, sont le produit d'un long processus de développement…. » [3]. La science avance sans limite à une vitesse exponentielle au long du XIXème siècle, l’homme maîtrise des processus, commence à comprendre des lois physiques qu’il ignorait et ce rationalisme ambiant fait croire que bientôt tous les maux de la société seront anéanties par la science. Néanmoins ce monde scientifique manque cruellement de romantisme, de poésie et de mystique. Le matérialisme des sciences qui contamine la philosophie déplait aux esprits en quête d’idéal. Des penseurs comme Maurice Barrès veulent en revenir plus à l’instinct qu’à la raison : « ..certaines personnes se croient d'autant mieux cultivées qu'elles ont étouffé la voix du sang et l'instinct du terroir. Elles prétendent se régler sur des lois qu'elles ont choisies délibérément et qui, fussent-elles très logiques, risquent de contrarier nos énergies profondes. Quant à nous, pour nous sauver d'une stérile anarchie, nous voulons nous relier à notre terre et à nos morts » [4]. Si la science donne la vérité des choses, elle ôte par la même occasion la beauté de celles-ci. La science est une briseuse de rêves. Maurras pourtant souligne l’intérêt de la science : « Mieux la nature sera vue dans sa vérité, mieux l'on saura loger les droits et les devoirs là où ils sont, au lieu d'en bourrer un espace où l'on ne peut les pratiquer parce qu'ils n'y sont pas et n'y peuvent pas être : on n'y trouve que des liaisons de nécessités auxquelles on ne peut rien que de les reconnaître et, pour les vaincre, commencer par leur obéir » [5]. Droits et devoirs émanant de la science, on pense y voir poindre les errements scientistes de l’eugénisme. En fait ce qui pousse les penseurs nationalistes à une grande méfiance vis-à-vis de la science, c’est que la science permet des progrès technologiques et cette révolution technologique risque de modifier profondément le rapport de classe : l’ouvrier pas encore tout à fait sorti de l’enfer des manufactures (et pas encore enchaîné au taylorisme) gagne en temps, en autonomie. Il devient un risque politique. De plus la science semble repousser de plus en plus loin la nécessité du mythe, de la superstition, de la religion ce qui ne fait pas l’affaire des nationalistes qui veulent exalter l’esprit d’une nation, le lien « aux morts » comme écrit Barrès.

· L’antisémitisme. Il joue un rôle clé en Europe dans l’émergence des fascismes car il permet de trouver un ennemi commun (le juif) qui du fait de son caractère apatride apparaît comme un ennemi de la nation, donc un ennemi de l’intérieur. L’antisémitisme moderne et contemporain trouve ses origines dans les écrits d’Edouard Drumont (1844-1917) et notamment dans La France Juive publiée en 1886 chez Flammarion. Dans ce pavé de 1200 pages, Drumont oppose les aryens et les sémites, accusant les sémites d’être détenteurs des finances mondiales et enfin rappelle que les sémites sont un peuple déicide puisqu’ils ont crucifié le christ. C’est ce polémiste qui lancera également le slogan : « la France aux français » (c’est-à-dire exclus des Nord-Africains et des juifs). Par exemple, dans le manifeste fasciste canadien de 1933 il est écrit en écho à Drumont : « Les Juifs sont les enfants de Satan, ils font l'œuvre de leur père... Comme leur père, les Juifs ne veulent rien servir, ni la Gentilité, ni un drapeau, ni un souverain, ni une patrie, ni aucun ordre établi, ni aucune loi existante, ni aucune autorité régulière. Comme leur père, les Juifs demandent l'émancipation, la liberté. Émancipation de tout ce qui n'est pas Juif! Liberté de poursuivre leur œuvre sataniste... ». L’antisémitisme de Drumont trouve toujours écho à une volonté d’expliquer l’exploitation économique par la direction juive de l’économie mondiale : « Centralisant entre ses mains toutes les créances particulières d'Allemagne et d'Angleterre, Rothschild mettait en même temps ses fonds à la disposition du gouvernement français, il fournissait l'argent qu'il réclamait et réclamait l'argent qu'il fournissait. Comme le maître Jacques de Volière, il changeait de rôle selon les circonstances, il était tour à tour le plus implacable des créanciers et le plus complaisant des prêteurs. Comment discuter la validité d'une créance avec quelqu'un qui vous oblige ? Sous la pression de ce Shylock[6] serviable, la France dut payer jusqu'au dernier sou les réclamations les plus improbables, les réparations les plus fantastiques, les dettes les plus chimériques» [7].

· Le nationalisme est aussi un vecteur du proto-fascisme. Or les mouvements nationalistes pullulent en Europe depuis la fin du XIXème siècle, nous verrons ci-après l’exemple du boulangisme. Souvenons-nous aussi que l’attentat de Sarajevo, fortement marqué par une empreinte nationaliste, entraînera la Première Guerre mondiale. Le nationalisme consiste en trois principes :

o Un sentiment fort d’attachement à une nation, à une idée nationale (une culture commune, une langue…) ;

o La volonté d'un peuple, d'une identité commune, de posséder un territoire national, et pour les fascistes, territoire débarrassé des « parasites » (minorités nationales…) ;

o Une idéologie véhiculée sur le désir de vie commune.

Pour le (proto)fasciste, la première définition correspond à ses attentes : il veut créer une idéologie qui lui permette d’exalter des valeurs nationales contre les valeurs des minorités présentes sur le territoire, le plus souvent en utilisant le révisionnisme historique (faits tronqués, incohérences historiques…) ou par le détournement d’une mythologie renforçant ainsi le caractère quasi-divin du nationalisme (mythe de l’aryen, détournement de mythes celtiques du dieu Thor…). Pour cela, le proto-fasciste a besoin d’un ennemi de préférence invisible (le juif) et doit bouter la science hors de son champ d’action.

1.1.2 Deux exemples : Le Ku Klux Klan et le Boulangisme

a) Aux États-Unis, les proto-fascistes comme la société du Ku Klux Klan (le « clan du cercle lumineux » dans une traduction latino-grecque approximative) affrontent un ennemi visible, à l’intérieur du pays, l’afro-américain, la clé des malheurs de la population blanche des fameux WASP (White Anglo-Saxon Protestant) issus du débarquement du Mayflower. Le KKK se forme vers décembre 1865 dans les onze états du « Dixieland », les états sécessionnistes du sud. Son ennemi direct reste le noir américain, mais sa doctrine s’oppose à tout non-WASP dont les asiatiques, les indiens d’Amérique et les hispaniques. Sa constitution rédigée par son premier « grand sorcier », le Général Nothan Bedford Forrest, en fait alors un ordre très hiérarchique de type chevaleresque qui contient les éléments du fascisme qui émergera au XXème siècle [8] : on y trouve l’aspect guerrier et chevalier, souvent mis en avant par le fascisme, l’impression de défense d’une communauté face à un péril imminent (les droits accordés aux noirs américains) et la violence faite sur les minorités et leurs défenseurs (le KKK s’en prendra aussi aux blancs américains, notamment ceux accusés d’éduquer les noirs américains). Si le premier KKK disparaît en 1869, par sabordage avant une éventuelle interdiction, il renaît en 1906 après la rédaction du livre The Clansman de Thomas Dixon. Ce dernier fera renaître le KKK et s’opposera à toutes les formes « permissives » (communisme, syndicalisme, libération des mœurs) qui seraient contradictoire avec les valeurs des « pères fondateurs » dont bien entendu les droits grandissants accordés aux minorités. Ce deuxième KKK aura d’ailleurs des liens avec le NSDAP dès les années trente, muant donc d’un ordre chevaleresque féodal proto-fasciste à une organisation ouvertement fasciste. Ce second KKK disparaitra en 1944.

b) Le boulangisme, ce mouvement politique autour du Général Boulanger, actif de 1886 à 1889 s’apparente à un mouvement proto-fasciste français. Le général Boulanger connaît une ascension rapide au sein de l’armée française. En 1882, le gouvernement le nomme directeur de l’infanterie. En 1884 il devient général de division et s’occupe des « forces d’occupation » (il s’agit du terme officiel) en Tunisie. Il devient ministre de la guerre en 1886. Sa popularité au sein de l’armée ne cesse de grandir et de plus en plus, dans une France amputée de l’Alsace et la Moselle suite à la guerre de 1870, il apparaît comme « le général revanche », l’homme qui pourra rendre sa fierté à la nation française. Dans un discours de 1886 il indique : « Nous pouvons enfin renoncer à la triste politique défensive ; la France doit désormais suivre hautement la politique offensive », ce qui sous-entend que la France devrait entrer en guerre face à son ennemi naturel l’Allemagne. Dans un contexte politique où la France connaît des gouvernements fragilisés, Boulanger est confirmé dans son rôle de ministre de la guerre et il ne cesse de multiplier les provocations face à l’Allemagne. L’affaire Schnaebelé de 1887 va accroître la puissance de Boulanger. Ainsi le boulangisme parvient dans un bref laps de temps (1887 à 1889) à concrétiser OU opérer une synthèse nationale. Les mouvements boulangistes sont composés de monarchistes et de nationalistes depuis les origines, mais s’y ajoutent des blanquistes et d’autres socialistes qui veulent affermir la république en difficulté et rejoignent ce parti. En 1889, Boulanger est poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’État, avant de se suicider sur la tombe de sa maîtresse en 1891. Le charme n’est pour autant pas entièrement rompu. Paul Lafargue a fait cette lecture du boulangisme : « La crise boulangiste a ruiné le parti radical ; les ouvriers, lassés d'attendre les réformes qui s'éloignaient à mesure que les radicaux arrivaient au pouvoir, dégoûtés de leurs chefs qui ne prenaient les ministères que pour faire pire que les opportunistes, se débandèrent ; les uns passèrent au boulangisme, c'était le grand nombre, ce furent eux qui constituèrent sa force et son danger : les autres s'enrôlèrent dans le socialisme » [9]. Il avait déjà écrit neuf ans avant, faisant un portrait de Boulanger en tenant du césarisme : « Notre époque a vu bien des merveilles : la lumière électrique, le téléphone, la bourgeoisie représentée par le ministère qu'elle mérite…Les titres du général à l'admiration de ses contemporains ne sont pas longs à énumérer ; il a pris quelques mesures qui, si elles ont déplu aux officiers, ont satisfait le soldat, dont on croit s'être suffisamment occupé quand on l'abrutit avec une discipline de belluaire ; il a expulsé les d'Orléans ; enfin, il a, comme le prince-président, caracolé sur son cheval noir, dont la popularité rivalise presque avec la sienne. …Les opportunistes parlent de césarisme et ce sont eux qui ont lancé Boulanger, lequel ne demandait qu'à être un ministre nul et ami de tout le monde.» [10].On voit bien ici comment un général bourgeois encadré par des monarchistes et des nationalistes parvient avec des mesures populistes (amélioration de l’ordinaire des soldats, réponse au désir de vengeance des Français face aux Allemands, soutien aux mineurs en grève en 1886…) à attirer dans sa nasse les socialistes qui espèrent un mouvement socialiste, généré par un « sauveur ». Jaurès qualifiera le boulangisme comme : « un grand mouvement de socialisme dévoyé ».

1.2 Discussion sur le prototype fasciste français : le proto-fascisme boulangiste

Le boulangisme est selon nous l’archétype du proto-fascisme, une première tentative de synthèse entre le nationalisme, le maintien du capitalisme et l’espoir socialiste, une sorte d’ivresse politique de voir un ordre nouveau renverser l’ordre ancien. C’est en somme ce que Zeev Sternhell, Mario Sznadjder et Maia Ashéri nommeront plus tard le « charme secret du fascisme » lorsqu’ils étudieront le cas de Georges Sorel si heureux de voir les jeunes fascistes reprendre ses thèses [11].

Zeev Sternhell défendra dans son étude sur les droites nationales [12], la place de Boulanger dans l’émergence du fascisme, néanmoins il est déjà évident que cette thèse du boulangisme en tant que césarisme [13] chez un marxiste comme Lafargue est une conséquence d’une étude rigoureuse des faits historiques. Pour autant, Sternhell aura toutes les peines du monde à convaincre les historiens français de la véracité de sa thèse, cent ans après les faits. Comme d’habitude, c’est alors l’argument « voir le fascisme où il n’y en a pas » qui sera reproché à Sternhell, en oubliant donc les textes d’époque de Lafargue, rapprochant Boulanger du césarisme [14]. Les historiens français refuseront ainsi une lecture des fascismes comme processus historique dynamique, surtout en France. Si nous reconnaissons la validité de l’argumentaire de Sternhell face à Milza, c’est également de manière autonome de la pensée de Sternhell, cette dernière ne faisant que confirmer historiographiquement, les analyses marxistes de Lafargue.

De plus c’est reconnaitre la véracité de l’avertissement de Georges Dimitrov de 1935, sur la possibilité du fascisme français [15] : « Mais, en dépit des différences qui existent dans le développement du mouvement fasciste en France et en Allemagne, en dépit des facteurs qui mettent des entraves à l'offensive du fascisme en France, ce serait faire preuve de myopie que de ne pas voir la croissance ininterrompue, dans ce pays, du danger fasciste et de sous-estimer la possibilité d'un coup d'Etat fasciste. Il existe en France de nombreux facteurs qui, d'autre part, favorisent le développement du fascisme. N'oubliez pas que la crise économique commencée en France plus tard que dans les autres pays capitalistes, continue à s'approfondir et à s'aggraver, et cela facilite singulièrement le déchaînement de la démagogie fasciste. Le fascisme français possède dans l'armée, parmi les officiers, de solides positions telles que les nationaux-socialistes n'en possédaient pas dans la Reichswehr avant leur arrivée au pouvoir. En outre, il n'y a peut-être pas de pays où la corruption du régime parlementaire ait pris des proportions aussi monstrueuses, et où elle ait provoqué une indignation des masses aussi grande qu'en France. C'est là dessus, comme on sait, que les fascistes français spéculent démagogiquement dans leur lutte contre la démocratie bourgeoise. N'oubliez pas non plus que la crainte aiguë de la bourgeoisie française de perdre son hégémonie politique et militaire en Europe favorise également le développement du fascisme ». Si le fascisme n’est jamais arrivé au pouvoir en France, et que le gouvernement de Vichy reste un appareil d’Etat fait de bric et de broc sur une idéologie d’un fascisme partiel, le fascisme idéologique semble bien né en France sur la conjonction entre l’antisémitisme contemporain (Drumont), le mouvement politique autour d’une figure tutélaire (Boulanger) et une incompréhension crasse du socialisme par un théoricien (Georges Sorel) qui du coup a produit un corpus d’idées de plus en plus fascisantes [16] en révisant de manière antimatérialiste les doctrines socialistes antérieures.


NOTES

[1] Nicos Poulantzas : Fascisme et dictature, chapitre 7, Paris, Seuil, Point-politique, 1974.

[2] Clara Zetkin : La lutte contre les fascismes, http://classiques.chez-alice.fr/kolzet/zetkin5.pdf

[3] Friedrich Engels : Ludwig Feuerbach et la philosophie classique allemande, Chapitre 4, le matérialisme dialectique.

[4] Maurice Barrès : Amori et Dolori sacrum, Paris, Juven, 1903.

[5] Charles Maurras : Mes idées politiques, « la nature et l’homme ».

[6] Shakespeare dans le Marchand de Venise écrit vers 1597, décrit le personnage d’un juif, Shylock, qui est un créancier cruel et sans pitié. Le juif, comme minorité au sein d’une communauté nationale, est une cible facile pour les fascistes qui voient en lui la cause de tous les problèmes de la société. L’antisémitisme trouve ses origines lointaines notamment dans l’opposition de la chrétienté à la religion juive. Ainsi Paul de Tarse (10-65), fondateur du christianisme, dira-t-il dans l'Épître aux Thessaloniciens « Ce sont ces Juifs qui ont fait mourir le Seigneur Jésus et les prophètes, qui nous ont persécutés, qui ne plaisent point à Dieu, et qui sont ennemis de tous les hommes ».

[7] Edouard Drumont : La France Juive, tome 1, chapitre 3 La révolution française et l’empire, p 161.

[8] Charles Maurras écrira : « Le tournoi et la joute sont de belles épreuves : la vie en contient d'autres, qui ne sont pas des jeux, et d'où la convention est absente », in Mes Idées politiques, Chapitre I Politique naturelle.

[9] Paul Lafargue : Le socialisme et la conquête des pouvoirs publics (1899) http://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1899/00/lafargue_18990000.htm

[10] Paul Lafargue : La Question Boulanger (1890) http://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1887/07/pl18870723.htm

[11] Zeev Sternhell, Mario Sznadjder et Maia Ashéri : Naissance de l’idéologie fasciste, Paris, Epilogue, Folio-Histoire, 2010 p. 415.

[12] Zeev Sternhell : La droite révolutionnaire (1885-1914). Les origines françaises du fascisme, Paris Gallimard, « Folio Histoire », 1998.

[13] Césarisme : [Forme de gouvernement où]le chef s'assure de l'aval du peuple à chaque opération politique majeure, en détournant des procédés de démocratie semi-directe, tels que le référendum, pour en faire des plébiscites (plébiscites napoléoniens). Les apparences démocratiques cachent alors la réalité du césarisme : la confusion des pouvoirs au profit d'un organe incontrôlé, définition même de l'autoritarisme. http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9sarisme. Selon Gramsci : « On peut dire que le césarisme exprime une situation où les forces qui s'opposent s'équilibrent d'une manière catastrophique, c'est-à-dire qu'elles s'équilibrent de telle sorte que la poursuite de la lutte ne peut avoir une conclusion que dans la destruction réciproque. Quand la force progressive A lutte contre la force régressive B, il peut arriver que A ne soit pas nécessairement vainqueur de B ou B de A, il peut se faire que ni A ni B ne l'emportent, mais qu'elles se saignent réciproquement et qu'une troisième force C intervienne de l'extérieur, assujettissant ce qui reste de A et de B. En Italie, après la mort de Laurent le Magnifique, c'est précisément ce qui est arrivé » in Gramsci, Textes, Paris, Editions Sociales, 1975, p. 517.

[14] « Il voit du « fascisme » partout où il y a critique virulente de la république parlementaire, version IIIe finissante [...], un pas que l'examen attentif des faits interdit de franchir » Pierre Milza, Fascisme français, passé et présent, Paris, Flammarion, 2000, p. 116

[15] Georges Dimitrov : Pour l'unité de la classe ouvrière contre le fascisme (Discours de conclusion de la discussion prononcé au VIIe congrès mondial de l'Internationale communiste le 13 août 1935.), in Œuvres Choisies, Paris, Editions Sociales, p. 71.

[16] Sur Sorel et l’édification de son œuvre, cf. Zeev Sternhell, Mario Sznadjder et Maia Ashéri : Naissance de l’idéologie fasciste, chapitre 1 , Paris, Folio-Histoire, 2010.

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