Sur l'antisionisme à la française

Publié le par Socialisme libertaire

POUR UNE APPROCHE INTERNATIONALISTE DU CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN !

Il sera très peu question ici de la Palestine et d’Israël. Mais de la vision fantasmée et politiquement orientée qu'ont recrée une partie de l'extrême droite française et bien au delà, d'un imaginaire plus répandu qu'on ne le croit, un bestiaire allégorique où le « jeune lanceur de pierres », comme l'infâme « sioniste » ne sont évoqués que pour masquer la pensée réelle de ceux qui ne parlent jamais aussi clairement des Arabes et des Juifs d'ici que lorsqu'ils font mine d'évoquer le Moyen-Orient.

A l'extrême gauche, dans les médias même, des centaines et des centaines de textes, des polémiques sans fin ont eu lieu ces dernières années à propos d'un humoriste devenu politicien, Dieudonné.

Dieudonné était il antisémite ou antisioniste ? Dieudonné était il un raciste ou une victime du racisme ?

Ses propos précis ont très vite été perdus de vue: ce qui importait, c'était le prétendu boycott , le lynchage médiatique et judiciaire contre un "Noir "qui avait attaqué (peut-être « maladroitement » ) la politique de l’État d’Israël, boycott et lynchage qui auraient témoigné non seulement d'un soutien du pouvoir à Israël, mais au delà de la présence dans tous les cercles du pouvoir , de « sionistes ».

Dans le discours des manifestants, et du public de l'humoriste, il y avait deux thèmes qui revenaient principalement.

« Dieudonné n'aurait pas eu autant de problèmes s'il n'avait pas été Noir » « Dieudonné a osé rire avec les Juifs et on n'a pas le droit de rire avec les Juifs ».

Déjà la question palestinienne n'était plus qu'un arrière plan , servant à tenir un discours sur une prétendue réalité française, une réalité qui aurait intimement lié deux communautés: l'une protégée par le pouvoir et l'autre criminalisée injustement.

Très vite, aussi, l'Histoire ou plutôt la Mémoire a été évoquée : Dieudonné, mais aussi ses soutiens ont mis en parallèle le traitement de l'extermination des Juifs d'Europe et son aspect français, et celui de l'esclavage.

La théorie du « Deux poids, deux mesures » est devenue un lieu commun: les victimes juives de l'antisémitisme objet de la reconnaissance et du respect, les victimes du colonialisme méprisées et oubliées.

Ces dernières années, sur les sites « alter » , s'est répétée mille fois une rhétorique similaire: chaque acte antisémite et son traitement judiciaire et médiatique donnait lieu à une comparaison avec les actes racistes envers des personnes issues de l'immigration. Il s'agissait à chaque fois, non plus de montrer une parenté entre le racisme et l'antisémitisme, mais au contraire de séparer les deux: l'un banalisé, admis, pratiqué par le pouvoir, l'autre réprimé impitoyablement et même inventé pour criminaliser un peu plus les populations déjà victimes du racisme. Comme si une réalité effective, la sensibilité médiatique et judiciaire à l'antisémitisme et l'indifférence voire l'encouragement au racisme de ces mêmes institutions, relevait non pas de leur responsabilité, mais de celle des Juifs. Comme si certaines victimes devenaient coupables d'être moins mal traitées que d'autres.

Et la Palestine presque constamment était appelée à la rescousse. Pour démontrer quoi ? Que l'antisémitisme était un phénomène du passé, et que l'extermination des Juifs d'Europe n'était plus significative qu'en tant qu'objet de récupération politique pour légitimer les crimes commis par les Juifs d'aujourd'hui en Israël, ... et ailleurs.

Car pour Dieudonné, comme pour toute une partie de l'extrême gauche, communautariste ou pas, le capitalisme n'est plus l'ennemi ultime, n'est plus la grille d'analyse qui permet de désigner les responsables de l'exploitation et du colonialisme. Le « sionisme » l'a remplacé dans les discours.

Et le « sionisme » ce n'est plus le nationalisme israélien, ce n'est plus le principe et les conséquences pratiques d'un État juif, ce n'est même plus l'idéologie qui permettrait le maintien d'un régime raciste et oppresseur parmi tant d'autres, le « sionisme » et les « sionistes « sont devenus une puissance internationale, un corps étranger présent partout et qui cherche à imposer aux gouvernements nationaux de toute la planète des intérêts qui lui sont propres.

Israël est bien loin. D'ailleurs il suffit de taper le mot « sioniste » dans Google version française. L'on tombera ,bien avant des textes traitant des politiciens israéliens, sur des occurrences, ou ce sont en vrac Sarkozy, Kouchner, Obama, Philippe Val, qui sont cités.

En terme d'évènements, si l'on en croit le net « français », le sionisme , avant de faire des ravages à Gaza, a frappé dans le 19ème arrondissement, au sein de Charlie Hebdo, voire à la Nouvelle Star.

De quoi pouvait accoucher cette matrice idéologique , commune à tant de discours indignés sur la Palestine et à tant de défenses « critiques » de Dieudonné et de Kémi Séba, parmi lesquelles les plus claires furent certainement celles de Pierre Tévanian, idéologue des Indigènes de la République qui nous disait qu'il fallait défendre les deux hommes , malgré leur antisémitisme parce que victimes prétendues du racisme et du sionisme ?

Sa conséquence la plus visible c'est une extrême droite bien française et revigorée par la reprise, même partielle de certaines de ses thématiques par une partie de l'extrême gauche.

C'est Faurisson en pleine lumière sur la scène du Zénith: le discours antisémite le plus ignoble qui ait jamais été tenu, celui des négationnistes, les délires sur les chambres à gaz, mystification ultime des Juifs, extermination fabulée par le Bourreau juif qui assoit sa domination en se faisant passer pour victime intouchable. Et des centaines d'antisémites bien français qui peuvent enfin l'applaudir, sans pour autant que le tout soit qualifié de meeting d'extrême droite, sans que quiconque manifeste devant la salle.

Pourquoi ? Parce que tout un chacun éprouve désormais un profond malaise à parler d' « extrême droite » quand cette extrême droite acclame un négationniste non pas , aux cris d' « A mort les Juifs » , mais de « Vive la Palestine », ce qui fut le cas au Zénith.

La boucle est bouclée: défendre les enfants massacrés de Gaza, c'est cracher sur les enfants gazés d'Auschwitz. Lutter contre le racisme c'est être antisémite. Et être antisémite c'est en soi être anti raciste. A tel point que d'aucuns présentèrent comme une provocation anti raciste le parrainage de la pauvre gosse de Dieudonné par Le Pen, l'ex para, l'homme dont les manifs se terminèrent parfois par le jet d'un Arabe à la Seine

Bien évidemment, à l'extrême gauche, les soutiens de Dieudonné ne sont plus légion, et quiconque viendra leur rappeler quelques épisodes peu glorieux , tels les tribunes de la liste Europalestine partagées avec Alain Soral et ce même Dieudonné, se verra immédiatement accuser de pratiquer l' « amalgame ».

Il n'y aurait donc aucune leçon à tirer, aucune analyse à faire de cette cohabitation qui a quand même duré quelques années entre ces hommes, Dieudonné ou Soral qui ont rejoint fort rapidement l'extrême droite et cette foule de militants qui sont restés à l'extrême gauche, rien à dire sur cette alliance objective prétendument motivée par une solidarité commune avec la Palestine ?

Qu'il soit clair aujourd'hui que la Palestine était le dernier souci de Dieudonné ou de Soral, que ceux ci n'aient fait que s'inspirer de leur Grands Anciens , à commencer par Goebbels, qui ordonnait à la presse allemande de publier des diatribes sur les crimes du sionisme à chaque grande vague de persécutions anti juives, n'autoriserait pour autant personne à s'interroger ? La Palestine est elle vraiment la préoccupation de tous ceux, qui à l'extrême gauche prétendent la défendre en traquant le « sionisme » partout ?

Pourquoi le militant français est-il spécifiquement indigné, parmi tous les massacres commis sur la planète, par ceux qui se déroulent en Palestine ? Cette question n'aurait évidemment pas de sens, si l'intérêt pour les questions internationales était également répandu quel que soit le pays dans les réseaux de l'extrême gauche française traditionnelle.

Mais un bref tour d'horizon montre qu'il n'en est rien: ainsi, il est toujours un peu étrange de voir les « antisionistes » français stigmatiser la passivité et la collaboration des Israéliens face à la politique de leur gouvernement, alors qu'il y a peu de pays ou les exactions impérialistes de l'armée et des politiciens suscitent autant d'indifférence qu'en France.

La guerre en Algérie qui a duré dans sa phase la plus intensive une bonne dizaine d'années a laissé la majeure partie de la population et de la gauche apathiques voire complices, à comparer avec la lutte menée par les Américains eux même contre la guerre au Vietnam.

Si la rue est descendue massivement (avec la bénédiction de Chirac) contre l'intervention américaine en Irak, il n'y a aucun pays engagé dans la guerre en Afghanistan ou la mobilisation anti guerre ait été aussi faible.

Et quand à la politique coloniale en Côte d'Ivoire, au Tchad, à Mayotte ou ailleurs dans les ou ex-colonies françaises, elle n'est combattue que par les ressortissants immigrés de ces pays , qui sont bien heureux si quelques vagues communiqués de soutien sont pondus en cas d'émeute massive ou de morts particulièrement nombreux et scandaleux par l'extrême gauche, la même qui suit jour après jour pour s'en indigner vertueusement, les bombardements au Liban ou à Gaza.

Il faut bien remarquer cette disproportion verbale, ce « deux poids deux mesures » justement qui fait que la Palestine fasse partie des poncifs de l'imaginaire gauchiste, quand tant d'autres guerres figurent le plus souvent à la rubrique brèves. Que le français militant soit tellement indigné contre l'impérialisme des autres et si peu sensible au sien laisse songeur. Qu'un Palestinien ou un Israélien fasse de l'antisionisme son principal cheval de bataille semble évident, mais un Français ?

Mais si l'on creuse un peu plus le discours « antisioniste », l'on s'aperçoit qu'il n'est pas seulement dans l'indifférence et l'ignorance de l'impérialisme français, mais aussi dans la négation de celui-ci.

Comme on l'a dit plus haut, dans l'imaginaire commun à un Alain Soral ou à un Jacques Richaud, le sionisme ne sévit pas qu'à Gaza, le sionisme est un impérialisme mondial. Et dans cette analyse, la France est victime et pas coupable: l'impérialisme américano-israélien domine le monde entier, notre gouvernement lui est vendu, l'Union Européenne n'est qu'un de ses instruments, mais la France, la vraie est une victime pas un bourreau.

Et ceux qui licencient à Gandrange sont ceux qui bombardent à Gaza.

Les capitalistes ? Non camarade, les sionistes.

Le sioniste , comme toutes les constructions idéologiques du type bouc émissaire est d'abord voué à absoudre celui qui le désigne de ses propres méfaits.

Pour nombre de gauchistes français, l’État d’Israël est une bénédiction, l'objet d'une haine qui serait le commun que l'on proposerait en partage à ceux qu'on a souvent trahis ou ignorés, les colonisés et leurs descendants.

Il y a peu d'espaces de lutte ou ne se posent pas , en fin de compte de douloureuses questions qu'il faudra bien résoudre un jour , sur les rapports entre la gauche et l'extrême gauche française et les minorités immigrées ou issues de l'immigration depuis des dizaines d'années.

Le passif est lourd: du silence après le 17 octobre 1961, aux grèves boudées voire réprimées par les centrales syndicales dans les usines des années 80, de ces foyers immigrés détruits par des buldozers communistes, au discours sécuritaire contre les « casseurs « , tenu du PC à la LCR.

La Palestine c'est ce terrain, ou tout ceci pourrait être tu, ou la douloureuse histoire française pourrait ne pas être abordée au nom de la désignation d'un ennemi commun, le sioniste.

Ou le militant communiste qui balance les jeunes immigrés à la police pendant les manifs du CPE peut l'oublier en défendant d'autres jeunes armés également de pierres, également arabes, mais à l'autre bout du monde.

Et pas étonnant, que le sioniste devienne dans le discours gauchiste, bien plus que le nationaliste israélien. Immense est la tentation d'aller plus loin, de ne pas seulement parler d’Israël pour ne pas parler d'autre chose, mais de faire d’Israël le responsable de ce qui s'est passé ici, de la colonisation française et de ses conséquences toujours vivantes.

Et c'est là ou forcément l' « antisionisme » français ne peut être qu'antisémite : là ou l’Israël dont on parle n'est plus cette terre du Moyen Orient et les hommes et les femmes qui l'habitent, mais l’Israël de l'extrême droite, cette entité occulte, cette conspiration qui contamine un corps sain.

L' « antisionisme » à l'extrême gauche s'est répandu comme une trainée de poudre après l'élection de Nicolas Sarkozy. L'élection avait indéniablement été gagnée sur un programme raciste, ouvertement anti étrangers, et depuis longtemps la violence des termes employés contre les jeunes issus de l'immigration n'avait été aussi franche et aussi claire. Et la participation massive de la population au vote ne donnait aucune échappatoire à l'analyse: une bonne partie du « peuple » français, une bonne partie même de ceux qui avaient voté « non » à l'Europe, et qui incarnaient l'espoir pour l'extrême gauche s'était clairement positionnée pour une droite réactionnaire et anti immigrés.

Reconnaître cette réalité, et l'effondrement de la gauche de la gauche c'était trop difficile, notamment pour les communistes, à qui le « non « de 2005 avait fait rêver d'un soutien populaire massif.

La désignation de Nicolas Sarkozy , comme un sioniste, les délires visant à expliquer sa victoire comme le résultat de manœuvres impérialistes ou même à plonger dans son arbre généalogique ont procuré un immense soulagement: le coupable c'est encore l'autre et toujours l'étranger et bien souvent le Juif, et surtout pas le « peuple » toujours trompé et toujours victime.

L'analyse permettait aussi de faire l'économie d'une auto critique, d'un questionnement profond sur ce qui fait que le prolétariat français soit aussi divisé, que les (quelques) émeutes de 2005 n'aient déclenché que la peur et la haine chez beaucoup de prolos de souche.

L' « antisionisme » est toujours le moyen commode de dissimuler cette terrible fracture. Si Sarkozy est un sioniste alors il n'y a plus de questions à poser.

Et c'est là ou l'on comprend mieux cette obsession mémorielle typiquement française, ce délire comparatif : dans d'autres pays, personne ou presque n'a besoin d'en revenir sans cesse à Auschwitz pour qualifier ce qui se passe à Gaza. Nul besoin pour dire l'horreur des camps de réfugiés de les comparer à des camps d'extermination. Nul besoin de répéter cette phrase symbolique « Les victimes d'hier sont les bourreaux d'aujourd'hui » , devenue elle aussi un lieu commun des discours « antisionistes » français sur la Palestine, qu'ils émanent de l'extrême gauche ou de la droite.

A qui s'applique cette phrase absurde ? Que dit elle au fond, prononcée dans un pays qui a envoyé tranquillement une partie de sa population dans les chambres à gaz, et qui a de plus gardé les mêmes préfets, qui, habitués aux meurtres massifs et à la passivité nationale, n'ont pas hésité vingt ans plus tard à exécuter des centaines d'Algériens en plein Paris, en une seule soirée ?

Si les victimes d'hier sont les bourreaux d'aujourd'hui, alors finalement valaient-elle la peine d'être défendues hier ? Ceux qui se sont tus , ou ont applaudi en ces petits matins de 1941 ou l'on raflait en toute publicité sont-ils finalement si coupables que ça, puisque les victimes se sont finalement avérées être des bourreaux ?

Si Israël, c'est « Isra-heil » comme le disait Dieudonné dans ce sketch que tant ont défendu, ou le costume dont il s'affuble n'évoque pas d'ailleurs en premier lieu le colon israélien, alors qui étaient les nazis ?

Et c'est là ou le poncif considéré comme banal et allant de soi se révèle pour ce qu'il est, la légitimation du négationnisme: car après tout si les victimes étaient les futurs bourreaux, ont elles jamais été des victimes ? Si Gaza c'est Auschwitz, alors Auschwitz était -il vraiment Auschwitz ? Les nazis ont-ils châtié des victimes ou des bourreaux , qui s'ils le sont aujourd'hui devaient bien l'être un peu hier.

Voilà pourquoi les comparaisons entre Gaza et Auschwitz, entre les meurtres de Tsahal et les pogroms sont essentielles à la rhétorique d'extrême droite, voilà pourquoi elles devraient être évitées comme la peste par tous les autres: parce qu'elles sont une légitimation voilée de l'antisémitisme, parce qu'elles disent que les pogroms n'étaient pas si injustes que cela, puisqu'elles visaient une population qui aujourd'hui exterminerait en masse.

L' « antisioniste » français balaiera bien sûr toute cette réflexion d'un trait de plume: comment , mais comment peut-on être à ce point préoccupé par l'antisémitisme, alors qu'il n'y a plus de pogroms, alors que « c'est bien le sionisme qui tue les enfants de Gaza ».

Est ce vraiment le « sionisme » qui tue à Gaza ? L’État d’Israël est il, dans sa réalité, l'enfant du sionisme ?

L’État libérien, dont l'élite était composée d'anciens esclaves afro américains alors que la masse de ses habitants quasi réduite en esclavage était née sur le sol africain, était il l'enfant du nationalisme noir américain ?

Bien sûr que non, et personne aujourd'hui n'irait dire que les descendants des afro américains qui vivent au Liberia sont tous des colons qui doivent quitter le pays. Et le mouvement de libération afro américain , et son rêve du retour à l'Afrique ne peut être tenu pour responsable de ce qui s'est passé au Liberia: les responsables, ceux qui ont utilisé le rêve de liberté de millions d'hommes et de femmes qui voulaient fuir la discrimination raciale et sociale, sont ceux là même qui ont créé cette discrimination, qui ont persécuté et esclavagisé pour leur intérêt économique: la bourgeoisie colonialiste , la même qui ensuite a permis la création d'un État fantôme; le Libéria pour voler une seconde fois l'Afrique en se servant des descendants des premiers esclaves.

L’État d’Israël et sa création relèvent bien de la même démarche, de cette persécution doublement profitable: l’État d’Israël est bien l'enfant de l'antisémitisme et du colonialisme européen. Les victimes d'hier , juives ou arabes, ou les deux, sont bien les victimes d'aujourd'hui que le capitalisme colonial jette les unes contre les autres pour son plus grand profit.

L’État d’Israël n'est pas plus au service de la nation juive, comprise comme l'ensemble des membres supposés de cette communauté, que le Liberia n'était au service de la nation noire dans son ensemble.

Dire cela ce n'est pas légitimer le sionisme ou le panafricanisme: ne serait ce que parce que cela démontre que les rêves nationaux des minorités opprimées, sans conscience de l'ennemi réel, le capitalisme, finissent bien souvent dans le cauchemar d’États réactionnaires, guerriers et oppresseurs.

Lutter contre l'antisémitisme aujourd'hui et maintenant, en France , ce n'est donc pas faire preuve d'une horrible indifférence envers ce qui se passe à Gaza. C'est bien au contraire s'attaquer à la source du problème, au cœur de l'idéologie du capitalisme néo colonial qui, au cours de sa maintenant très longue histoire a toujours été raciste ET antisémite, au moins pour une partie de ses élites.

La question, c'est bien qui jette les victimes les unes contre les autres depuis le 19ème siècle ? Qui fait mine alternativement de soutenir les uns pour mieux persécuter les autres ?

Et les « antisionistes » qui refusent d'aborder ces problèmes et tentent le jeu pervers de la culpabilisation au nom des enfants morts n'en sauvent aucun, bien au contraire et ne font que cracher sur leur mémoire: car c'est bien à cause de leur confusionnisme volontaire ou pas, que dans une grande salle de spectacle parisienne, un tortionnaire de l'Algérie Française, un raciste même pas caché dont la base a derrière elle des dizaines d'années de ratonnades plus ou moins assumées, un défenseur indéfectible de la colonisation , Jean Marie le Pen a pu en toute sérénité crier un « Vive la Palestine » .
 

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