★ Elisee Reclus (1830 - 1905) : citations
"Sinon votre sort à venir est horrible, car nous sommes dans un âge de science et de méthode et nos gouvernants, servis par l'armée des chimistes et des professeurs, vous préparent une organisation sociale dans laquelle tout sera réglé comme dans une usine, où la machine dirigera tout, même les hommes, où ceux-ci seront de simples rouages que l'on changera comme de vieux fer quand ils se mêleront de raisonner et de vouloir."
À mon frère le paysan (1899), Élisée Reclus, éd. Les Temps Nouveaux, 1899, p. 6
"L'homme est la nature prenant conscience d'elle-même."
"En prenant la situation agricole telle qu’elle est aujourd’hui, on peut affirmer que la terre produit assez pour tout le monde et que chacun peut manger à sa faim. Ce n’est pas le sol qui a jamais refusé la nourriture à l’homme ; c’est l’appropriation capitaliste des terres cultivables qui empêche l’homme de s’en servir."
L'homme & la terre (1908), Élisée Reclus.
"Nous n'acceptons pas de vérité promulguée : nous la faisons nôtre d'abord par l'étude et par la discussion et nous apprenons à rejeter l'erreur, fut-elle mille fois estampillée et patentée. Que de fois, en effet, le peuple ignorant a-t-il dû reconnaître que ses savants éducateurs n'avaient d'autre science à lui enseigner que celle de marcher paisiblement et joyeusement à l'abattoir, comme ce bœuf des fêtes que l'on couronne de guirlandes en papier doré."
"Jamais financier ne s'est dit : "C'est assez ! Je ne veux plus de millions !" Et même s'il avait la sagesse de modérer ses vœux, le milieu dans lequel il se trouve travaillerait pour lui : les capitaux continuent d'enfanter des revenus comme des mères Gigogne. Dès qu'un homme est nanti d'une autorité quelconque, il veut en user et sans contrôle ; il n'est geôlier qui ne tourne sa clé dans la serrure avec un sentiment glorieux de sa toute puissance, d'infime garde-champêtre qui ne surveille la propriété des maîtres avec une haine sans borne contre le maraudeur ; de misérable huissier qui n'éprouve un souverain mépris pour le pauvre diable auquel il fait sommation."
Évolution & Révolution, Élisée Reclus (1891).
"Qu'est le patriotisme, pris dans son sens vraiment populaire, sous-jacent à toute phraséologie? C'est l'amour exclusif de la patrie, sentiment qui se complique d'une haine correspondante contre les patries étrangères. [...] La patrie et son dérivé le patriotisme, sont une déplorable survivance, le produit d'un égoïsme agressif ne pouvant aboutir qu'à la destruction, à la ruine des œuvres humaines et à l'extermination des hommes."
La Revue mondiale: ancienne Revue des revues, Élisée Reclus, éd. La Revue mondiale, 1904, p. 169