★ Tout est à nous, rien n’est à eux
★ Tout est à nous, rien n’est à eux.
« Après le baratin des élections européennes, le jeu de dupes a été mis en lumière : les médias ont imposé un remake de la présidentielle soit un duel RN-LREM. Face à la crise sociale, le système en place nous impose dans une croyance quasi-mystique dans un bulletin de vote que ce dernier changerait tout. La bourgeoisie, sans ironie, nous indique que nous avons assisté à un sursaut démocratique, il n’y a eu que 50% d’abstention. Ouf ! La démocratie l’a échappée belle. Trente- quatre listes se sont donc partagé les 50 autres pour cent de votants. C’est dire que les grands vainqueurs, le RN et LREM, ne totalisent que 23 et 22% de 50% de votants. Et on ne compte ni les votes blancs ni les non-inscrits sur les listes électorales. Voilà la légitimité des uns et des autres. Nous continuerons à affirmer que les abstentionnistes s’intéressent pour une large partie d’entre eux à la politique mais qu’ils proposent une autre voie que le parlementarisme. Nous maintenons de même qu’il y a une grande différence dans l’attitude de ceux qui votent encore face à la lutte quotidienne et face aux urnes. La lutte électorale n’a jamais été qu’une lutte d’états-majors et non celle de la classe ouvrière. Que représente une lutte qui tient à l’entente ou à la mésentente de bonzes de partis plus préoccupés de leur propre survie que des gens qu’ils prétendent défendre ? La gauche, après avoir usé son « prestige » en étant au gouvernement, en est réduite à des scores électoraux minables, tant pour le PS que pour le PC. Le score du Parti Communiste, proche de celui du Parti animaliste, en dit long sur son agonie. Ils ont géré la crise, reconduit le capital sans le remettre en cause. La révolte ne passe pas par là, et certes il y a contradiction entre la colère des gilets jaunes par exemple et le conservatisme ambiant. La possibilité réelle de transformation ne passe pas par le changement des gestionnaires du système. Gauche et droite ont politiquement alterné ; maintenant un mélange hybride de ces deux tendances s’impose mais c’est toujours la même politique qui est suivie, c’est-à-dire une politique faite en faveur du patronat. Depuis des lustres, nous nous trouvons en position défensive. La colère que nous sentons un peu partout, sur les ronds-points, dans la rue, dans les entreprises ne peut plus être endiguée par les politiciens. L’alternative est simple : ou les gens continuent dans la voie électorale, et nous savons qu’aucun changement majeur n’en sortira, ou nous créons un rapport de force qui chassera le patronat, la bourgeoisie…
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Les élections européennes ont eu le mérite de faire voler en éclat le mythe de l’unité, chacun ramassant ses billes et jouant la carte du renforcement de sa propre boutique… jusqu’aux prochaines élections où pour ne pas disparaître certaines combinaisons électorales verront le jour. Tractations, combines, crocs en jambe, fake-news… c’est ça la politique politicienne.
Aujourd’hui, bon nombre de militants se trouvent désemparés et sans perspectives, orphelins de débouchés. Cependant tout attentisme de notre part nous rend complice de LREM car celui-ci sera mis à profit par la bourgeoisie pour augmenter la pression et aggraver notre exploitation : casse des retraites, casse des services publics… Le mirage de la gauche unie s’est écroulée comme un château de cartes mais gageons que pour sauver les meubles des recompositions verront le jour prochainement (Hamon et le PS, certains pans de LFI et du PC…). Les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes et la délégation de pouvoir est nocive : il n’y a pas de solution dans la remise de son sort entre les mains d’autrui et notamment de politiciens qui une fois élus ne pensent qu’à trahir sous couvert du réalisme économique. La semi-victoire de LREM va l’inciter à renforcer l’autoritarisme qu’elle affectionne pour tenter de surmonter la crise économique et sociale et prévenir ses conséquences politiques. Bien sûr, la restructuration capitaliste de l’appareil de production doit se poursuivre à un rythme constant. Il n’aura échappé à personne que la fermeture d’entreprises telle General-Electric sont intervenues au lendemain du résultat des élections. Les élections passent et les licenciements pointent leur groin immonde. La bourgeoisie va se donner les moyens de renforcer l’appareil d’État. Il a accentué cette mesure avec les gilets jaunes. Le gouvernement va tenter par tous les moyens de détourner l’attention des problèmes de tous les jours, comme le pouvoir d’achat et le chômage. Nous risquons de voir les médias nous faire du chantage à l’insécurité… Dans cette optique, il serait intéressant que ceux et celles qui se reconnaissent dans les idées anti-autoritaires et autogestionnaires (gestion directe) de débattre et trouver ensemble des solutions d’autant qu’il n’est pas impossible que le RN tente d’impulser une ligne « capital national », fer de lance de la collaboration de classe.
Il faut s’attendre à ce que la bourgeoisie LREM cherche à exploiter sa non-déroute électorale transformée en succès. Le meilleur moyen de contrecarrer l’offensive de la classe capitaliste, c’est de passer du stade purement revendicatif au stade de luttes présageant l’avenir dans le cadre de la définition d’un projet global de société libertaire. »
Patoche (GLJD)
- SOURCE : Groupe Libertaire Jules-Durand