★ Louise Michel, dite Enjolras (1830-1905)

Publié le par Socialisme libertaire

Louise Michel


« Louise Michel naît au château de Vroncourt le 29 mai 1830 d'un châtelain, Charles, Étienne Demahis (plus vraisemblablement de son fils) et de sa jeune servante Marianne Michel.

La petite Louise grandit au château auprès de sa mère et des châtelains qu'elle appelait grand-père et grand-mère (leur fils avait quitté la maison peu après sa naissance).

Dans ce milieu voltairien, du moins du côté paternel, Louise reçoit une éducation libérale et une bonne instruction. Elle montre un caractère enjoué, espiègle et surtout révèle très tôt un esprit altruiste peu commun. Elle soulage toutes les misères humaines qu'elle rencontre, distribue aux pauvres ce qu'elle possède, l'argent que lui remet son grand père... et celui qu'elle lui prend.

Après ses études à Chaumont, elle obtint le brevet de capacité qui lui permet d'exercer comme " sous-maîtresse ", nous dirions aujourd'hui institutrice. Mais elle se refuse à prêter serment à l'Empire et préfère ouvrir une école libre en Haute-Marne en janvier 1853.

Trois années plus tard, après avoir pratiqué un enseignement concret et inspiré de sentiments républicains -- non sans avoir subi quelques réprimandes des autorités -- Louise Michel s'installe à Paris.

Louise Michel est alors très active, écrivant et rimant (elle adresse quelques poèmes à Victor Hugo) collaborant aux journaux d'opposition, suivant des cours du soir, fréquentant les réunions publiques où elle rencontre Vallès, Varlin... et Théophile Ferré qu'elle aima passionnément.

Selon un rapport de police, Louise Michel " a commencé à prendre part au mouvement politique dès les premiers jours de l'année 1869 ". Son nom est cité dans La Marseillaise du 21 décembre 1869 comme étant celui de la secrétaire de la Société démocratique de moralisation ayant pour but d'aider les ouvrières à vivre de leur travail.

Mais on peut penser que Louise Michel, nature indépendante, n'attendit pas d'avoir trente-neuf ans pour agir.

Quoi qu'il en soit, l'année suivante, le 12 janvier, habillée en homme, un poignard caché sous ses habits, elle est au nombre des 100 000 ou 200 000 Parisiens et Parisiennes qui assistent aux funérailles du journaliste Victor Noir assassiné par Pierre Bonaparte.

Adhéra-t-elle à l'Internationale ? C'est ce qu'affirme, sans pouvoir apporter une précision de lieu et de date, un rapport de police de 1878.

En novembre 1870, elle est élue présidente du comité républicain de vigilance des citoyennes du XVIIIe arrondissement.

Le soir, elle fréquente les réunions, notamment le club de la Patrie en danger et le jour dirige une école où, dans Paris affamé, elle organise une cantine pour ses élèves.

Le 22 janvier 1871, quand Paris manifeste contre le gouvernement qu'il accuse d'inertie, puis d'esprit de capitulation, Louise Michel, en habit de garde national, fait le coup de feu place de l'Hôtel-de-Ville.

Le 18 mars, sa carabine sous son manteau, avec les membres actifs du Comité de Vigilance de Montmartre elle monte " à l'assaut des Buttes ".

Louise Michel se dépense alors sans compter et est tout à la fois propagandiste, garde au 61e bataillon, ambulancière et toujours préoccupée des problèmes d'instruction et d'éducation.

Elle anime le Club de la Révolution dont elle préside souvent les séances.

Elle préconise un enseignement vivant, des écoles professionnelles et des orphelinats laïques, toutes choses qui nous paraissent aller de soi aujourd'hui, mais qui étaient alors des nouveautés.

Pendant la Commune de Paris, elle est à Issy et à Clamart, combattant au premier rang ou ralliant les fuyards.

C'est à la barricade de la chaussée Clignancourt, avec quelques dizaines d'hommes de son bataillon, qu'elle tire ses derniers coups de feu.

Elle s'échappe, mais se livre ensuite pour libérer sa mère arrêtée à sa place.

Devant le 6e conseil de guerre, elle est condamnée, le 16 décembre 1871, à la déportation dans une enceinte fortifiée, au bagne.

Après 23 mois de détention en prison centrale, Louise Michel est embarquée le 24 août 1873, en Charnete Maritime, pour la Nouvelle-Calédonie.

Comme toujours, Louise Michel songe aux autres plus qu'à elle-même et refuse de bénéficier d'un autre régime que celui des hommes.

Toujours passionnée de pédagogie, elle cherche à instruire les Canaques et, contrairement à certains Communards qui s'associèrent à leur répression, elle applaudit à la révolte des Canaques qui se soulèvent contre le colonialisme français en 1878.

En 1879, elle obtint de s'installer à Nouméa et de reprendre son enseignement, d'abord auprès des enfants de bagnards, puis comme professeur de dessin et de musique dans les écoles de filles.

Le 9 novembre 1880, elle revient enfin à Paris avec les derniers communards déportés.

Elle y reçoit un accueil enthousiaste.

Après son retour en France, Louise Michel se réclame, et jusqu'à sa mort, du mouvement anarchiste, à cette époque non structuré, ce qui lui assure la possibilité d'être tout à fait elle même.

Louise Michel fut-elle d'ailleurs jamais autre chose qu'anarchiste ?

Si l'on souhaite fixer une date, disons qu'elle affirme en 1896 dans un article du Libertaire : " Je suis devenue anarchiste quand nous avons été envoyés en Calédonie ".

Militante infatigable, elle fit des centaines et sans doute des milliers de conférences en France, en Angleterre, en Belgique et en Hollande.

Suivie heure par heure, peut-on dire, par les services de police, Louise Michel subit plus d'une fois la répression et voici le tableau, incomplet sans doute, qu'il est possible de dresser, compte non tenu de sa condamnation au bagne :

9 janvier 1882 : Quinze jours de prison pour outrage aux agents lors de la manifestation anniversaire de la mort de Blanqui.

23 juin 1883 : Six années de réclusion pour avoir encouragé, en compagnie d’Émile Pouget, le pillage de plusieurs boulangeries lors d'une manifestation de chômeurs. Elle sera libérée le 14 janvier 1886 suite à l'intervention de Clemenceau.

12 août 1886 : Quatre mois de prison pour incitation au meurtre. Elle avait parlé en faveur des mineurs de Decazeville en grève jugés responsables de la mort de l'ingénieur Watrin. Elle sera libérée en novembre.

30 avril 1890 : Arrêtée, libérée au début de juin à la suite de deux ordonnances de non-lieu.

Plus que cette énumération de dates, ce qui frappe dans le caractère de Louise Michel, c'est son courage.

Je n'en veux pour preuve que cette apostrophe qu'elle adresse au président du 6e conseil de guerre, le 16 décembre 1871 :

" J'appartiens tout entière à la Révolution sociale [...] Ce que je réclame de vous qui vous affirmez Conseil de guerre, qui vous donnez comme mes juges, qui ne vous cachez pas comme la commission des grâces [...] c'est le champ de Satory, où sont déjà tombés nos frères. " Il faut me retrancher de la société ; on vous dit de le faire ; eh bien ! le commissaire de la République a raison. Puisqu'il semble que tout coeur qui bat pour la liberté n'a droit qu'à un peu de plomb, j'en réclame ma part, moi ! Si vous me laissez vivre, je ne cesserai de crier vengeance, et je dénoncerai à la vengeance de mes frères les assassins de la Commission des grâces ".

Louise Michel meurt à Marseille en janvier 1905 au cours d'une tournée de conférences.

Son corps est ramené à Paris et ses obsèques, de la gare de Lyon au cimetière de Levallois, furent suivies par une foule immense.

De nombreux orateurs y prennent la parole et, parmi eux, le Vénérable de la Loge « La Fraternité Universelle » (Grande Loge Symbolique Écossaise mixte et maintenue) où elle avait été initiée quelques mois auparavant.

Des emblèmes maçonniques sont déposés sur le cercueil... »
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★ Louise Michel, dite Enjolras (1830-1905)
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