★ 2017 : la grève des électeurs

Publié le par Socialisme libertaire

électoralisme

2017 : l’année du grand cirque électoral.

Tous les candidats à la présidentielle puis aux législatives vont nous bassiner en vantant leur marque de lessive électorale, celle qui lave plus blanc et qui résout tous les problèmes. A vrai dire, nous sommes dans le cirque électoral à longueur d’année quand on songe aux primaires et aux diverses élections en tous genres.

Cette fois, de la gauche à la droite en passant par Marine Le Pen, les abstentionnistes vont être courtisés ou vilipendés. S’abstenir pour les politiciens de gauche et de droite, c’est donner sa voix à l’extrême-droite. On ne comprend d’ailleurs toujours pas pourquoi cette voix tant sollicitée ne serait pas donnée à Poutou ou Artaud. Mais bon, il faut croire que ces derniers ne comptent pour rien si ce n’est pour leur jeu démocratique. S’abstenir pour Le Pen, c’est faire le jeu du statu quo de feu l’UMPS, bien mal nommée aujourd’hui LRPS, ou plutôt « ait l’air d’un con ». En gros, on fait toujours le jeu de l’autre, l’adversaire, quelle que soit sa couleur politique.

Malatesta indiquait déjà à la fin du XIXème siècle que le résultat d’un vote représentait l’état de l’opinion publique à un moment donné. Cette opinion pouvant évoluée rapidement ou non en fonction de l’actualité. Bref, l’abstentionniste se refuse à entrer dans les cases, les urnes et maintenant les votes électroniques de tous ceux qui aspirent au pouvoir et à obtenir du fric pour leur parti. D’où une concurrence acharnée où tous les coups bas sont permis, ces derniers étant la marque de fabrique de tous les prétendants au trône républicain ou à toute fonction élective.

Faire le jeu du F.N. ? La bonne blague ! Depuis 2002, ce parti d’extrême-droite augmente ses scores électoraux à chaque échéance où les électeurs sont conviés. Election après élection, le F.N. progresse et on ne voit pas en quoi les abstentionnistes sont responsables de cette montée. Par contre, les tenants du pouvoir qui concoctent des politiques de chômage de masse, de pouvoir d’achat en berne voire de misère, essaient de se dédouaner à bon compte en rejetant leur incurie sur le dos de ceux qui refusent de donner leur bénédiction pour se faire tondre.

Donner sa voix aux socialistes, c’est favoriser Madame Le Pen. L’extrême-droite a été mise en selle par Bérégovoy et Mitterrand pour emmerder la droite et la rendre inéligible. Et l’extrême-droite n’est jamais aussi puissante électoralement parlant que sous la gauche.

Voter pour la droite, c’est favoriser l’extrême-droite car la bande à Fillon court après elle et les gens finissent toujours par préférer l’original à la copie.

Alors oui, les libertaires appelleront encore à l’abstention en 2017. D’une part, la peur n’évite pas le danger, d’autre part, on nous a déjà fait le coup en 2002 où il aurait fallu voter Chirac en se pinçant le nez ! Résultat des courses, la droite qui est passée avec un score soviétique de 82% a eu les coudées franches pour nous faire avaler toutes leurs saloperies antisociales. Et dans la foulée, nous avons hérité d’un Sarkozy dont nous n’avons plus à brosser le portrait. Mais le coup des retraites, c’est lui alors qu’il n’avait pas été élu sur cette problématique ; de même qu’Hollande a fait passer la loi travail (El Khomeri) alors qu’il n’avait aucunement parlé dans sa campagne présidentielle de ce sujet.

On ne peut vraiment pas faire confiance aux politiciens.

Parallèlement, la concurrence est telle chez les aspirants au pouvoir que ces derniers multiplient les candidatures. Ils s’étripent entre eux et quand l’extrême-droite caracole en tête, on pointe du doigt les abstentionnistes. C’est ce qui s’est passé en 2002 où les multiples candidatures à gauche ont permis l’éviction de Jospin du second tour…A chacun ses responsabilités.

Les politiciens nous brandissent la menace de l’extrême-droite pour mieux faire passer leurs lois liberticides et leurs politiques d’austérité. Placer les copains, se partager les postes et les subsides afférents, voilà le contrat moral de nombre de coquins.

Les libertaires ne sont pas dupes de ces joutes électorales qui permettent au système de se maintenir et de perdurer. La démocratie, c’est l’hypocrisie, les mêmes élites au pouvoir, la même classe sociale qui domine.

Et puis cette démocratie électorale permet aux extrêmes droites européennes de parader, entrer dans toutes les instances tributaires d’un certain nombre de voix : Hongrie, Autriche, Belgique…Et même l’Allemagne qui devrait pourtant se méfier, elle qui a porté Hitler au pouvoir en 1933 par les urnes, en toute légalité sans coup d’état. Le parti nazi s’est bien installé dans le paysage politique dans un climat de crise économique et de misère. On pourrait ajouter la bêtise des communistes de l’époque qui obéissent le doigt sur la couture à Staline.

Non, les abstentionnistes ne sont pas responsables de la crise du capitalisme, ni de la montée des extrêmes-droites. C’est la politique menée par les gouvernements de droite comme de gauche, les instances comme le FMI qui nourrissent de leur impéritie les nationalismes et le vote brun. Permettre les licenciements, l’exploitation, l’exclusion, les guerres, la répression…, c’est permettre le maintien des privilèges pour une minorité et de perpétuer un système d’exploitation éhonté pour le plus grand nombre.

En 2017, électeur, fais la grève. La seule alternative que l’on peut apporter, c’est l’action directe contre le capital et l’Etat. Habituer les travailleurs à déléguer leur pouvoir à des bateleurs, les déshabituer à lutter par eux-mêmes et pour eux-mêmes contre les attaques frontales du patronat et des actionnaires, voilà qui fait vraiment le jeu de la droite extrême. Toutes ces causes sont sources d’oppression et d’aggravation de nos conditions d’existence au travail et dans notre vie personnelle. Sauf à infléchir et à proposer une alternative crédible, nous sommes condamnés à subir l’ordre ou plutôt le désordre des politiciens.

La sociale-démocratie est en faillite, le communisme d’Etat a aussi fait faillite. Il est temps que les libertaires reprennent l’initiative en conjuguant le « nous » collectif et le « je » du respect de l’individu, c’est-à-dire allier l’émancipation collective et individuelle.
 

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