ROSA LUXEMBURG : BIOGRAPHIE

Publié le par Socialisme libertaire

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Rosa Luxemburg (Varsovie 1906)

 

Nous ne sommes pas perdus et nous vaincrons si nous n’avons pas désappris d’apprendre.

Rosa Luxemburg

Rosa Luxemburg (1871-1919)  

« Rosa Luxemburg est née le 5 mars 1871 à Zamość, en Pologne à l’époque intégrée à l’Empire russe. Suite à un déménagement de la famille Luxemburg, elle grandit à Varsovie. Brillante élève, elle subit une triple discrimination pour accéder aux études supérieures : parce qu’elle est juive, parce qu’elle est une femme, et parce qu’elle est polonaise (et non russe).

Dès 1887, à l’âge de 16 ans, Rosa Luxemburg milite dans une organisation révolutionnaire clandestine issue du groupe socialiste marxiste « Prolétariat » qui avait été décimé par la répression tsariste. Cet engagement contribue en 1889 à son exil en Suisse, où elle s’inscrit à l’université de Zurich. Elle y obtiendra 8 ans plus tard un doctorat d’économie.

Très intégrée aux cercles révolutionnaires d’exilés actifs en Suisse, elle participe en 1893 à la création du SDKP (SocjalDemokracja Królestwa Polskiego, « Social-démocratie du royaume de Pologne »), parti socialiste internationaliste. Elle est la principale représentante du SDKP au sein des congrès socialistes internationaux, ainsi que sur le plan théorique.

Une fois ses études achevées et sa thèse publiée, elle quitte en 1898 la Suisse pour l’Allemagne et acquiert la nationalité allemande grâce à un mariage blanc. Militante du SPD, tout en restant à la direction du SDKP, elle est l’une des figures de son aile gauche. Elle s’oppose aux théories d’Eduard Bernstein qui propose de remplacer le capitalisme par le socialisme grâce à une série de réformes, plutôt que par une révolution. Rosa Luxemburg s’inspire de la méthode d’analyse de Karl Marx sans se contenter de répéter ses écrits. Elle examine attentivement le développement du capitalisme et des luttes de classe. Bernstein lui-même dira que ce qui a été écrit de meilleur contre lui est Réforme sociale ou révolution ?, l’ouvrage de Rosa Luxemburg publié en 1899.

En 1900, le SDKP étend son aire d’action en devenant le SDKPiL (Pologne et Lituanie). En 1905, une révolution se déclenche dans l’Empire russe. Malgré les dangers, Rosa Luxemburg se rend à Varsovie sous une fausse identité pour rejoindre les militants du SDKPiL qui participent à la révolution. Arrêtée et emprisonnée en mars 1906, elle est plus tard libérée et rejoint la Finlande, puis l’Allemagne.

Elle continue de se situer à l’aile gauche du SPD, défend l’opportunité de la grève de masse et dénonce la tiédeur de la direction du parti. Elle enseigne l’économie et l’histoire à l’école militante du SPD, et rédige des ouvrages théoriques comme L’Accumulation du capital.

Début août 1914 éclate la Première Guerre mondiale. Les députés du SPD votent les crédits de guerre, en contradiction avec les décisions des congrès du parti et de l’Internationale socialiste. Rosa Luxemburg anime dès 1914 la minorité pacifiste et internationaliste en Allemagne. Avec Karl Liebknecht, Léo Jogichès, Paul Levi et d’autres, elle constitue le groupe « Die Internationale » qui devient ensuite la « Ligue Spartacus ». Elle est emprisonnée pour antimilitarisme de février 1915 à février 1916, puis de juillet 1916 jusqu’à la fin de la guerre en novembre 1918.

Elle écrit depuis sa cellule le pamphlet La Crise de la social-démocratie, publié sous le pseudonyme Junius. En 1917 et 1918, elle commente pour la presse clandestine de la Ligue Spartacus la Révolution russe. Rosa Luxemburg est à la fois enthousiaste pour l’abolition du tsarisme et l’action des masses, et critique pour le gouvernement provisoire de mars à octobre 1917, puis par la suite critique des méthodes bolcheviques. Elle avait plus de dix ans auparavant critiqué les conceptions autoritaires de Lénine, et se trouve donc en 1918 en situation de comprendre et dénoncer le pouvoir léniniste comme « une dictature au sens bourgeois ». Elle préconise la liberté de la presse et les libres débats afin que les soviets (conseils ouvriers) puissent exprimer les aspirations et la créativité des travailleurs. Elle se prononce pour la démocratie révolutionnaire en Russie, et pour la révolution prolétarienne dans le reste de l’Europe afin de ne pas laisser la Russie isolée.

Libérée par la Révolution allemande de novembre 1918, qui renverse la monarchie, Rosa Luxemburg dirige le quotidien de la Ligue Spartacus : Die Rote Fahne (« Le drapeau rouge »). Les révolutionnaires socialistes, déjà exclus du SPD en 1917 pour pacifisme, créent en décembre 1918 le Parti Communiste d’Allemagne (KPD), qui poursuit l’action de la Ligue Spartacus.

A la suite de la répression du soulèvement de janvier 1919, Rosa Luxemburg est assassinée avec Karl Liebknecht le 15 janvier 1919.

Rosa Luxemburg, une pensée socialiste révolutionnaire 

Rosa Luxemburg : « L’énergie révolutionnaire la plus constante, alliée à l’humanité la plus bienveillante : cela seul est la vraie essence du socialisme. »

Rosa Luxemburg est une figure primordiale du socialisme révolutionnaire et démocratique (ou du « communisme », au sens réel du terme, avant la déformation léniniste). Elle a défendu toute sa vie un monde plus juste. Comme tout socialiste sérieux elle s’est opposée aux nationalismes et à leurs conséquences tragiques, comme la première guerre mondiale. Elle a défendu un humanisme égalitaire, contre l’exploitation et les injustices.

Assassinée pour n’avoir pas abdiquée ses convictions, elle reste – à part Marx – la principale théoricienne marxiste. »

 

ROSA LUXEMBURG : BIOGRAPHIE

(...) Et je suis là, seule, immobile, silencieuse, enveloppée, dans les épais draps noirs des ténèbres, de l’ennui, de la détention, de l’hiver et pourtant, mon cœur bat d’une joie intérieure inconnue, incompréhensible, comme si je marchais sur une prairie en fleurs, sous la lumière éclatante du soleil. Et dans le noir, je souris à la vie (…) Je crois que le secret de cette joie n’est autre que la vie elle-même ; si on sait bien la regarder, l’obscurité profonde de la nuit est belle et douce comme du velours ; et dans le crissement du sable humide, sous les pas lents et lourds de la sentinelle, chante aussi une petite chanson, la chanson de la vie – si seulement on sait l’entendre.

Rosa Luxemburg - Lettre de prison à Sophie Liebknecht, 24 décembre 1917.

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