★ Ecologie ou la course à l’échalote

Publié le par Socialisme libertaire

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Ecologie ou la course à l’échalote.  
 

« Les écologistes politiciens ne se sentent plus pisser depuis que Jadot a récolté 13,5% des voix aux élections européennes de mai 2019. Avec un taux d’abstention de 50%, ces militants opportunistes feraient bien de relativiser leur score et devenir un peu plus humbles. D’autant qu’ils ne contestent nullement l’économie de marché, de quoi nous troubler quant à leurs intentions. Pourtant sans reconversion et remise en cause économiques, on ne voit pas comment l’humain pourrait trouver une juste place dans la nature et inversement. Il ne suffit pas de parler de biodiversité, de protection animale, d’une bouffe bio, de réchauffement climatique… pour se défaire des lobbys, de la real-politique, mais aussi des faux-frères d’extrême-droite qui essaient de remettre en cause l’avortement et le droit des femmes à disposer de leur corps…

L’exploitation éhontée des ressources mondiales s’effectue pour qu’une minorité de privilégiés amassent des profits colossaux. Nous sommes bien dans une économie de marché qui favorise la classe capitaliste. Mais dénoncer cela ne suffit pas pour fonder un projet politique dit écologique. S’abstenir de parler de la paix, des fabrications et des ventes d’armes, de projet humain émancipateur, des rapports de domination, c’est passer à côté de l’essentiel. Si nous n’avons qu’une seule Terre, nous n’avons aussi qu’une seule vie. Et selon Élisée Reclus, géographe et anarchiste, la petite industrie, les artisans et les classes moyennes n’ont pas disparu, contrairement à la prévision marxiste et c’est l’éthique, la poursuite d’un idéal et l’évolution morale qui feront la différence pour tout changement en faveur des travailleurs. C’est sur ces concepts qu’il nous faut travailler car la majorité des gens n’aspire pas au changement de la société traditionnelle. Cette idée de Reclus, mise sur papier avant 1905, date de sa mort, est toujours d’actualité et n’a pas pris une ride, toutes choses égales par ailleurs :

« Certainement, en comparant la situation des pays civilisés en 1850 et en 1900, on voit tout de suite que l’échelle des fortunes s’est de beaucoup allongée par le haut ; l’écart entre les meurt-de-faim et les riches est immensément plus grand qu’autrefois ; les milliardaires ont remplacé les millionnaires, mais la classe intermédiaire ne s’est point atrophiée. Quelle que soit la source principale de ses revenus, professions libérales, fonctionnarisme, rentes de l’Etat, profits du commerce et de l’industrie, propriété foncière, bâtie ou non bâtie, enfin, qu’elle soit détentrice effective des titres de sociétés anonymes, la bourgeoisie – la petite et la haute bourgeoisie- n’a pas disparu. Tout au contraire, elle n’a fait que croître et prospérer depuis le milieu du dix-neuvième siècle. En attendant l’élaboration d’une théorie qui tienne compte de ces faits, il faut affirmer que les phénomènes sont plus complexes qu’on avait pu le croire en 1840, même en 1870. Le socialisme ne représente plus la lutte comme uniquement engagée autour d’avantages matériels car, en nombre de cas particuliers, on peut se demander si les individus ayant intérêt pécuniaire au maintien de la société traditionnelle, richards, rentiers, fonctionnaires et leur clientèle que n’a jamais intéressée question de dignité humaine, on peut se demander si cette bourgeoisie et ses domestiques ne forment pas la majorité. C’est la solution d’autres problèmes ardemment discutés, c’est la poursuite d’un idéal, c’est l’évolution morale qui fera pencher la balance vers le monde des travailleurs. » (Élisée Reclus -L’Homme et la Terre- Tome VI, p. 337-338, publié le 25 mars 1908, Librairie universelle-Paris)

A noter de même que pour Reclus, la condition du succès du socialisme véritable est d’associer justice sociale et liberté individuelle. Élisée Reclus n’a pas une vision statique et est parfaitement conscient des variations dans le temps des rapports de force, car ceux qui gouvernent et ont le pouvoir de l’argent adaptent toujours leurs stratégies et ont une faculté d’adaptation des plus pragmatiques. Ces stratégies diffèrent selon les Etats et les pratiques de pouvoir diffèrent selon les territoires où elles sont appliquées. La Terre et la liberté sont deux thèmes chers à Reclus ; on voit mal comment les écologistes électoralistes vont pouvoir articuler leur projet en dehors des balises du système en place. »

Patoche (GLJD)

 

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