★ C’est pas dans les urnes mais dans la rue que ça se passe
★ Éditorial de "Courant Alternatif" (N° 267 - février 2017),
mensuel de l'Organisation Communiste-Libertaire (OCL).
C’est pas dans les urnes mais dans la rue que ça se passe.
" En cette année 2017 comment ne pas penser à octobre 1917, quand la classe ouvrière russe porteuse d’espoir pour l’ensemble des travailleurs du monde, faisait vaciller le capitalisme. Il ne s’agit pas pour nous, communistes libertaires, de mythifier ce passé, mais de renouer avec un fil de notre histoire, de notre mémoire.
Un siècle plus tard, ce combat est encore le notre. Même si, à la violence de l’exploitation des travailleurs déshumanisés, aujourd’hui uberisés, s’ajoute le saccage et le pillage sans limites, de l’environnement et des ressources naturelles.
Selon les tensions, les moments, la bourgeoisie n’hésite pas, à user d’autoritarisme musclé. Pour nous intimider, nous bâillonner elle lâche ses polices qui mutilent les manifestants, où tuent des jeunes dans les quartiers, provoquant la colère des familles et des proches qui réclament vérité et justice et appellent à manifester en solidarité. La bourgeoisie tente de nous pacifier, nous enfermer dans ses « prêt à penser » : identitaires, nationalistes, laïques, français, gaulois, chrétiens, européens, selon les porte voix des boutiquiers politiques qui désirent nous enrôler. Elle espère nous lasser, à errer sans fin dans les couloirs de son labyrinthe sociétal, qui nous condamnerait à abandonner le combat. Lobotomisés, nous ne serions plus capables de pensées créatrices et émancipatrices. Ainsi, sans identité de classe, nous aurions les mêmes intérêts que les patrons qui nous licencient, détruisent nos droits sociaux, nos salaires, délocalisent ou menacent nos vies. Des « sans dents », incapables de vivre sans État, sans ses aides ou son soutien ; sans police pour nous sécuriser ; sans justice pour nous protéger, sans patron, sans armée, sans prison etc.
Habile et manipulatrice, la bourgeoisie nous façonne au quotidien, par ses média omniprésents. Les éditocrates appointés et avides occupent une grande place dans ces campagnes idéologiques hystériques, drapées d’humanitarisme. Parfois, ils deviennent producteurs des interludes électoraux et ils nous convient à de grandes mises en scène, où leurs champions de la démocratie s’affrontent dans des joutes télévisuelles. Vielle carne roublarde ou jeune poulain arriviste, l’Oscarisé(e) nous guidera avec fermeté ou bienveillance et sécurité dans cette jungle capitaliste.
Hypocrisie et cynisme d’une bourgeoisie aux aguets qui, une fois le rideau tombé, les clans s’allient ou se combattent, selon leurs intérêts, sur les cadavres des peuples ou de travailleurs plongés dans la misère. C’est elle qui, prépare le terrain des populismes d’extrême droite et leur déblaie les allées qui mènent au pouvoir.
Se réapproprier notre histoire c’est y puiser nos énergies et les remodeler pour les besoins de notre futur. Le prolétariat russe, avec les paysans et les soldats, dès 1905, nous a montré que communisme et anarchisme, n’était pas que chimère, mais un possible, réel et immédiat. Qu’on pouvait se débarrasser de nos exploiteurs et de leur complices, briser nos chaînes et nous libérer à tout jamais de nos geôliers. Bien sûr, en ce centenaire, certains se feront un plaisir de nous rabâcher que cette aventure révolutionnaire s’est mal finie, en amalgamant Staline, goulag et communisme. Ces mêmes, qui après 1989 nous annonçaient que l’histoire se finissait et qu’avec la chute du mur de Berlin enfin une ère de paix s’ouvrait - nous savons aujourd’hui ce qu’il en est de cette rhétorique. Ces mêmes, oublient de préciser les conséquences des agissements des bourgeoisies occidentales et de ses armées coalisées contre le peuple russe. En l’affamant, le persécutant, le saignant, elles ont permis aux Lénine, Trotski et autres, gorgés d’idéologie partidaire, de prendre le pouvoir par la force contre l’organisation autonome des travailleurs, les soviets. Faisant ainsi, le lit de Staline et de la bureaucratie, qui développera le capitalisme d’État russe. Un siècle plus tard, lors des révolutions arabes, ces mêmes impérialismes internationaux et locaux, ont kidnappé les aspirations de liberté des peuples, favorisant de nouvelles dictatures, ou semant le chaos pour défendre leurs intérêts économiques ou stratégiques.
La réponse à la barbarie capitaliste est d’oser nous aussi, non pas d’aller voter pour tel ou tel candidat, fût-il révolutionnaire, mais de nous unir autour de l’idéologie émancipatrice de classe qu’est le désir de communisme. Faire partager cette dynamique créatrice libertaire, dans le développement autonome de nos luttes tant sur nos lieux de travail que dans nos lieux de vie. Les résistances contre la loi travail, contre l’aéroport de NDDL, contre l’enfouissement des déchets à Bure, mais aussi de nombreuses grèves de salariés participent à cet espoir d’un futur meilleur. Ces luttes sont le remède à la désespérance individuelle qui nous étouffe. Un autre exemple nous vient des États Unis, où malgré la peur, plutôt que de s’en remettre aux démocrates, notamment après la défaite de Clinton ou Sanders, le peuple ose se rassembler, reprendre SA parole kidnappée, pendant la campagne électorale et descendre dans la rue, contre la politique réactionnaire du nouveau président.
C’est par nos luttes ici, contre la bourgeoisie et les patrons que nous montrerons notre solidarité avec d’autres prolétaires qui s’organisent et combattent eux aussi, au delà des frontières, des cultures etc... Certains diront que ce n’est là qu’utopies, rêves et souhaits de nouvelle année ! Nous rétorquerons qu’au contraire l’utopie réside dans l’absurdité de croire à un quelconque espoir d’un capitalisme à visage humain.
Plus que jamais, défendons l’idée qu’un autre monde solidaire et sans frontière est possible. "
Caen le 25 01 2017.
- SOURCE : Site OCL