★ Taoïsme et anarchisme : approches

Publié le par Socialisme libertaire

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" Le taoïsme, une philosophie libertaire :

« L'appel aux armes est de toutes les vertus, la plus basse ; les récompenses et les châtiments sont les modalités d'éducation les plus inférieures ; les rites et les lois les moyens de gouverner les plus méprisables » Tchouang-Tseu.
 
Selon Tchouang-Tseu, une des principales figures du taoïsme, l'homme ne peut être heureux que s'il ne vit que pour lui et non s'il se propose un but qui lui soit extérieur. La voie de libération individuelle est celle du non-agir, car l'homme est fondamentalement inutile. C'est son inutilité même qui permet à l'individu d'échapper à l'emprise de la société. Le rapprochement du taoïsme et de la tradition libertaire doit se comprendre comme prenant en compte la philosophie primitive taoïste à l'exclusion de sa décadence théiste plus tardive. D'autre part, le parallèle ne peut se faire qu'avec une vision de l'anarchie comme libération totale de l'individu. Ceci dit, on doit pouvoir reconnaître les nombreuses similitudes entre ce qu'on aurait bien du mal à appeler des doctrines.
 
Mais plus encore que dans ses principes, c'est dans sa pratique que le taoïsme s'apparente à l'action anarchiste. Tao signifie la voie, qui est avant tout une démarche d'affranchissement et de respect de la liberté de l'autre. Cette conception conduit au pacifisme et à la contestation de l'oppression social. L'attitude taoïste vis à vis de la nature est par exemple profondément libertaire. La relation avec la nature est celle du respect et de la non-domination. Le but du taoïste est d'œuvrer dans le sens de la nature pour créer le cadre matériel et social qui permette à chaque homme de réaliser le Tao : la libération de l'individu. Comment ne pas y voir un parallèle évident avec l'idéal et la pratique de l'anarchie qu'on gagnerait beaucoup à considérer également comme une voie, un cheminement, plutôt que comme le stade final de la lutte des classes ? Bertrand Russel ne s'y est pas trompé en mettant en exergue de son livre : "Le monde tel qui pourrait être - Socialisme, anarchisme et anarcho-syndicalisme", les paroles subversives de Lao Tseu : « Produire sans posséder, agir sans s'imposer, développer sans dominer » que Proudhon aurait pu aussi bien formuler.
 
Conciliables, similaires, l'idée anarchiste et le taoïsme sont pour leur malheur trop souvent défendus par des esprits sévères et étroits, incapables de réaliser la parenté qu'il peut exister entre elles. C'est aussi que le jargon libertaire et la parole taoïste sont assez différents. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Profondément ancrés dans le langage populaire de deux civilisations qui n'ont eu que de très rares contacts. Les deux styles ont toutefois ceci en commun qu'ils s'adressent à l'homme, dans son propre langage, se méfiant de celui des doctrinaires. Si la pensée taoïste peut paraître hermétique c'est aux yeux d'un occidental de ce siècle. Le fossé à première vue infranchissable entre taoïsme et anarchisme ne peut se franchir sans une capacité d'ouverture et d'adaptation étrangement absentes chez nos contemporains. L'impossible collision de deux faces d'une même idée n'empêche pas en tous cas l'acte de reconnaissance réciproque, le signe entendu que se font entre eux les ennemis de l'ordre social.
 
C'est jusque dans leurs destins que ces modes de pensée et de vie se recoupent vraiment. Imprégnant également leurs sociétés respectives, ils ont été pareillement déformés par leurs propagandistes et commentateurs qui ont voulu ériger en système ces philosophies anti-système. Ce qu'on ne peut appeler autrement qu'une trahison montre la faculté qu'on les hommes perdus hors des sentiers battus à retrouver la route du conformisme même s'il faut pour cela qu'il travestissent leurs errances. On connaît le sort qui fut fait à l'indomptable anarchie par les pseudos révoltés en manque de nouvelles églises. L'épreuve de l'histoire fait dans les deux cas la perte de l'idéal. De la même manière, le taoïsme primitif de Tchouang-Tseu et Lao-Tseu qui constituait une force de contestation sociale susceptible de s'opposer à la doctrine de Confucius, partisan de l'ordre étatique, a été trahie. Le taoïsme historique a dégénéré vers une reconnaissance de l'ordre établi faisant du non-agir l'acceptation du conformisme social. Cette soumission à la société du néo-taoïsme sera vivement combattue par le groupe des « sept sages de la forêt de bambou » qui s'en prendront également à la religion d'État : le confucianisme. La philosophie du Tao reste aujourd'hui encore entachée des apports ultérieurs de la décadence théiste qui l'abaissera à n'être plus qu'une religion, un amas de superstitions et de symboles idiots à l'usage de faux mystiques assoiffés d'exotisme et d'absolu faciles.
 
  • Taoïsme et anarchisme :
« Produire sans posséder, agir sans s’imposer, développer sans dominer. » Lao-tseu

Le Tao signifie la Voie, la Voie de l’affranchissement de l’individu par lui - même, en-dehors de tout système politique, religieux ou philosophique. Cette conception conduit au respect absolu de sa liberté et de la liberté de l’autre, dans la confiance absolue et respectueuse de la Nature. Dans la soumission consciente aux seules lois naturelles, l’homme ne peut être heureux que s’il ne vit que pour et par lui - même et non en fonction d’un but qui lui est extérieur ou des influences de toutes sortent qu’il peut subir. Cette voie de réalisation passe par le non agir. Le non agir ou encore non interventionnisme, permet d’échapper à l’emprise d’une société autoritaire, dirigiste, décidant une fois pour toutes les relations de l’individu avec son environnement naturel et humain et avec lui - même par toute une série de règles considérées comme immuables.
Pour l’anarchiste, ni dieu ni maître ! Cela ne signifie pas qu’il ignore qu’il existe une vie intérieure, qu’il en fasse fi de toute démarche de développement personnel. Il réfléchit, médite, compare. Comme il est dit joliment quelque part “ "Sculpter sa statue intérieure, dit encore Socrate, c'est vivre selon la Sagesse". ”. Il s‘enrichit constamment par l’étude et la réflexion et se constitue ainsi une Connaissance intime des êtres et des phénomènes par laquelle il s’affranchit peu à peu de toute forme de pouvoir.
Taoïsme et Anarchie encouragent une vision démocratique et scientifique des choses et des phénomènes qui les animent. Il s’agit d’observer et de comprendre sans chercher à ne rien imposer. Il est hors de question de vaincre et d’imposer. Ils en ont déduit une conception de la société basée sur l’observation de la Nature et de ses mécanismes régulateurs.
L’Univers est dans un état permanent de fluctuations. La Vie est un processus qui se développe sans cesse. Rien jamais n’y est constant. C’est une dynamique procédant de deux flux énergétiques contraires le Yin et le Yang dont la complémentarité assure l’harmonie et l’unité de la Nature, Nature auto-suffisante et dont l’existence se passe fort bien de toute idée d’un démiurge omnipotent et omniscient. Cette conception (…) s’appuie sur une écologie sociale insistant sur l’unicité dans la diversité et la croissance perpétuelle. (…)
Il ne peut pas y avoir de valeurs absolues hors des lois naturelles. La morale ordinaire est constituée de lois humaines non valides, à géométrie variable en fonction du lieu et du moment. (…) Taoïste et Anarchiste rejettent toute notion de péché originel. L’homme est par nature innocent de toute faute, possédant de naissance une prédisposition à la bonté. Ils recommandent et appliquent un art de vivre basé sur la simplicité, la spontanéité, la générosité, le détachement, le jeu créatif, l’absence de prétention, de volonté de pouvoir, d’avidité de richesses. "
 
 
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