★ ANTICLÉRICALISME : le devoir

Publié le par Socialisme libertaire

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« C'est un fait, depuis quelques décennies maintenant, le phénomène religieux, après avoir mis un genou en terre sous les coups de boutoirs du progrès technique et scientifique, de l'urbanisation, de l'instruction de masse, de la communication, de la mondialisation, de la société de consommation, du foot, du porno du samedi soir... est en train de reprendre sérieusement du poil de la bête.

Ayatollahs sataniques mettant des populations entières sous l'éteignoir et condamnant des écrivains à mort pour sacrilège ; hordes de barbus piquant, taillant et hachant menu, tout ce qui, hommes, femmes et enfants, passe à portée de leur délire ; légions d'étudiants en théologie s'essayant à interdire la musique et le chant des oiseaux ; commandos de blaireaux faisant feu de tout bois contre le droit à l'avortement et la contraception ; foules immenses électrifiées par l'allumé de la basilique Saint-Pierre ; prolifération de sectes en tous genres ; lobbying démoniaque des croisés d'un nouvel ordre moral aboutissant à la réécriture des manuels scolaires ; cascades de procès visant à censurer et à amener à s'autocensurer tout propos écrit, oral, artistique... qualifié de sacrilège ou de blasphématoire ; union "sacrée" de tous ces peine à jouir dès lors qu'il s'agit de mettre en esclavage la moitié féminine de l'humanité... les exemples permettant d'illustrer cette remontée en puissance et en nuisance des intégrismes religieux et sectaires sont innombrables.

Mais, comment en est-on arrivé là ? Et comment faire, si tant est que cela soit possible, pour se prémunir contre la vague obscurantiste qui est en train de déferler sur le monde ?

L'éternel humain et sa peur de la mort

Pendant longtemps on a pensé que seules des populations abruties de misère matérielle, soigneusement cantonnées dans l'enclos de l'analphabétisme et soumises au totalitarisme terroriste d'institutions religieuses exerçant le pouvoir politique, pouvaient croire aux âneries religieuses. À des fadaises du genre de celle de la création du monde en quelques jours via l'entremise d'un mystérieux créateur faisant mumuse avec de la terre et de l'eau. À des non sens comme la virginité de la mère de Jésus. À des billevesées comme la platitude de la terre, l'existence de l'âme, la vie après la mort... Et on s'est dit qu'avec le temps, en améliorant les conditions matérielles de l'existence des êtres humains, en leur permettant, via une instruction de masse, de s'ouvrir à la culture et de prendre connaissance des progrès de la science, en leur offrant un cadre politique de liberté, d'égalité et de citoyenneté... on finirait par parvenir à scier la branche sur laquelle était assis l'obscurantisme religieux.

Disons le tout net, depuis les encyclopédistes, les révolutionnaires de 89, l'école publique laïque, gratuite et obligatoire... du chemin a été parcouru qui permet de penser que la chose religieuse a effectivement du mal à prospérer en dehors de la misère, de l'abrutissement et de la sujétion.

De ce point de vue, ce n'est nullement un hasard si les ayatollahs iraniens, les étudiants en théologie afghans et pakistanais, les barbus massacreurs algériens... évoluent dans des pays où règne la précarité économique, politique et sociale. Et si l'engouement religieux et sectaire plonge, en occident, ses racines dans la misère qui se répand chaque jour un peu plus au rythme des inégalités sociales et dans le vide de sens d'une société de consommation réduisant l'individu à l'état d'estomac et de porte-feuille.

Mais est ce pour autant à dire après avoir abattu le capitalisme, la révolution sociale, dont il est clair qu'elle éradiquera la misère et fera fleurir la liberté et l'égalité entre les êtres humains, tordra une bonne fois pour toute le cou à l'infamie religieuse. Rien n'est moins sûr !

Rien n'est moins sur car la croyance religieuse ne plonge pas ses racines que dans la misère. Elle les plonge également dans cette peur panique de la mort qui ronge l'éternel humain et en fait une terre d'élection pour les marchands d'immortalité en tous genres.

De cela, il convient de bien avoir conscience. Non pour mettre au magasin des accessoires la nécessité d'un changement social radical, mais pour s'extraire de cette vision linéaire de l'histoire qui nous a amenés à déserter plus ou moins le combat d'idée et la lutte au couteau contre les croyances et les institutions religieuses au motif que désormais, après tout le chemin parcouru, elles ne pourraient plus jamais constituer une menace mortelle pour l'intelligence et la liberté.

Laissez le coq passer le seuil, vous le verrez bientôt sur le buffet...

Si la croyance religieuse, les institutions religieuses et les militants de la chose religieuse ont actuellement le vent en poupe, c'est à l'évidence parce que notre type de société (capitaliste, productiviste et de consommation) génère aujourd'hui davantage de misères et de non sens qu'hier. Mais c'est également parce que nous faisons preuve d'une tolérance coupable et d'une passivité étonnante à l'encontre d'un discours tout de bondieuseries, de niaiseries, de mensonges, de stupidités... d'actes et d'actions visant à imposer un rapport de force favorable aux croisés de l'ordre moral, et d'une stratégie de l'Église visant à censurer et à faire s'autocensurer tout propos écrit, oral, cinématographique, artistique... critiquant ou contestant la religion. Et c'est surtout, parce qu'inconsciemment ou consciemment, sous couvert d'innocuité de la peste religieuse ou de respect de la croyance religieuse et des conditions de son exercice, nous cautionnons le statut dérogatoire au droit commun qui a toujours été, mais qui est de plus en plus celui de l'Église.

Jadis, les militants anarchistes et laïques n'hésitaient pas à aller porter la contradiction dans les églises. Ils ne laissaient passer aucune occasion de dénoncer le discours tout de mensonges et d'âneries des marchands d'immortalité. Ils se moquaient allègrement de leurs allégations par rapport à la genèse du monde, la virginité de la mère de Jésus, la platitude de la terre, l'existence (récente) d'une âme chez les femmes, l'existence (plus ancienne) d'une âme chez les hommes,...

Assurément, nous n'aurions non seulement rien à perdre mais tout à gagner en renouant avec la tradition.

Dans le même ordre d'idée, si à chaque action de commando des fous de dieu visant à empêcher des femmes d'avorter avait lieu, en réponse, une occupation d'église ou l'empêchement d'un baptême... si des journées mondiales de la mécréance faisaient écho aux Journées mondiales de la jeunesse... nul doute que le respect que l'on doit aux imbéciles de la foi religieuse, dès lors qu'ils ne cherchent pas à imposer leur foi aux autres, ne s'exercerait plus (comme aujourd'hui) à sens unique.

Enfin, si à chaque fois que la curaille fait un procès à un livre, une affiche, un film... au motif qu'ils sont blasphématoires ou sacrilèges, nous lui faisions un procès au motif que ses églises, ses croix, ses livres, ses affiches, ses films... sont blasphématoires et sacrilèges par rapport à l'athéisme et pire encore à l'intelligence, nul doute que, ça calmerait les ardeurs de certains.

Au bout du compte, mais on l'aura aisément compris, notre intolérance à l'encontre de la chose religieuse ne vise à rien d'autre qu'à imposer une conception de la tolérance basée sur une égalité de statut et de traitement social entre croyants et mécréants.

Que les croyants aient des croix dans leurs églises, pas de problème pourvu qu'il n'y en ait pas dans les écoles et les hôpitaux publics, dans les tribunaux... Qu'ils aient leurs écoles, pas de problème, dès lors qu'ils respectent certaines règles et qu'ils ne demandent pas à la collectivité de les financer. Que l'école publique s'ouvre à des aumôneries, pas de problème dès lors que les cours de catéchisme dans les églises donneront régulièrement la parole aux athées. Que les églises fassent sonner leurs cloches pour un oui ou pour un nom, que les imams appellent à la prière... pas de problème pourvu que nous puissions nous aussi faire du bruit et informer nos concitoyens de l'inexistence de dieu et de la malfaisance des Églises. Que les chrétiens puissent baptiser leurs enfants, pas de problème, dès lors que les registres de baptême s'ouvriront aux demandes de débaptisation. Qu'ils puissent planter des croix un peu partout, pas de problème, dès lors que nous puissions ériger des monuments à la gloire de la raison. Que...

C'est incroyable que les croyants qui ne cessent de parler de respect et les républicains bourgeois qui ont toujours l'égalité des droits à la bouche n'aient jamais pensé que le respect et l'égalité, ça ne comportait pas plusieurs vitesses ! »

Groupe Bakounine (FA)

 

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