Entre Sayed Kashua l’arabe et Etgar Keret le juif, une correspondance par-delà l’exil
« Le Monde des livres » est heureux, et fier, de publier une correspondance littéraire qui est aussi un geste politique. A l’origine de ces lettres inédites, il y a un texte paru dans le journal de gauche israélien Haaretz le 4 juillet, peu avant le déclenchement de la guerre de Gaza. Ce jour-là, l’écrivain arabe Sayed Kashua, qui est un chroniqueur régulier du journal, annonce qu’il a décidé de quitter son pays, Israël, avec femme et enfants, pour s’installer et enseigner aux États-Unis. Lui, la star des lettres et du petit écran, qui a toujours écrit et vécu en hébreu, dit ne plus supporter l’atmosphère, la violence, la haine, et adresse un salut tendre, désespéré, à ses amis juifs. Parmi eux se trouve l’écrivain Etgar Keret, dont le dernier livre, comme ceux de Kashua, sont traduits en français aux Éditions de l’Olivier. De concert avec le directeur de cette maison, Olivier Cohen (qu’il en soit remercié), nous avons donc demandé à ces deux auteurs reconnus et emblématiques, dont Le Monde a toujours défendu les textes, d’entreprendre une correspondance par-delà l’exil.
Voici donc quatre lettres traduites de l’hébreu. On y retrouve d’abord le style propre à ces écrivains qui partagent un même humour, à la fois profond et mélancolique. On y entend aussi un souci partagé, celui de l’avenir, de la transmission, dont témoigne, chez l’un comme chez l’autre, l’attention prêtée aux enfants. On y relève encore un dernier trait commun : la volonté d’affronter le réel dans ses contradictions, de faire droit à la nuance. Ce qui a pour effet d’exaspérer les enragés de chaque camp, tous ceux qu’Etgar Keret, dans l’une de ses lettres, propose de rassembler au sein d’un même État qui s’appellerait « Y-comprennent-que-la-violence », et qui permettrait à Israël et à la Palestine de vivre enfin en paix.
Bien sûr, cette correspondance a peu de chance de troubler le brouhaha des fous furieux, le grand vacarme de la haine. Mais elle mettra sans doute un peu de baume au cœur des femmes et des hommes de bonne volonté, qui préfèrent se taire pour ne pas délirer, et garder le silence comme on garde l’espoir.
Jean Birnbaum
EXTRAITS :
- Urbana, Illinois (Etats-Unis), le 13 septembre 2014
“Salut Etgar,
Comment vas-tu, et comment vont Shira et Lev ?
Tu sais, ça me fait vraiment bizarre de t’écrire. Cette semaine, j’ai justement pensé à toi. J’ai parlé de toi à mes étudiants et à la fin je leur ai apporté une de tes nouvelles, « Qu’ils meurent » [parue dans Crise d’asthme, Actes Sud, 2002]. Ça nous a pris une heure et demie pour en lire la moitié en classe. Mes étudiants sont gentils, mais leur hébreu est carrément nul. Mais j’ai surtout pensé à toi pour une tout autre raison : l’hiver envoie ses premiers signaux. Enfin, il n’est pas encore arrivé, c’est juste le début de l’automne, mais il fait déjà froid comme en janvier à Jérusalem. On se gèle ici, au fin fond de l’Illinois, et presque tous ceux qui me croisent comprennent que je suis un nouveau venu et se croient obligés de me mettre en garde contre la cruauté de la saison froide. (…)
Et moi qui étais si heureux de partir, d’emmener ma famille loin de cet horrible endroit nommé Israël, de les éloigner de l’odeur de poudre et de sang, je me surprends parfois à être le plus malheureux de tous. Notre départ a été traumatisant. J’ai eu l’impression d’être un réfugié qui fuit pour sauver sa peau et, pourtant, la décision de quitter le pays sans tarder, je l’avais prise avant même le début de la guerre à Gaza. Le jour où l’adolescent palestinien a été brûlé à Jérusalem [le 4 juillet], j’ai compris que je ne pouvais plus laisser mes enfants sortir de la maison. Ce jour-là, j’ai appelé l’agence de voyage et je leur ai demandé de nous faire sortir du pays aussi rapidement que possible. Malheureusement, cela a pris quelques jours, et la guerre – une maudite guerre de plus [celle de Gaza, du 8 juillet au 26 août] – s’était déjà déclenchée. Le racisme, que je voyais prendre de l’essor depuis la fin 2000, avait atteint un niveau terrifiant. Je me suis senti vraiment persécuté. Tu comprends, je suis une sorte de star, au sommet de ma gloire, et, alors qu’un film de moi doit sortir en salles, alors qu’une nouvelle série est tournée pendant les premiers jours de la guerre, d’un seul coup, je deviens l’ennemi. D’un seul coup, n’importe quel journaliste se sent autorisé à déverser sa hargne sur moi ; d’un seul coup, même un assistant de production sorti de nulle part se sent autorisé à me dire : « Faut qu’on nique leur mère à tous, sans exception. » J’ai peur de mes voisins de palier, pourtant des gens de cœur, et de gauche, car j’ai surpris dans leurs yeux un regard que je ne leur connaissais pas. (…)”
- Tel-Aviv (Israël), le 14 septembre 2014
“Salut Sayed,
Ta lettre m’a fait très plaisir et sa lecture m’a attristé. Urbana, la petite ville où tu es, dans l’Illinois, figure-toi que je la connais assez bien. Il y a quelques années, quand Lev était encore au jardin d’enfants, on m’a invité à donner une conférence dans cette université et on y a été en famille. Aujourd’hui encore, Lev prétend que Rome et New York sont des villes fascinantes, mais que rien dans le monde ne vaut Urbana pour le club de bowling et les jeux vidéo, dont il garde un souvenir impérissable. Alors, le fait que tes enfants se soient facilement adaptés ne m’étonne pas (il va falloir surveiller les portions de pancakes et de donuts, sinon, ça risque de mal tourner). Et que tu ne trouves pas vraiment ta place là-bas, cela aussi je n’ai pas de mal à le comprendre. Tu m’as demandé une histoire qui finit bien, alors j’essaie ; la voici.
2015 a été une année historique au Moyen-Orient en raison d’une trouvaille épatante d’un écrivain arabe israélien en exil. Un soir, il était assis dans le jardin de sa maison d’Urbana et contemplait les champs de maïs qui s’étendaient à perte de vue. Quand il regardait cette étendue infinie, il ne pouvait s’empêcher de penser que la cause de tous les problèmes de son pays d’origine était qu’il n’y avait pas assez de place pour tout le monde. « Si seulement je pouvais emporter ces champs dans ma valise, songeait-il, les plier le plus possible pour les empaqueter et les emporter avec moi dans l’avion de retour en Israël. Une fois à la maison, je les sortirais, et hop ! D’un coup il y aurait de la terre pour tout le monde. » (…)”
- SOURCE : Le Monde - 08/10/2014
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"Nevé Shalom - Wahat as-Salam" - "Oasis de Paix" en hébreu et en arabe - un village établi conjointement par des Juifs et des Arabes palestiniens, tous citoyens d’Israël. L’activité principale du village est le travail éducatif pour la paix, l’égalité et la compréhension entre les deux peuples.