★ Contre le totalitarisme de la religion

Publié le par Socialisme libertaire

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« L'imposture religieuse est une vision globale… totalitaire du monde, celui des humains, comme l'univers en général. En effet, dés lors qu'elle pose le postulat de la création divine, rien du réel ne peut être compris sans la référence au dieu-créateur mais également rien du réel ne peut échapper à la volonté dudit démiurge. 

Ainsi, aucune religion, sauf à nier le postulat de la création divine et donc à se… saborder, ne peut faire ou même tolérer que l'on fasse une distinction entre réel et divin, matière et esprit (divin), humain et divin, profane et sacré, politique et religieux, pouvoir temporel et pouvoir religieux… car accepter une telle distinction c'est considérer qu'une partie, plus ou moins importante, du réel échappe à dieu (ou aux dieux) et qu'ainsi, en raison même de son autonomie, elle ne participe pas de la création divine et ne relève donc pas, in fine, de la volonté et donc de l'autorité divine.

C'est pourquoi, toutes les sectes religieuses ne se contentent pas d'édicter des règles cultuelles mais ont prétention, au nom de (leur) dieu, à régir tous les faits et gestes, l'habillement, l'alimentation, la sexualité… du troupeau et, au-delà, la conscience même des ouailles. 

Le postulat de la création divine interdit toute liberté de quelque créature que ce soit. Liberté et divinité sont irréductiblement antinomiques. L'ordre divin c'est le primat de la créature sur l'humain, de la fidélité sur la liberté, du troupeau soumis, indifférencié sur des individus, libres, égaux et fraternels…

En France, de récents événements viennent de montrer cette intention totalisatrice de la religion. En effet, à peine instituée par l'État, qui, rappelons-le, dans la logique de la démocratie bourgeoise, est le garant de la Constitution, laquelle affirme que la République française est… laïque, la représentation musulmane, reprenant l'argument du jurisconsulte théorisé par les chiites irakiens, considère qu'une loi publique et laïque contraire à une loi religieuse est… une mauvaise loi et qu'il convient donc de modifier ou d'abolir la première pour que la seconde puisse être pleinement appliquée. En la matière, il ne s'agit pas seulement d'un "détail", en l'occurrence celui de la photographie d'identité des femmes, mais bien de la totalité de la société, laquelle, avant d'être française, est musulmane, c'est-à-dire soumise à dieu, puisque dieu est le créateur de… toutes choses. Ainsi, les revendications d'une société de conformité religieuse, de soumission à la volonté divine se multiplient : aménagement des horaires ou de l'organisation des équipements sportifs publics mais aussi des hôpitaux pour que les femmes y soient désormais à l'abri de la "concupiscence" des hommes, école coranique au sein même de l'École publique, reconnaissance de la légalité des fêtes religieuses musulmanes comme des juridictions musulmanes, introduction de l'Arabe (la langue de… dieu) dans le cursus scolaire au même titre que le Français (langue des… mécréante-s ?), application de la loi coranique (voire de la charia ?) en matière de divorce et d'héritage…

Certain(e)s verront ou voient déjà dans ces revendications de simples atteintes à la laïcité. D'autres, un projet – un complot ? – intégriste tendant à… désintégrer l'unité de la République. Dans l'un et l'autre cas, le procès est-sera celui de l'Islam et de l'Islam seulement ou, plus exactement, dans la langue de bois, de l'Islam fondamentaliste, intégriste et non d'un certain autre Islam (le "vrai" ?!?) qui, lui, serait modéré, tolérant et…. républicain, démocrate, légaliste…

S'engager sur une telle voie, ce n'est voir que la partie visible de l'iceberg.

En effet, loin du tohu-bohu de ces revendications et des sifflets et huées réservés à Sarko, la secte vaticanesque et, plus généralement, toutes les autres sectes, qu'elles soient établies ou seulement en voie d'établissement -, comptent les coups et, plus ou moins discrètement, avancent leurs propres pions sur l'échiquier pour faire avancer leur… propre projet totalitaire.

C'est ainsi que, drapé de la légalité républicaine, de nombreux responsables vaticanesques laissent entendre que les revendications musulmanes sont… légitimes et qu'il convient donc de voir comment on peut concilier loi profane et loi religieuse, autrement dit… divine, pour permettra à chaque croyant(e) de pratiquer et vivre sa foi en conformité avec les commandements divins.

En France comme ailleurs, la poussée musulmane que l'on éclaire médiatiquement n'est qu'un symptôme, parmi d'autres, d'un mouvement de fond, général, celui du totalitarisme religieux qui, quel que soit sa particularité (catholique, protestante, juive, bouddhique, brahmanique, raelienne, scientologique…), cherche à instaurer le royaume de dieu non plus dans l'au-delà mais bien ici-bas, c'est-à-dire sur la société humaine, sur tou(te)s les individus. Qui tente d'établir la tyrannie de dieu, la théocratie.

L'imposture religieuse participe d'une idéologie. En tant que telle, et contrairement au dogme marxiste du déterminisme économique, elle jouit d'une autonomie certaine par rapport aux autres ordres (politique, économique…). C'est ainsi, par exemple, qu'on la voit de plus en plus ouvertement à l'œuvre aux États-Unis dont la politique, aussi bien intérieure qu'étrangère, ne peut plus être comprise sans la référence religieuse puisqu'elle n'est plus seulement au service des intérêts du capital yankee mais aussi, et de plus en plus fortement, de la cause évangéliste [C'est ainsi que l'armada états-unienne qui a envahit l'Irak a compris, dés le premier jour de l'attaque, un corps expéditionnaire important de… missionnaires].

Aux States, comme ailleurs, beaucoup s'imaginent que l'on peut impunément jouer avec le religieux, qu'on peut l'instrumentaliser sans risque. C'est oublier que, constamment dans l'Histoire - et de nos jours encore -, les ordres religieux n'ont pas hésité à se retourner contre leurs alliés politiques, économiques… lorsque la poursuite de leur but imposait qu'il en soit ainsi. C'est oublier que, aux States mêmes, les intérêts religieux et économiques sont loin d'être toujours convergents et que, par exemple, la libéralisation de la société, en particulier en ce qui concerne les mœurs, qu'exigent les entreprises pour accroître leurs ventes et donc leurs profits, va totalement à l'encontre de la moralisation, de l'austérisation, de la puritanisation de cette même société méthodiquement orchestrées par les sectes évangélistes.

Entre les religions les différences ne sont que de forme. Pas de fond. Il n'y a pas de bonnes et de mauvaises religions. Le choix n'est pas entre la peste et le choléra mais entre la maladie  et la santé. L'humain ou le divin. La liberté, l'égalité et la fraternité ou l'esclavage, le troupeau. L'imposture religieuse est… universelle quelles que soient ses déclinaisons folkloriques et, notamment, cultuelles. Elle participe d'une même vision totalitaire du monde. Imaginer (croire !) le contraire n'est pas seulement une erreur, une faute mais un… crime. Un crime contre l'humanité dans la mesure où le projet religieux est humanicide : il est l'instauration de l'ordre divin au prix de l'anéantissement de l'humain.

Se focaliser sur les seules ingérences musulmanes serait donc fermer les yeux sur celles conduites, avec plus de discrétion et, sinon d'intelligence, du moins de ruse, par les autres sectes. L'islam ne doit pas être ce miroir aux alouettes, ce moulin donquichottesque qui accaparerait notre vigilance pour l'endormir à l'égard des assauts menés par d'autres. Aujourd'hui comme hier, le combat humaniste est le même : la lutte contre l'imposture religieuse en général, la lutte contre toutes les religions de telle sorte que, les dieux déchus du piédestal de l'aliénation du troupeau, l'humanité puisse enfin naître à elle-même. L'avènement de l'humain ne se fera que par l'anéantissement de l'imposture religieuse. »
 

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