★ Démocrature... ou démocratie directe ?
La « démocratie » japonaise a imposé le nucléaire « civil », dont les retombées radioactives rappellent celles du nucléaire « militaire » de la « démocratie » yankee. Les « démocraties » occidentales accompagnent les peuples arabes, en rébellion contre leurs oppresseurs, vers la « démocratie » représentative, gage d'un capitalisme raisonné et durable. Pourtant, quand le temps est à la révolte et aux rêves d'émancipation, resurgit la démocratie directe, pratiquée par les peuples originels et chère aux anarchistes.
Ne suivez pas le guide...
Combien faut-il d'électeurs pour changer une ampoule électrique ? Aucun : les électeurs ne peuvent rien changer. Le rôle des « politiques » est de nous empêcher de faire de la politique, en nous faisant croire que nous sommes incapables de prendre nos affaires en mains. Cette « élite » sait, mieux que les autres, le chemin à suivre vers les lendemains qui chantent. Bien sûr, pour nous « gouverner », ils doivent disposer d'un appareil administratif et d'un État, dont les fonctions régaliennes (armée, police, justice) leur permettent de surveiller et mater les « classes dangereuses ». Les isoloirs et les urnes ne sont qu'un décor en trompe-l'œil agrémentant les choix des « décideurs ».
Mais alors, espérant voir se lever une aube nouvelle, suivrons-nous, tels des moutons suivant le Bon Berger, la faible lueur de guides éclairés auto-proclamés ? Comment choisir parmi tous ces fils du Prophète : léninistes, maoïstes, trotskistes... ? Il est symptomatique de remarquer que leur nom même fortifie une vision de l'Histoire basée sur le culte des « grands hommes ». Sanglés dans les certitudes du « socialisme scientifique » leurs pratiques d'hommes de pouvoir ont propagé des modes d'organisation tels les structures de parti, les purges, les hiérarchies bureaucratiques...
Disperser le pouvoir... à tous vents
« Dans une société anarchiste, l'harmonie est obtenue, non par la soumission à la loi ou par l'obéissance à une autorité quelle qu'elle soit, mais par les ententes librement consenties entre les divers groupes, territoriaux et professionnels, formés librement pour associer la production et la consommation ». Ceux qui se retrouvent dans cette proposition de Pierre Kropotkine, contrairement aux groupes marxistes, ont des noms liés à leurs pratiques et principes organisationnels : anarcho-communistes, anarcho-syndicalistes, coopérativistes... Les moyens utilisés pour aller vers une autre société sont essentiels, le chemin est aussi important que le but. On ne peut obtenir la liberté par des pratiques autoritaires, l'anarchisme que l'on souhaite doit d'incarner dans les actions actuelles.
Il est possible dès maintenant de réaliser, dans divers domaines, des alternatives en actes qui subvertissent et fragilisent les structures de domination.
Divers mouvements sociaux radicaux retrouvent spontanément certains principes anarchistes, autogestion, entraide, démocratie directe... Ainsi la Commune d'Oaxaca (1) (2006) rappelle la Commune de Paris (1871). Raúl Zibechi, journaliste uruguayen, constate que les révolutionnaires au Mexique, en Argentine, en Bolivie... parlent de moins en moins de prendre le pouvoir (2). En particulier, il montre qu'une réflexion sur les processus de décision conduit à pratiquer, là où c'est possible, la recherche du consensus. Un groupe, d'accord sur quelques grands principes, échange collectivement sur les propositions concrètes, les affinant, les modifiant, afin qu'elles soit acceptées par tous. Ceux qui ne s'y retrouvent pas peuvent, soit ne pas faire obstacle, soit bloquer s'ils peuvent justifier d'une contradiction avec les principes de base.
Pour une anthropologie anarchiste
David Graeber, un anthropologue américain qui a notamment vécu à Madagascar auprès de communautés merinas, explique (3) que les propositions anarchistes renvoient à des comportements de nombre de peuples originels.
Avant lui Al Brown, théoricien de l'anthropologie sociale britannique, influencé par Kropotkine, avait fait de nombreux séjours auprès des Aborigènes d'Australie, constatant que les espèces animales et les groupes humains qui prospèrent le mieux sont ceux qui coopèrent le plus efficacement.
Marcel Mauss, « père » de l'anthropologie française, avait démontré que les sociétés sans État et sans marché le sont par choix. Rejetant les principes économiques que l'on nous présente comme inéluctables, les contrats entre individus sont basés sur le don et un engagement envers les besoins de l'autre. Il en concluait que le socialisme ne pourrait jamais être créé par décret de l'État, mais qu'il était possible de préfigurer dès maintenant une société future basée sur l'entraide et l'auto-organisation.
Pierre Clastres, plaçant ses travaux anthropologiques dans le sillage du Discours de la servitude volontaire d'Étienne de La Boétie, s'est vivement opposé aux perspectives évolutionnistes dominantes qui présentent l'État comme une forme d'organisation plus complexe que ce qui l'a précédé. Il a exposé (4) que, dans les sociétés égalitaires, de multiples mécanismes « anti-pouvoir » s'opposent à l'apparition, littéralement effrayante, de toute forme de domination politique et/ou économique. Les institutions s'appuient sur des formes de démocratie directe, de consensus et de médiation, accordant une grande importance à la créativité sociale.
Aujourd'hui les peuples Tzeltal, Tzotzil, Tojobal du Chiapas créent des enclaves libres qui peuvent servir d'exemples d'organisations autonomes, base d'une réorganisation généralisée de la société mexicaine en un réseau de groupes autogérés. La Commune d'Oaxaca a montré que ces principes peuvent aussi s'appliquer en zone urbaine ; l'État mexicain, craignant qu'elle ne serve de modèle, a réprimé férocement.
Des alternatives en actes au fédéralisme libertaire
Sur la planète il y a eu, il y a et il y aura de tels espaces préfigurant une autre société. Il ne faut pas s'étonner que les médias en occultent la réalité concrète, et parfois même l'existence. La résignation et la soumission face au capitalisme mondialisé reposent en partie sur l'absence visible d'alternatives. Les faire connaître, faciliter les échanges entre elles, permet d'encourager leur multiplication, même si le système dominant ne disparaîtra pas par enchantement.
Et si, à l'occasion de mouvements sociaux de grande ampleur, renaissait le syndicalisme révolutionnaire, permettant de les fédérer autour de Bourses du Travail réunissant producteurs et alternatives locales...
(1) - La Commune d'Oaxaca, Georges Lapierre, Rue des Cascades, 2008.
(2) - Disperser le pouvoir, les mouvements comme pouvoirs anti-étatiques, Raúl Zibechi, L'Esprit Frappeur, 2009.
(3) - Pour une anthropologie anarchiste, David Graeber, LUX, 2006.
(4) - La Société contre l'État, Pierre Clastres, Les Éditions de Minuit, 1974.
Creuse-Citron - Journal de la Creuse libertaire - mai-juin 2011
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