Sur les contradictions du marxisme

Publié le par Socialisme libertaire

Sur les contradictions du marxisme

Sur les contradictions du marxisme, 
Par Simone Weil (1934). 

" À mes yeux, ce ne sont pas les événements qui imposent une révision du marxisme, c’est la doctrine de Marx qui, en raison des lacunes et des incohérences qu’elle renferme, est et a toujours été très au-dessous du rôle qu’on a voulu lui faire jouer ; ce qui ne signifie pas qu’il ait été élaboré alors ou depuis quelque chose de mieux. Ce qui me fait exprimer un jugement si catégorique, et si propre à déplaire, c’est le souvenir de mon expérience propre. Quand, étant encore dans l’adolescence, j’ai lu pour la première fois le Capital, certaines lacunes, certaines contradictions de première importance m’ont tout de suite sauté aux yeux. Leur évidence même, à ce moment, m’a empêchée de faire confiance à mon propre jugement ; je me disais que tant de grands esprits, qui ont adhéré au marxisme, avaient dû apercevoir aussi ces incohérences, ces lacunes si claires ; qu’elles avaient donc certainement été les unes comblées, les autres résolues, dans d’autres ouvrages de doctrine marxiste. À combien d’esprits jeunes n’arrive-t-il pas ainsi d’étouffer, par défiance d’eux-mêmes, leurs doutes les mieux fondés ? Pour moi, dans les années qui suivirent, l’étude des textes marxistes, des partis marxistes ou soi-disant tels, et des événements eux-mêmes n’a pu que confirmer le jugement de mon adolescence. Ce n’est donc pas par comparaison avec les faits, c’est en elle-même que j’estime la doctrine marxiste défectueuse ; ou plutôt, je pense que l’ensemble des écrits rédigés par Marx, Engels et ceux qui les ont pris comme guides ne forme pas une doctrine.


Il y a contradiction, contradiction évidente, éclatante, entre la méthode d’analyse de Marx et ses conclusions. Ce n’est pas étonnant : il a élaboré les conclusions avant la méthode. La prétention du marxisme à être une science est dès lors assez plaisante. Marx est devenu révolutionnaire dans sa jeunesse, sous l’emprise de sentiments généreux ; son idéal de cette époque était d’ailleurs humain, clair, conscient, raisonné, autant et même bien plus que par la suite de sa vie. Plus tard, il a tenté « d’élaborer une méthode pour l’étude des sociétés humaines. Sa force d’esprit ne lui permettait pas de fabriquer une simple caricature de méthode ; il a vu ou du moins entrevu une méthode véritable. Tels sont les deux apports faits par lui dans l’histoire de la pensée : il a aperçu, dans sa jeunesse, une formule neuve de l’idéal social, et, dans son âge mûr, la formule neuve ou partiellement neuve d’une méthode dans l’interprétation de l’histoire. Il a ainsi fait doublement preuve de génie. Par malheur, répugnant, comme tous les caractères forts, à laisser subsister en lui deux hommes, le révolutionnaire et le savant, répugnant aussi à l’espèce d’hypocrisie qu’implique l’adhésion à un idéal non accompagné d’action, trop peu scrupuleux d’ailleurs à l’égard de sa propre pensée, il a tenu a faire de sa méthode un instrument pour prédire un avenir conforme a ses vœux. À cet effet, il lui a fallu donner un coup de pouce et à la méthode et à l’idéal, les déformer l’une et l’autre. Dans le relâchement de sa pensée qui a permis de telles déformations, il s’est laissé aller, lui, le non-conformiste, à une conformité inconsciente avec les superstitions les moins fondées de son époque, le culte de la production, le culte de la grande industrie, la croyance aveugle au progrès. Il a porté ainsi un tort grave, durable, peut-être irréparable, en tout cas difficile à réparer, à la fois à l’esprit scientifique et à l’esprit révolutionnaire. Je ne crois pas que le mouvement ouvrier redevienne dans notre pays quelque chose de vivant tant qu’il ne cherchera pas, je ne dis pas des doctrines, mais une source d’inspiration dans ce que Marx et les marxistes ont combattu et bien follement méprisé : dans Proudhon, dans les groupements ouvriers de 1848, dans la tradition syndicale, dans l’esprit anarchiste. Quant à une doctrine, l’avenir seul, au meilleur des cas, pourra peut-être en fournir une non le passé.

La conception que Marx se faisait des révolutions peut s’exprimer ainsi : une révolution se produit au moment où elle est déjà à peu près accomplie, c’est quand la structure d’une société a cessé de correspondre aux institutions que les institutions changent, et sont remplacées par d’autres qui reflètent la structure nouvelle. Notamment la partie de la société à qui la révolution donne le pouvoir est celle qui dès avant la révolution, quoique brimée par les institutions, jouait en fait le rôle le plus actif. D’une manière générale, le « matérialisme historique », si souvent mal compris, signifie que les institutions sont déterminées par le mécanisme effectif des rapports entre les hommes, lequel dépend lui-même de la forme que prennent à chaque moment les rapports entre l’homme et la nature, c’est-à-dire de la manière dont s’accomplit la production ; production des biens consommables, production des moyens de produire, et aussi - point important, bien que Marx le laisse dans l’ombre - production des moyens de combat. Les hommes ne sont pas des jouets impuissants du destin ; ce sont des êtres éminemment actifs ; mais leur activité ; est à chaque instant limitée par la structure de la société qu’ils constituent entre eux, et ne modifie à son tour cette structure que par contrecoup, une fois qu’elle a modifié les rapports entre eux et la nature. La structure sociale ne peut jamais être modifiée qu’indirectement.

D’autre part l’analyse du régime actuel, analyse qui se trouve éparse dans plusieurs œuvres de Marx, place la source de l’oppression cruelle que souffrent les travailleurs non dans les hommes, non dans les institutions, mais dans le mécanisme même des rapports sociaux. Si les ouvriers sont épuisés de fatigue et de privations, c’est parce qu’ils ne sont rien et que le développement des entreprises est tout. Ils ne sont rien parce que le rôle de la plupart d’entre eux, dans la production, est un rôle de simples rouages, et ils sont dégradés à ce rôle de rouages parce que le travail intellectuel s’est séparé du travail manuel, et parce que le développement du machinisme a enlevé à l’homme le privilège de l’habileté pour le faire passer à la matière inerte. Le développement de l’entreprise est tout, parce que l’aiguillon de la concurrence contraint sans cesse les entreprises à s’agrandir pour subsister ; ainsi « le rapport entre la consommation et la production est renverse », « la consommation n’est qu’un mal nécessaire » ; et si les ouvriers ne touchent pas la valeur de leur travail, ce fait résulte simplement du « renversement du rapport entre le sujet et l’objet » qui sacrifie l’homme à l’outillage inerte, qui fait de la production des moyens de production le but suprême.

Le rôle de l’État donne lieu à une analyse semblable. Si l’État est oppressif, si ta démocratie est un leurre, c’est parce que l’État est composé de trois corps permanents, se recrutant par cooptation, distincts du peuple, à savoir l’armée, la police et la bureaucratie. Les intérêts de ces trois corps sont distincts des intérêts de la population, et par suite leur sont opposés. Ainsi la « machine de l’État » est oppressive par sa nature même, ses rouages ne peuvent fonctionner sans broyer les citoyens ; aucune bonne volonté ne peut en faire un instrument du bien public ; on ne peut l’empêcher d’opprimer qu’en la brisant. Au reste et, sur ce point, l’analyse de Marx est moins serrée - l’oppression exercée par la machine de l’État se confond avec l’oppression exercée par la grande industrie ; cette machine se trouve automatiquement au service de la principale force sociale, à savoir le capital, autrement dit l’outillage des entreprises industrielles. Ceux qui sont sacrifiés au développement de l’outillage industriel, c’est-à-dire les prolétaires, sont aussi ceux qui sont exposés à toute la brutalité de l’État, et l’État les maintient par force esclaves des entreprises.

Que conclure ? La conclusion qui s’impose à l’esprit c’est que rien de tout cela ne peut être aboli par une révolution ; au contraire, tout cela doit avoir disparu avant qu’une révolution puisse se produire ; ou, si elle se produit auparavant, ce ne sera qu’une révolution apparente, qui laissera l’oppression intacte ou même l’aggravera. Cependant Marx concluait exactement le contraire ; il concluait que la société était mûre pour une révolution libératrice. N’oublions pas qu’il y a près de cent ans il croyait déjà une telle révolution imminente. Sur ce point en tout cas, les faits lui ont infligé un démenti éclatant, éclatant en Europe et en Amérique, plus éclatant encore en Russie. Mais le démenti des faits était à peine utile ; dans la doctrine même de Marx, la contradiction était si éclatante qu’on peut s’étonner que ni lui, ni ses amis, ni ses disciples n’en aient pris conscience. Comment les facteurs d’oppression, si étroitement liés au mécanisme même de la vie sociale, devaient-ils soudain disparaître ? Comment est-ce que, la grande industrie, les machines et l’avilissement du travail manuel étant donnés, les ouvriers pouvaient être autre chose que de simples rouages dans les usines ? Comment, s’ils continuaient à être de simples rouages, pouvaient-ils en même temps devenir la « classe dominante » ? Comment, la technique du combat, celle de la surveillance, celle de l’administration étant données, les fonctions militaires, policières, administratives pouvaient-elles cesser d’être des spécialités, des professions, et par suite l’apanage de « corps permanents, distincts de la population » ? Ou bien faut-il admettre une transformation de l’industrie, de la machine, de la technique du travail manuel, de la technique de l’administration, de la technique de la guerre ? Mais de telles transformations sont lentes, progressives ; elles ne sont pas l’effet d’une révolution.

À de telles questions, qui découlent immédiatement des analyses de Marx, on peut affirmer que ni Marx, ni Engels, ni leurs disciples, n’ont apporté la moindre réponse. Ils les ont passées sous silence. Sur un seul point Marx et Engels ont signalé une transition possible du régime dit capitaliste vers une société meilleure ; ils ont cru voir que le développement même de la concurrence devait amener automatiquement, et dans un court délai, la disparition de la concurrence et en même temps celle de la propriété capitaliste. Effectivement, la concentration des entreprises s’effectuait sous leurs yeux, comme elle s’effectue encore sous les nôtres. La concurrence étant ce qui, dans le régime capitaliste, fait du développement des entreprises un but, et des hommes, considérés soit comme producteurs, soit comme consommateurs, un simple moyen, ils pouvaient considérer la disparition de la concurrence comme équivalente à la disparition du régime. Mais leur raisonnement péchait en un point ; du fait que la concurrence, qui fait manger les petits par les gros, diminue peu à peu le nombre des concurrents, on ne peut conclure que ce nombre doive un jour se réduire à l’unité. De plus, Marx et Engels, dans leur analyse, omettaient un facteur ; ce facteur, c’est la guerre. Jamais les marxistes n’ont analysé le phénomène de la guerre ni ses rapports avec le régime ; car je n’appelle pas analyse la simple affirmation que l’avidité des capitalistes est la cause des guerres. Quelle lacune ! Et quel crédit accorder à une théorie qui se dit scientifique, et qui est capable d’une pareille omission ? Or comme la production industrielle est de nos jours, non seulement le principal moyen d’enrichissement, mais aussi le principal moyen de combat militaire, il en résulte qu’elle est soumise non seulement à la concurrence entre entreprises, mais a une autre concurrence, plus pressante encore et plus impérieuse : la concurrence entre nations. Cette concurrence-là, comment l’abolir ? Doit-elle, comme l’autre, s’abolir par l’élimination progressive des concurrents ? Faut-il attendre, pour pouvoir espérer le socialisme, le jour où le monde se trouvera soumis à la « grande paix allemande » ou à la « grande paix japonaise » ? Ce jour n’est pas proche, à supposer qu’il doive jamais venir ; et les partis qui se réclament du socialisme font tout pour l’éloigner.

Les problèmes que le marxisme n’a pas résolus n’ont pas non plus été résolus par les faits ; ils sont de plus en plus aigus. Bien que les ouvriers vivent mieux qu’au temps de Marx - du moins dans les pays de race blanche, car il en est autrement, hélas, aux colonies ; et même la Russie doit peut-être être exceptée - les obstacles qui s’opposent à la libération des travailleurs sont plus durs qu’alors. Le système Taylor et ceux qui lui ont succédé ont réduit les ouvriers bien plus encore qu’auparavant au rôle de simples rouages dans les usines ; à l’exception de quelques fonctions hautement qualifiées. Le travail manuel, dans la plupart des cas, est encore plus éloigné du travail de l’artisan, plus dénué d’intelligence et d’habileté, les machines sont encore plus oppressives. La course aux armements pousse plus impérieusement encore à sacrifier le peuple tout entier à la production industrielle. La machine de l’État se développe de jour en jour d’une manière plus monstrueuse, devient de jour en jour plus étrangère à l’ensemble de la population, plus aveugle, plus inhumaine. Un pays qui tenterait une révolution socialiste devrait très vite en arriver, pour se défendre contre les autres, à reproduire en les aggravant toutes les cruautés du régime qu’il aurait voulu abolir, sauf le cas où une révolution ferait tache d’huile, Sans doute peut-on espérer une pareille contagion, mais elle devrait être immédiate ou ne pas être, car une révolution dégénérée en tyrannie cesse d’être contagieuse ; et, entre autres obstacles, l’exaspération des nationalismes empêche qu’on puisse raisonnablement croire à l’extension immédiate d’une révolution dans plusieurs grands pays.

Ainsi la contradiction entre la méthode d’analyse élaborée par Marx et les espérances révolutionnaires qu’il a proclamées semble encore plus aiguë aujourd’hui qu’en son temps. Qu’en conclure ? Faut-il réviser le marxisme ? On ne révise pas ce qui n’existe pas, et il n’y a jamais eu de marxisme, mais plusieurs affirmations incompatibles, les unes fondées, les autres non ; par malheur, les mieux fondées sont les moins agréables. On nous demande encore si une telle révision doit être révolutionnaire. Mais qu’entend-on par révolutionnaire ? Ce mot souffre plusieurs interprétations. Être révolutionnaire, est-ce attendre, dans un avenir prochain, une bienheureuse catastrophe, un bouleversement qui réalise sur cette terre une partie des promesses de l’Évangile, et nous donne enfin une société où les derniers seront les premiers ? Si c’est cela, je ne suis pas révolutionnaire, car un tel avenir, qui d’ailleurs me comblerait, est à mes yeux sinon impossible, au moins tout a fait improbable ; et je ne crois pas que quelqu’un puisse aujourd’hui avoir des raisons solides, sérieuses, d’être révolutionnaire en ce sens.

Ou bien, être révolutionnaire, est-ce appeler par ses vœux et aider par ses actes tout ce qui peut, directement et indirectement, alléger ou soulever le poids qui écrase la masse des hommes, les chaînes qui avilissent le travail, refuser les mensonges au moyen desquels on veut déguiser ou excuser l’humiliation systématique du plus grand nombre ? Dans ce cas il s’agit d’un idéal, d’un jugement de valeur, d’une volonté, et non pas d’une interprétation de l’histoire humaine et du mécanisme social. L’esprit révolutionnaire, pris en ce sens, est aussi ancien que l’oppression elle-même et durera autant qu’elle, plus longtemps même, car, si elle disparaît, il devra subsister pour l’empêcher de reparaître ; il est éternel ; il n’a pas à subir de révision, mais il peut s’enrichir, s’aiguiser, et il doit être purifié de tous les apports étrangers qui peuvent venir le déguiser et l’altérer. Cet éternel esprit de révolte qui animait les plébéiens de Rome, qui enflammait presque simultanément, vers la fin du XIVe e siècle, les ouvriers de la laine à Florence, les paysans anglais, les artisans de Gand, qu’a-t-il à prendre, pour se l’assimiler, dans l’œuvre de Marx ? Il a à y prendre ce qui a été précisément presque oublié par ce qu’on nomme le marxisme : la glorification du travail productif, conçu comme l’activité suprême de l’homme ; l’affirmation que seule une société où l’acte du travail mettrait en jeu toutes les facultés de l’homme, où l’homme qui travaille serait au premier rang, réaliserait la plénitude de la grandeur humaine. On trouve chez Marx, dans les écrits de jeunesse, des lignes d’accent lyrique concernant le travail ; on en trouve aussi chez Proudhon ; on en trouve aussi chez des poètes, chez Goethe, chez Verhaeren. Cette poésie nouvelle, propre à notre temps, et qui en fait peut-être la principale grandeur, ne doit pas se perdre. Les opprimés doivent y trouver l’évocation de leur patrie à eux, qui est une espérance.

Mais par ailleurs le marxisme a gravement altéré cet esprit de révolte qui, au siècle dernier, brillait d’un éclat si pur dans notre pays. Il y a mêlé à la fois des oripeaux faussement scientifiques, une éloquence messianique, un déchaînement d’appétits qui l’ont défiguré. Rien ne permet d’affirmer aux ouvriers que la science est avec eux. La science, c’est pour eux, comme d’ailleurs pour tous aujourd’hui, cette puissance mystérieuse qui, en un siècle, a transformé la face du monde au moyen de la technique industrielle ; quand on leur dit que la science est avec eux, ils croient aussitôt posséder une source illimitée de puissance. Il n’en est rien. On ne trouve pas, chez les communistes, socialistes ou syndicalistes de telle ou telle nuance, une connaissance plus claire ou plus précise de notre société et de son mécanisme que chez les bourgeois, les conservateurs ou les fascistes. Quand même les organisations ouvrières posséderaient une supériorité dans la connaissance qu’elles ne possèdent aucunement, elles n’auraient pas de ce fait entre les mains les moyens d’action indispensables ; la science n’est rien, pratiquement, sans les ressources de la technique, et elle ne les donne pas, elle permet seulement d’en user. Il serait plus faux encore de soutenir que la science permet de prévoir un triomphe prochain de la cause ouvrière ; cela n’est pas, et on ne peut même pas croire de bonne foi qu’il en soit ainsi si l’on ne ferme pas obstinément les yeux. Rien ne permet non plus d’affirmer aux ouvriers qu’ils ont une mission, une « tâche historique », comme disait Marx, qu’il leur incombe de sauver l’univers. Il n’y a aucune raison de leur supposer une pareille mission plutôt qu’aux esclaves de l’antiquité ou aux serfs du moyen âge. Comme les esclaves, comme les serfs, ils sont malheureux, injustement malheureux ; il est bon qu’ils se défendent, il serait beau qu’ils se libèrent ; il n’y a rien à en dire de plus. Ces illusions qu’on leur prodigue, dans un langage qui mélange déplorablement les lieux communs de la religion à ceux de la science, leur sont funestes. Car elles leur font croire que les choses vont être faciles, qu’ils sont poussés par derrière par un dieu moderne qu’on nomme Progrès, qu’une providence moderne, qu’on nomme l’Histoire, fait pour eux le plus gros de l’effort. Enfin rien ne permet de leur promettre, au terme de leur effort de libération, les jouissances et le pouvoir. Une ironie facile a fait beaucoup de mal en discréditant l’idéalisme élevé, l’esprit presque ascétique des groupes socialistes du début du XIXe siècle ; elle n’a abouti qu’à abaisser la classe ouvrière… "

Simone Weil, 1934.

[Extrait de la brochure "Sur les contradictions du marxisme (recueil)", Simone Weil, Ravage Éditions, novembre 2015.]

 

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