★ Maudite soit la guerre et vive les mutins

Publié le par Socialisme libertaire

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" Maudite soit la guerre. C’est ce que l’on peut lire sur le monument aux morts de Gentioux (Creuse) devant lequel se rassemblent chaque année anarchistes, antimilitaristes, pacifistes et autres empêcheurs de massacrer en rond. Un autre 11 novembre est donc passé. Par définition il revient tous les ans ; ça fait un bail depuis 1918. Tellement longtemps qu’il n’y a désormais plus un seul survivant de cette guerre. Pardon, de cette « Grande Guerre ». Grande, elle l’a été assurément, par le nombre de nations impliquées, mais surtout par le nombre de victimes : huit millions de morts et des millions de mutilés et d’invalides.

Le dernier jour de cette boucherie mondiale, bien que sachant que l’armistice allait être signé, des généraux ordonnèrent quand même des actions militaires qui firent 11 000 tués et blessés. Parmi ces officiers jusqu’au-boutistes, le général Wright commandant la 89e division américaine entreprit de reprendre un village afin que ses hommes puissent y faire un brin de toilette. (Toujours être propre sur soi pour les grands événements). Résultat des courses : encore 300 tués à son palmarès. Qu’on se rassure, ces généraux commandant toutes ces opérations s’en sont sortis indemnes, eux. Il faut dire qu’à part Alexandre le Grand qui combattait en première ligne à la tête de ses troupes, les commandants d’armée ont tendance depuis l’Antiquité à rester à l’arrière et ont plutôt pris l’habitude de mourir dans leur lit. « Armons-nous et partez » est toujours de mise chez ces gens-là.

L’Histoire étant souvent parsemée de détails pour le moins saugrenus, on notera que le dernier « poilu » (mort en mars 2008) répondant au nom de Lazare Ponticelli, était, comme son nom le laisse deviner, un immigré qui obtint la nationalité française en… 1939. Quant à Louis de Cazenave, avant-dernier poilu décédé (en janvier 2008), que les autorités s’acharnaient à vouloir récompenser, ce qu’il avait vécu en 14-18 l’avait irrémédiablement transformé en pacifiste : « Les médailles ? Certains de mes camarades n’ont même pas eu le droit à une croix de bois ! »

Et il avait bougrement raison. Cette « Grande Guerre » n’avait rien d’un combat idéologique, mais plutôt d’un conflit d’intérêts, chacun des belligérants voulant redessiner les frontières en sa faveur. Comme le disait Carl von Clausewitz (ce stratège cher au cœur des situationnistes) : « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. » En conséquence de quoi l’Allemagne vaincue devra recéder l’Alsace-Lorraine à la France et se fera dépouiller de ses colonies en Afrique et dans le Pacifique, ainsi que de ses comptoirs en Chine. L’indemnité de guerre qu’elle devra payer est colossale (132 milliards de marks or) alors qu’elle est complètement ruinée. Le leitmotiv imbécile d’un Clemenceau : « L’Allemagne paiera » ne sera pas suivi d’effet, l’indemnité finalement versée sera « seulement » de 23 milliards de marks, mais provoquera chez les Allemands ressentiment et renforcement du sentiment nationaliste, causes en partie à l’origine du second conflit mondial vingt ans plus tard.

Parallèlement à ces tractations financières, la France, toute à sa flambée patriotique s’est lancée dans l’édification de quelque 30 000 monuments aux morts (pratiquement un par commune), et a instauré cette commémoration du 11-Novembre. Peut-être serait-il temps de changer cette date et d’en choisir une plus neutre, célébrant non pas une victoire mais une fin de guerre, englobant ainsi tous les pays « vainqueurs ou vaincus » engagés dans ce conflit.
Et puis dans la foulée il serait temps de célébrer aussi les mutins de 1917, qui refusant d’abandonner leur internationalisme et rejetant cette guerre impérialiste se réclamaient de cette devise, toujours d’actualité :

« Pas de guerre entre les peuples. Pas de paix entre les classes. » "

 

★ Maudite soit la guerre et vive les mutins
Monument aux morts de Gentioux d'inspiration pacifiste.

Monument aux morts de Gentioux d'inspiration pacifiste.

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