★ CERTAINS LIBERTAIRES ET L'ISLAMOPHOBIE

Publié le par Socialisme libertaire

LE CHEMIN DE DAMAS...

 

On désigne ainsi la route que le juif Saül, futur Saint-Paul, suivait pour se rendre à Damas et sur laquelle il fut converti à la suite d’un miracle : il vit le Christ !

L’expression « Trouver son chemin de Damas » signifie se convertir, s’amender, se corriger, se reprendre, se guérir de, se défaire de…

Juif rigoriste, chargé d’endoctriner les « Gentils », les païens, les « Goïm », les non chrétiens, SAUL se convertit au christianisme et poursuivit son travail de propagation religieuse, mais cette fois, non plus pour Jéhovah mais pour Jésus Christ. Il fut l’Apôtre des « Gentils ».

St Paul, appelé avant sa conversion du nom juif de Saül fut un prosélyte zélé et efficace de la religion chrétienne. Son influence, dispensant les « Gentils » de la circoncision et autres prescriptions judaïques dégagea la religion nouvelle du judéo-christianisme et la répandit dans le Monde méditerranéen.

Sa doctrine (paulinienne) est une mystique du Christ rédempteur de l’Humanité déchue.

L’Église est à la fois « le Corps visible et invisible du Christ ».

On peut imaginer qu’aujourd’hui, sur Le Chemin de Damas, si Saül eut rencontré Allah, nous serions tous mahométans…sans être surs d’être dispensés de circoncision.

Cette hypothèse s’appuie sur le fait que Mahomet voyageait aussi en Syrie (Damas) pour le compte de sa riche commerçante devenue sa première épouse. En outre Il eut aussi une révélation miraculeuse : Il eut la vision céleste de l’Archange Gabriel… Saül, lui, s’était trouvé nez à nez avec Dieu, devant le Christ, sur le « Chemin de Damas ». Mieux vaut avoir affaire à Dieu qu’à ses saints ou ses archanges. Donc « avantage St Paul.

Mais l’idée de se reprendre, de se guérir grâce à la découverte du « Chemin de Damas » ne concerne pas seulement les mystiques de tout poil, qu’ils le soient à mi temps ou à plein temps. Changer de dieu, de prophète ou de tout autre maître n’est pas « se guérir », se corriger, retrouver ses esprits. Avoir des visions a toujours été une porte de sortie du réel. Le visionnaire, le « Nabi » comme l’appellent hébreux et arabes est un rêveur, un songe-creux, un illuminé, un imaginatif, un allumé, un halluciné. Grand bien lui fasse sa vision. Nous avons tous nos rêves et nos créations imaginaires, mais nous ne jouons pas les gourous, petits commerçants faisant la réclame pour vendre nos rêves en les maquillant en réalités.

Ces prophètes ces envoyés de Dieu, ces missionnaires dont l’objectif est de rayer la pensée de notre cerveau au profit de la croyance, se protègent derrière leur armure sacrée de serviteurs du Surnaturel. Ils ont choisi de croire plutôt que de penser, de faire croire et non faire penser, ils ont choisi . Ils jouent sur du velours car chacun d’entre nous, même s’il en a la volonté, ne se débarrasse pas aisément du sacré. Ce sacré baigne, en effet, toute sa vie sociale et personnelle. Quant aux maîtres, aux chefs politiques et économiques, ils se frottent les mains. La culpabilité et le péché éternels, la vie au paradis après la mort ne stimulent pas la contestation. Prêcher la soumission à un dieu ou à un maître vaut son pesant d’or. Comme le dit Proudhon, « Islam, Résignez vous ».

ISLAM quand tu nous tiens …

A propos d’Islam, un « appel » (1) vient de paraître condamnant l’ « Islamophobie ». Il semble paradoxalement émaner de certains libertaires, ou se prétendant tels. Trois pages pour « condamner » un mot qui n’est jamais défini, sauf après une page et demi de cris de condamnation, pour dire : « L’islamophobie n’est pas un concept flottant…mais une politique de l’État post colonial… ». Affirmation déjà contestable : l’État, comme dit plus haut, a intérêt à s’appuyer sur les religions, tout en prétendant être « laïc ». Il les finance. En même temps, pour justifier ses carences à l’égard des populations les plus pauvres et cacher sa volonté de ne rien changer à l’injustice sociale, il pratique une politique de violence sécuritaire provoquant et excitant les désordres, s’acharnant sur les victimes de sa politique pour mieux faire oublier qu’il en est le seul responsable. Ces victimes, d’origines diverses, principalement étrangères de naissance ou par hérédité, sont issues pour le plus grand nombre des anciennes colonies d’Afrique et de tradition religieuse musulmane. Il est donc facile pour les États utilisant cette main d’œuvre la plus exploitée et la plus pauvre, de la stigmatiser et de justifier sa propre violence, en pratiquant l’amalgame avec les petits groupes terroriste musulmans. Cette attitude de l’État , mise en montre par les médias officiels, fait des émules parmi la partie la plus réactionnaire de la population.

Il est donc surprenant que, dans un article d’un hebdomadaire anarchiste bien connu, on retrouve le même genre de considérations déplacées sur les positions des anarchistes sur la religion mahométane et sur les populations qui la pratiquent. C’est justement parce que nous sommes athées, anti-théistes dirait Proudhon, que notre combat contre les religions est lié et n’a de sens que si parallèlement notre rôle est de privilégier ces populations dans nos efforts d’explications du réel, de démystification et de coopération aux luttes sociales qu’elles mènent.

Alors on s’étonne de lire dans ce journal que caricaturer une religion est « méprisant » et « raciste » (sic). De même dire que, les musulmans étant un milliard, on devrait feindre d’ignorer le comportement de quelques uns, quelque soit le bien fondé ou l’erreur de leur position, est incroyable. Il est vrai qu’un « canard » satirique condamne le blasphème au delà de un milliard et demi de musulmans et brandit « sa trique » sur la tête des affreux caricaturistes. De même, parler d’une « identité » permettant aux pauvres des pays ex colonisés de « relever la tête » grâce à l’affirmation de leur foi religieuse, est atterrant. Comme si l’identité d’un individu était d’être « le même », identique, simple élément impersonnel du troupeau communautaire. S’agenouiller sur un prie dieu ou à même le sol n’a jamais permis de « relever la tête ».

Mais tout ceci n’a rien à voir avec une soi disant « généralisation » d’un concept, « l’islamophobie », qui, comme le dit Salman Rushdie, également critiqué, n’existe pas. Quant aux trois pages de l’ « appel » et aux articles de presse, ils ressemblent à une simple logorrhée. Leurs auteurs accusent au hasard et sans explications, sans les citer ceux qu’ils traitent d’islamophobes. Les accusations pleuvent : dix fois celles de racisme, puis celles de connivences, de compromissions, de discours marginal, d’assignation des fils d’immigrés à l’Islam, à la réaction, celles d antisémitisme blasphématoire…

Enfin, la seule explication plausible à ce délire pourrait être d’ordre social et non religieux. Parmi les travailleurs victimes des mêmes injustices, se trouvent des « croyants » de toute obédience. Leur croyance fait partie de leur intimité, de leur vie personnelle. En tant qu’individu, en tant que personne privée, qu’il soit croyant ou non, chacun a droit au respect et à la défense de sa dignité. Mais sa religion, sa croyance n’a rien à faire dans le champ social, celui du combat contre les injustices, contre l’exploitation dont il est comme d’autres, victime.

On peut souhaiter que les auteurs de ces piètres libelles trouvent enfin « leur Chemin de Damas », qu’ils se guérissent de leurs élucubrations et réussissent à se débarrasser de leur phobie (2) paranoïaque de l’islamophobie.

 

Archibald Zurvan (pseudo de Jacques Bouché) 10 octobre 2012

 

(1) Appel des libertaires contre »l’islamophobie »

(2) Forme de névrose caractérisée par la crainte morbide de certaines idées. (Grand Robert). Cette maladie mentale est invoquée habituellement par les régimes totalitaires pour s’opposer à toute expression d’opinions dissidentes.

 

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Jacques était une figure intellectuelle anarchiste, auteur régulier sous son nom de plume "Archibald Zurvan" dans le journal Le Monde Libertaire ainsi que dans diverses publications, grand connaisseur de l’œuvre de Proudhon, sa route fut riche en rencontres, notamment au cours de ses émissions de radio Chronique hebdo, telle que celle de Pierre Bourdieu en 2001. Homme de grande culture attaché aux valeurs éthiques, il refusa jusqu’au bout la gangrène du pouvoir et son corollaire de manœuvres abjectes, également en milieu anarchiste.

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